Lot n° 160

George Sand. L.A. (signée d’un paraphe), Nohant 10 mai 1849, à Pauline viardot ; 4 pages in-8 à son petit chiffre gothique. belle lettre à son Amie chAnteuse, qui triomphe dAns ^ ^ meyerbeer, Au sujet du choix d'un piAno pour nohAnt. « Ma...

Estimation : 1500 / 2000
Adjudication : 2 750 €
Description
fille chérie, je crois que pleyel pourra parfaitement me fournir pour 7 à 800 f. un très bon pianino non pas tout neuf, mais presque neuf, parmi ceux qu'il loue et qui lui rentrent chaque jour. Il m'en a souvent loué à Nohant et à Paris de très bons, et au bout de deux ou trois mois de service, il les laissait pour 800, 700, 600 f. aux personnes qui les demandaient. J'en ai vendu un excellent à Majorque 600 f. avec son autorisation. S'il savait que c'est pour moi, il choisirait lui-même un bon instrument. Mais voilà justement ce que je ne veux pas qu'il sache. Vous pourriez tout arranger en lui disant que c'est un cadeau que vous voulez me faire, et pour vous, il choisirait bien, car il sait bien ce qu'il vend. Vous lui fixeriez votre maximum à 750 f., votre minimum à 700. Tâchez de faire ce choix tout de suite, ma mignonne, parce que voilà Duvernet qui arrive et qui va m'enlever celui que je lui ai vendu, or j'ai deux ou trois heures par jour où je suis comme une âme en peine, quand je ne peux pas faire de fausses notes ». Elle recommande à « ce pauvre bêtat de Loulou » (Louis Viardot, le mari de Pauline) de « sucer du camphre » pour ne pas attraper la cholérine : « Il n'y a que le camphre et Raspail est son prophète ». Elle s'inquiète aussi de savoir si sa rente a été vendue, dans la situation actuelle, avec les événements d'Italie et les discussions parlementaires. « Et pourtant, à propos d'événements politiques, je les prends tous au sérieux quand Maurice [son fils] est à Paris. J'ai toujours peur qu'en allant flâner où l'on se bouscule, car il est curieux comme un peintre, il n'attrape quelque horion, ou quelque stupide arrestation de mouchards. Je veux qu'il soit indépendant de moi, et pourtant je voudrais l'avoir toujours près de moi. Je ne sais comment arranger cela. Quand vous le voyez, conseillez-lui la prudence ». Puis elle évoque les succès de la cantatrice : « Le Prophète va-t-il toujours bien ? [.] Êtes-vous toujours contente ? Je ne vous demande pas si vous êtes toujours admirable. Dernièrement je rompais beaucoup de lances pour meyerbeer avec quelqu'un qui parlait avec tant d'assurance que je n'osais trop soutenir mon dire devant un si fort musicien. Voilà qu'il se met à chantonner un pont-neuf si mal, si faux, si à contre-mesure, si à contresens, que je n'ai pas pu m'empêcher de rire bien fort, et de lui dire : Ah mon bon ami, si tous les critiques sont de votre force, Le Prophète peut s'en moquer. - C'est comme cela que les trois quarts des amateurs sont compétens. Heureusement tous, ceux qui s'y connaissent comme ceux qui ne s'y connaissent pas, sont enthousiastes de vous. Ils voient que vous êtes superbe comme tragédienne, ils entendent que vous avez une voix divine. C'est toujours cela »... Correspondance, IX, 4211.
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