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62

309.

LOUIS-PHILIPPE

(1773-1850) le futur Roi des Français. MANUSCRIT autographe, [août ? 1794] ; 7 pages et demie grand in-fol. (mouill.).

1 200/1 500 €

T

rès

intéressante

analyse

de

la

R

évolution

et

de

la

situation

de

la

F

rance

,

au

lendemain

du

9

thermidor

. Louis-Philippe, alors réfugié

en Suisse, cherche à convaincre les puissances de la coalition de cesser la guerre. Il analyse la situation de la France et expose son projet

politique pour la sauver. Nous ne pouvons donner qu’un bref aperçu de cet important mémoire qui semble

inédit

.

« Loin de périr par ses excès, la révolution françoise semble y puiser de nouvelles forçes »... Il sait que « «le retour de l’ancien régime en France

est impossible. La presque totalité de la nation l’a condamné ; elle a plus fait, elle l’a oublié » ; il ne pourrait être rétabli que dans le malaise, les

vengeances, « par des mains odieuses », et le remède serait pire que le mal : « la Vendée a fait les républicains, comme les premières émigrations

ont fait les jacobins ». La paix serait la meilleure solution pour les puissances coalisées. « Le gouvernement françois n’existe plus que dans le

comité de salut public [...] composé d’hommes adroits, audacieux et fortement unis par le crime et par la terreur », et c’est par la guerre seule

qu’il pourra continuer son autorité ; il n’acceptera donc pas la paix. La guerre est donc favorable aux Jacobins qui peuvent la faire durer encore

longtemps. Il faut réussir à renverser cette faction pour remplacer la frénésie sanguinaire par des principes modérés. Il faut se débarrasser

de ce comité usurpateur et tyrannique, de la Convention « fangeuse, bourelée de remords et de terreurs ». La France, où nulle famille n’a été

épargnée par la guerre ou la Terreur, est prête au retour de la Constitution de 1791. « Cette constitution fut faite par les délégués du peuple [...]

Elle fut l’enfant de la révolution [...] Elle rétablit sur le trône une famille anciennement chère aux françois et intéressante par ses malheurs. Elle

est fondée sur un système pacifique qui ne tarderoit pas à soulager le royaume de l’horrible guerre qui la dévore. Elle est un azyle de salut, de

sureté et de bonheur [...] Elle n’est pas sans défauts, mais elle porte dans son sein les moyens doux et faciles de les réformer »... La chute de

R

obespierre

« a privé la faction republicaine de son plus ferme appui, du seul homme qui eut une popularité ancienne et sans mélange ; elle a dû

effrayer tous les agitateurs ; elle a dû surtout détacher le peuple de toute espèce d’idole, sapper la confiance et préparer la ruine de tout chef

de faction. Or étouffés un seul instant les factions en France et le peuple se trouve naturellement reporté à la constitution de 1791 [...] qui est

la propriété commune de tous les françois »... Le duc d’Orléans expose alors son plan pour « renouer le fil législatif » au point où il a été rompu

par la violence le 10 août 1792. Il faudrait réunir les « membres des assemblées constituante et législative échappés à la hache des bourreaux »,

dont plusieurs se trouvent en Angleterre ou en Suisse. Cette « assemblée nationale » ainsi reformée protestera contre la violence qu’elle a subi,

renouvellera au nom de la Nation française « le serment de fidélité à la constitution » ; conférera « la régence à la forme de l’acte constitutionel

dont elle ne s’écartera en aucun cas » ; « chargera le régent de négocier la paix » ; « publiera une amnistie générale » ; « proclamera la liberté

publique et absolue des cultes, [...] l’abolition entière et gratuite de tous les droits féodaux »... L’Assemblée devra être mue par « un patriotisme

pur, éclairé », sans désir de vengeance, ne se livrant ni aux puissances étrangères, ni aux royalistes de Vendée. Ce retour devrait se faire par la

Savoie et le Dauphiné où les partisans sont nombreux ; les généraux de ces régions et leurs armées pourraient être gagnés à la cause, car « il ne

s’agit pas ici de trahir son pays [...] mais de sauver sa patrie, de remplir son devoir, d’être non pas un traitre, mais un libérateur »... Il faudra veiller

surtout à ne pas se couper de l’opinion publique : « Il s’agit moins d’une révolution qu’une explosion sentimentale qui par la rapidité de ses effets

peut surpasser celle qui reporta en quinze jours, Charles 2 sur le trône ensanglanté de son père »... Le futur Louis-Philippe conclut son analyse

en insistant sur le rôle de l’Autriche dont l’intérêt est d’appuyer ce projet...

