Lot n° 340

Adélaïde, princesse d’ORLÉANS (1777-1847) « Madame Adélaïde », fille de Philippe-Égalité, sœur cadette de Louis-Philippe.Lettre autographe signée « Adèle Bourbon D’Orléans », [au couvent de Sainte-Claire, Bremgarten (Suisse)]...

Estimation : 600 / 800
Adjudication : 1 500 €
Description
12 août 1793, à son grand-oncle Hercule III duc de Modène ; 6 pages in-4, enveloppe avec cachet de cire rouge (intaille) et marques postales.Très intéressante et longue lettre relatant le périple de la jeune émigrée, avec sa gouvernante Madame de Genlis.Invoquant la tendresse que son « cher oncle » a pour sa mère [la duchesse d’Orléans, nièce par sa mère du duc de Modène], elle lui confie ses peines : « Il y a près de deux ans que mon père m’envoya en Angleterre pour ma santé et pour mon éducation. J’avois alors 13 ans. J’y suis resté 15 mois au bout de ce tems mon père me fit revenir parce qu’on faisoit alors une loi contre ceux qui etoient hors de France, trois jours après mon arrivée à Paris on termina cette loi »… Comme la loi était rétroactive, elle fut contrainte de partir deux jours plus tard, dans les premiers jours de décembre 1792, accompagnée de sa gouvernante, Mme Sillery [la comtesse de Genlis], qui sacrifia ses intérêts pour l’accompagner à Tournai, où bientôt la guerre fit obstacle à son retour en Angleterre… Cependant, alors qu’elles attendaient l’établissement d’un tribunal qui l’exemptât de la loi générale contre les émigrés, et leur rappel à Paris, la Belgique fut reprise par les Autrichiens, et Dumouriez leur proposa un asile dans son camp : « nous restames deux jours au camp, sur la fin du second Mr Dumouriez s’etant déclaré contre la Convention Mme de Sillery voulut alors partir tout de suite […] Mme de Sillery déclara à mon frère [Louis-Philippe] que n’étant plus ma gouvernante depuis 4 mois elle ne croyoit pas avoir le droit de disposer de moi et qu’elle ne vouloit pas m’associér aux dangers d’une telle fuite. Mon frère et moi la conjurèrent de m’emmener en lui exposant le risque affreux que je courois en France et au milieu d’un camp révolté »… Elles arrivèrent après bien des dangers à un poste autrichien, d’où une escorte les conduisit à Mons, où elles furent retenues dix jours par une rougeole d’Adélaïde ; l’ennemi leur donna des passeports avec lesquels elles ont traversé toute l’Allemagne pour se rendre en Suisse. « C’est là que j’ai appris des malheurs qui m’accablent la détension de mon père, de mes deux frères et de ma tante Bourbon » [Bathilde d’Orléans, princesse de Condé]… Les ressources de Mme Sillery étant épuisées, elles ont trouvé asile dans un couvent d’où elle implore son oncle de la recevoir, soit chez lui, soit dans un couvent en Italie, ainsi que de lui fournir les moyens de rengager des domestiques, rembourser sa gouvernante, acheter un trousseau pour paraître décemment à sa cour… Elle pourrait aussi vivre à moindres frais au couvent… Au comble du malheur, elle supplie son oncle, son « unique ressource », de lui donner des conseils et des ordres, « puisque par mon age, mon sexe et le tems qu’il y a que je suis dans les pays étrangers, je n’ai pu contribuer en rien à tous les malheurs de la révolution dont je souffre »…Exposition Louis-Philippe, Archives nationales (1974, n° 156).
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