Description
illustré de 31 photographies originales collées (plus des ff. vierges), couverture de papier fort bleu.
Manuscrit d'un reportage sur les ouvrières de Paris, abondamment illustré de photographies, plusieurs par Germaine Krull. Texte et images parurent dans six numéros de Vu (hebdomadaire d'information fondé par Lucien Vogel en 1928, consacré aux reportages photographiques et rédigé par des écrivains, dont Berl, MartinChauffier, Soupault...) : 7 et 14 décembre 1931, 21 et 28 décembre 1932, 4 et 11 janvier 1933. Le manuscrit, à l'encre noire au recto d'un beau papier vergé, présente quelques ratures et corrections, une dizaine de feuillets étant notamment recouverts par une nouvelle version (sur papier bleu), avec insertion d'un petit texte dactylographié. Les photographies, en tirage gélatino-argentique, de formats divers (de 9,5 x 5 cm à la pleine page 24 x 18 cm), sont collées en regard du texte. Cinq chapitres sont numérotés et titrés : 1 Ouvrières de Paris ; 2 Transports ; III Travailleurs de banlieue ; IV Manufactures ; V Artisanes ; suivent les chapitres VII (au lieu de VI) à X ; puis Danses et Musettes. Berl et les photographes ont suivi les ouvrières dans les transports, dans leurs ateliers, bureaux et manufactures, au déjeuner, au repos et dans les bals-musettes. Après les chapitres titrés, Berl évoque l'atelier des fleuristes, les coiffeuses, les ateliers de couture, les dactylographes, les vendeuses... Emplois, conditions de travail, gestes, accidents, chomage, paies, changements de mreurs et de modes, points de vue des salariées et des patrons ou patronnes, crises économiques et sociales sont évoqués ou développés plus longuement. « Le plus grave problème, c'est l'hostilité des ouvriers contre les ouvrières. Ils souffrent de la concurrence qu'elles leur font. Pendant qu'ils étaient partis à la guerre, elles ont pris la place des hommes, aux machines. Elles ne veulent pas la rendre. - Parce qu'elles veulent, d'abord, être libres. Entre eux, et elles, la lutte est déclarée [...]. Je n'ose pas leur parler beaucoup. Elles ne peuvent répondre qu'en interrompant leur travail. Je les attends à la sortie. Gauchement, je lie connaissance avec elles. Toutes, elles aiment leur usine [...]. Je visite les vestiaires : ils sont admirablement tenus ; et la grande majorité de manteaux, de chapeaux, ont de l'élégance. 4 water closets sont le journal de bord de l'usine. Les inscriptions m'apprennent les amours coupables du chef machiniste et d'une plieuse de bleus, les infortunes conjugales d'un magazinier de cartonnerie, les fiançailles probables d'une des ouvrières des duplicata, les succès trop nombreux du graveur. “Nous ne nous occupons pas de leur vie privée”, me dit le directeur. “Nous croyons que, jadis, les femmes qui se conduisaient mal faisaient de mauvaises ouvrières. Aujourd'hui, ça n'a plus de rapports” »... « La dactylographe est un personnage moderne. Ses traits ne sont pas encore bien fixés, les catégories diverses ne sont pas encore bien déterminées. Le role de la dactylographe est déjà immense. Combien de grandes affaires reposent sur elles ? Combien de grands hommes se remettent à elles ? [...] Les dactylographes sont commandées par deux fatalités : leur orthographe et leur morale. Il y en a beaucoup dont l'orthographe s'interpose entre elles et le monde extérieur ». Etc.