On joint

une L.A. (minute) du général Anne-Pierre de M

ontesquiou

-F

ezensac

(1739-1798), alors compagnon d’exil de Louis-Philippe en

Suisse, au baron de T

hugut

, diplomate autrichien (3 pages et demie in-4). Sans en nommer l’auteur, Montesquiou présente ce « mémoire

sur l’etat actuel de la France et sur les moyens de mettre un terme a la puissance de ceux qui le gouvernent » comme venant d’« un

homme que j’estime, qui comme moi a eu sa part aux opérations raisonables de notre première révolution, qui comme moi etait fort

attaché au Roi et à la Royauté, qui comme moi gémit des crimes qui déshonorent le nom français ». Il défend avec chaleur ce projet qu’il

sait contraire « aux premiers motifs de la guerre actuelle », mais qui lui paraît le moyen le plus sûr de tirer l’Europe de la crise où elle est...

D

ocument

exceptionnel

,

du

plus grand

intérêt

historique

.

310.

Pierre LOUŸS

(1870-1925).

P

oème

autographe,

Chanson

, [1889] ; 2 pages in-4 à l’encre violette.

300/350 €

Chanson

composée de 3 sizains, à la suite d’un vers rayé :

« Si je pouvais, si je pouvais dire

À ses yeux pers qu’ils m’ont rendu fou »…

Sur un autre feuillet, deux quintils, dans la même tonalité.

311.

Pierre LOUŸS.

2 L.A.S. « Pierre », [1892-1894], à son demi-frère George L

ouis

; 4 pages in-8.

300/350 €

[Abbeville décembre 1892]

, pendant son service militaire : « Je pense comme toi qu’il vaut mieux suspendre un moment les démarches,

mais je ne crois pas qu’il faille les abandonner car je me fatigue beaucoup. Mais Noël est proche et j’aime mieux attendre d’avoir été

examiné par M. Landouzy. [...] je suis plus malade qu’on ne l’imagine. […] Je me sens extrêmement énervé et énervant, perpétuellement

sous la menace de punitions qui viendront un jour toutes ensemble. J’ai très peur de ne pas me tenir huit jours encore et c’est stupide.

J’ai tant envie de pouvoir partir. Tout le monde ici me traite de fou »...

[Paris début 1894],

disant sa joie d’avoir trouvé un appartement

1 rue Grétry

dont il

dessine

le plan et la localisation : « Enfin ! Après quatre

mois de recherches et quelque chose comme quatre-vingt-dix appartements visités en vain, j’ai trouvé exactement ce que je rêvais :

Dans une vieille, et solide maison empire, trois pièces au troisième avec beaucoup d’air et de lumière, des placards, trois mètres de

hauteur, tout parfait – 1500 frs c’est le seul ennui, mais comme c’est au centre de Paris j’économiserai bien six cent francs de voitures. [...]

C’est à deux pas de la Bibliothèque, à deux pas de mon éditeur, c’est vraiment commode. Je suis bien soulagé »...

312.

Pierre LOUŸS.

M

anuscrit

autographe,

Chiromancie

, 1896 ; 1 page et demie in-4 à l’encre bleue.

300/350 €

Curieux et amusant texte déclinant les prédictions établies le 27 février 1896 par M

me

Marthe, successeur de Desbarolles, quant à l’avenir du

poète. Elle constate d’abord qu’il fait de la littérature, qu’il est « trop bienveillant, trop confiant, pas assez poseur, pas assez affirmatif de lui-

même ». Suit un résumé des années importantes : « A 30 ans, discussion d’intérêts à la suite d’une mort ; et spécialement, discussion d’intérêts