Lot n° 150

Marguerite Eymery, dite Rachilde (1860-1953) femme de lettres. manuscrit autographe signé, Alfred Vallette, Un peu de préhistoire (84-85), [1930] ; 13 pages in-8 sur papier jaune. Premier de ses Portraits d'hommes (Paris, éditions Mornay 1929,...

Estimation : 400 / 500
Adjudication : 625 €
Description
puis Mercure de France 1930), recueil de souvenirs dans lequel elle évoque ses amis proches et collaborateurs de sa jeunesse littéraire, qui s'ouvre par ces belles pages consacrées à son mari, le créateur et directeur du Mercure de France Alfred vAllette, où elle se souvient des réunions animées et bohèmes des années 1 884-1 885 : « En ce temps-là l'esprit de la littérature soufflait sur les bocks du cabaret de la Mère Clarisse, appelé familièrement ainsi par ses habitués. Un cabaret dit alsacien, où la bière de Strasbourg venait de Strasbourg même ! Petit coin de la rue Jacob, un peu sombre, tranquille[...] Se réunissaient là, autour de cinq ou six tables, des hommes faits pour s'entendre à mi-voix : Van Muyden, graveur de talent, qui esquissait les têtes de ses amis sur un album, malheureusement perdu, Charles Cros, Beauclair, Montaigu, le peintre Alfred Poussin, Paul Morisse, Albert Samain, Laurent Tailhade, Jean Moréas, Georges Lorin, Marsolleau, Paul Arène, Metcalff, Willam Vogt, Édouard Dubus, Louis Denise, Ratez, Raoul Dumon, Bonheur, l'ami et conseiller d'Albert Samain, Alfred Vallette ». Elle décrit ce dernier lors de ces réunions, dans son complet trop serré, son faux-col, les cheveux en brosse, la moustache roussie par les nombreuses cigarettes, « le masque grave [...] l'œil incisif » et l'air toujours un peu trop sérieux d'un « officier bourgeois », mais qui pouvait faire preuve de la « raillerie la plus impitoyable » : « Le futur directeur de la revue que vous savez parlait souvent de flAubert [...] Avec Albert Samain et Paul Morisse, les poètes tendres et délicats, il devisait sur une prose plus sévère, qu'il voulait impeccable, la résumait d'un mot coupant revenant habituellement dans ses conversations : synthèse »... Elle parle ensuite du créateur de revue : « Nul ne saura jamais excepté le journaliste qui signe ces lignes, de quelle patience, de quelle abnégation et de quelle terrible clairvoyance Alfred Vallette dut s'armer pour enserrer dans les liens de toutes les précautions le petit être turbulent que fut cette revue à son berceau ! »... Elle revient sur les sacrifices qu'il a dû faire pour cette revue, abandonnant son rêve de liberté et de littérature personnelle : « Car lorsqu'on dirige une revue, ce n'est pas une fois qu'il faut éprouver tout l'enthousiasme de la conception d'une œuvre, c'est tous les jours et tous les jours il faut mettre son cerveau au service de tous les cerveaux qui la forment »... Etc.
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