Lot n° 139

Henry de Montherlant. 11 L.A.S., 1938-1946, à René lacôte ; 15 pages la plupart in-4 (trous de classeur), 4 enveloppes. belle correspondAnce sur lA poésie de montherlAnt. [Paris 19.XI.1938], au sujet de son recueil Encore un instant de bonheur :...

Estimation : 700 / 800
Adjudication : 875 €
Description
Montherlant remercie Lacôte de s'intéresser à son œuvre poétique, « qui n'a guère les faveurs de mes confrères en “poësie”. C'est avec plaisir que j'apprends que vous ferez lire le Minos, que je crois le meilleur poëme de ce recueil, et qui a toujours épouvanté les récitants tant de la radio que de la Comédie fse ». L'éditeur de Pasiphaé est Armand guibert à Tunis. Il félicite Lacôte de son poème, « gonflé d'un mouvement cosmique auquel je suis très sensible »... [27.XI]. C'est avec plaisir qu'il lira son étude : « La partie techniquement “poëtique” (vers libres, versets) des Olympiques est en effet importante, et vaut d'être étudiée », d'autant que c'est la plus décriée par leurs compatriotes. Son projet d'Almouradiel « comprend 200 pages dactylo. Commencé en 1928. C'est de la prose entrecoupée de versets, et dans l'esprit des poëmes d'inspiration africaine de L'Instant de bonheur. J'ai mes raisons pour ne publier ce livre qu'après d'autres œuvres, et je ne pense pas qu'il voie le jour avant huit ans environ »... 13 mars 1939. Il trouve à son retour à Paris ses deux lettres et son article sur L'Équinoxe de septembre : « Merci de votre attachement à ce que j'écris ». Pour l'étude sur ces poèmes, il songe à une revue, mais préférerait une plaquette. Il déconseille guibert, « qui a déjà publié un petit volume sur moi, et ne peut recommencer. Mais vous pourriez tâter E. chArlot [...] à Alger, qui publie la collection Méditerranéennes et vient de me faire demander de faire partie du Comité de rédaction de sa revue ». Mais s'il décidait de l'éditer lui-même, Montherlant tâchera de trouver un mécène pour le financement. « Combien vous avez raison dans votre article sur l'Équinoxe de parler des erreurs ou des conformismes du public ! La critique (comme la politique) est devenue chez nous primaire ; et ceux de mes confrères qui vaudraient la peine d'être étudiés sont traités presque aussi légèrement que moi »... 21 avril. En parcourant quelques opuscules de poësie de ses contemporains, il constate « qu'eux et moi nous parlons deux langues incommunicables l'une à l'autre ». Il remercie encore Lacôte de son étude, l'une des plus intelligentes consacrée à sa poésie ; il conseille d'étoffer pour une réédition le passage sur Pasiphaë... [1940 ?] « Pour dire vrai, et contrairement à ce que professent mes amis, il me semble que rarement la France ressentit moins de besoin de poësie qu'aujourd'hui. Blindée contre, et plus solidement que sa ligne Maginot »... Bourgogne 1941 . Il veut venir lui dire de vive voix le plaisir que lui a donné son étude : « Ma vieille habitude du désert me fait en effet caravaner qqfois dans les étendues désertiques du bled Barbet de Jouy Vaneau »... [Décembre 1943] Il le remercie de toujours penser à son étude, mais « Almouradiel est avec toutes mes préparations de romans, dans une banque en Angleterre, et je ne sais si je les reverrai jamais ; à vrai dire, je ne m'en soucie guère » ; il lui enverra des places pour Fils de personne. [28 avril 1944]. « Au milieu des tristesses et des horreurs dont nous sommes entourés, votre mot m'est, autant qu'une surprise (et très forte) une joie »... 4 juillet 1944. Il le remercie pour son article sur Service inutile : « Je ne suis pas sûr de “l'importance” de la Lettre d'un père [à son fils] dans mon œuvre ; elle me paraît trop écrite, trop engoncée, manquant de souplesse. Et je crois que j'aime mieux Georges Carrion, avec son inaptitude absolue à l'éducation, que ce pompeux paternel du XVIIe siècle. [...] Vous avez bien vu aussi que je me mets tjrs un peu dans les personnages qui s'opposent à celui qui est censé me représenter [...] de même que, dans la vie, je suis toujours autant et plus du côté de mes adversaires, que du mien propre ». Il sent qu'il est sorti de « l'âge inspiré [...] dont Encore un instant n'est qu'un faible témoignage, le principal étant Almuradiel, actuellement dans une banque en Angleterre, où j'espère pourvoir aller le reprendre sous peu, si les V1 l'ont épargné »... 28 juillet 1 946. « J'ai lu, aussitôt reçu, votre Journal d'une solitude », livre si dense qu'il mériterait autant de pages de commentaires qu'il en compte lui-même. « Il peut y avoir une poësie dans la prose, & tout n'est pas dans la précision. Vous savez tout le chant de la prose française, où il y en a beaucoup plus que dans ce qu'on est convenu d'appeler notre poësie »... on joint une invitation à une conférence de Montherlant, La France de 1938 ; un fragment de brouillon autographe ; et un communiqué dactyl. sur une représentation de Pasiphaë en 1936 au Théâtre Pigalle.
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