Lot n° 348

Charlotte de Robespierre (1760-1834) sœur de Robespierre.Lettre autographe signée « Robespierre », Paris 24 ventose III [14 mars 1795], « aux Citoyens Représentans du peuple composant le Comité de Surté general » ; 2 pages in-4.Très...

Estimation : 600 / 800
Adjudication : 1 500 €
Description
rare lettre, en faveur du citoyen Mathon, son ami et protecteur. [Se croyant menacée après l’exécution de ses frères, Charlotte se réfugia sous un nom d’emprunt chez cet administrateur des charrois nommé Mathon, dont la famille l’hébergea jusqu’à sa mort.]« Le sort qui me poursuit depuis longtems semble en ce moment faire un nouvel effort pour mettre le comble à mon infortune. La contagion du malheur s’est répendue sur ce qui m’environne et ceux qui m’ont temoigné quelque intérêt sont prêts d’en devenir victimes. On m’assure que le citoyen Mathon commissaire des transports doit être dénoncé comme ayant été l’ami de mes frères et je ne doute aucunement quel que soit le prétexte de cette dénonciation que je n’en sois la véritable cause pour avoir accepté depuis quelques mois un azile chez lui. […] Je devrais me confiant à votre sagesse ne pas croire que vous puissiez jamais accueillir une denonciation sans que la preuve des faits ne soit évidente. Mais helas la calomnie est si active si ingenieuse à forger des apparences ; l’innocence en a été tant de fois victime et je suis si malheureuse que je dois redouter jusqu’aux evennemens les moins naturels »… Lorsque ses frères obligèrent Charlotte à les quitter, Mathon eut le courage de lui offrir un abri chez lui ; elle n’a accepté que parce que « mes malheurs devenus plus grands me rendoient trop a charge à ceux qui m’avaient d’abord recueillie ». Mais si elle n’avait pas perdu tous ses moyens d’existence, elle n’aurait jamais pris le risque de compromettre qui que ce soit : « J’aurais préféré de mourir plutôt que d’associer mes amis à ma disgrace. C’est maintenant ce qui redouble l’horreur de ma situation. C’est pour se débarrasser de cette idée qui m’accable que je vous conjure citoyens au nom de l’humanité et de la justice de ne pas souffrir que ceux qui m’ont prodigué les soins généreux de l’amitié soient pour cela même exposé à une injuste proscription ». On ne trouvera dans la conduite du citoyen Mathon « que le patriotisme le plus pur et les vertus d’un homme de bien ».Ancienne collection Jean Prouvost (24-25 juin 1963, n° 219).
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