Lot n° 289

Julie de LESPINASSE (1732-1776) femme de cœur et d’esprit, épistolière, qui réunissait dans son salon philosophes et encyclopédistes. Lettre autographe, 25 août [1772], au marquis de Condorcet à Ribemont en Picardie ; 3 pages petit in-4,...

Estimation : 2 000 / 2 500
Adjudication : 2 400 €
Description
adresse (petite déchirure par bris de cachet avec perte d’un mot).Belle lettre à Condorcet, très mélancolique après le départ du marquis de Mora, avec des nouvelles de la vie littéraire et philosophique de ses amis Helvétius et d’Alembert. « Continüés, conservés cette bonne disposition et cette excelente intention ; si vous pouvés ratraper du repos et du calme, croyés tenir le bonheur ; […] jouissez bon Condorcet d’un avantage inapreciable, celui d’avoir un grand talent qui doit occuper votre vie, l’amitié remplira votre ame qui est aussi sensible qu’elle est honête ; et fuyés tout ce qui pouroit faire naitre ou rechaufer un sentiment qui fait presque toujours des victimes des gens vraiment vertueux. Ma santé est toujours detestable, et je n’espere plus qu’elle puisse devenir meilleure, aussi je vais la mettre au nombre des malheurs que je sens toujours, et dont je ne parle jamais ; je suis touchée, sensiblement touchée des marques de votre interet, il aidera a me consoler et a soutenir mon courage, car je vous avoue qu’il en faut beaucoup pour vivre, il en faudroit davantage encore pour mourir. On a des liens malheureux, mais ils sont chers et ils font qu’on se devoüe a la souffrance, mais enfin tout a son terme, cette idée est consolante, et peut etre en suis-je plus près que je n’ose m’en flatter ».Elle parle de la santé de M. d’Ussé, proche de sa fin. « Je voudrois bien que vous pussiés lire le poeme du Bonheur de M. Helvetius, ou plus tot la preface de léditeur, c’est un excelent ouvrage, d’un gout exquis, d’une hardiesse adroite et piquante et d’une sensibilité charmante, vingt fois j’ai eu les yeux remplis de larmes. Le poème est informe, c’est un ouvrage d’esprit, mais c’est un defi, ce n’est pas mire des vers, c’est labourer »... Puis elle parle de d’Alembert qui lit « aujourdhui a l’Academie une maniere de preface a lhistoire de l’Academie, cela ma paru fort bon » ; Saurin lira une épitre, et Watelet sa traduction du Tasse. Elle n’ira pas à cette séance : « je ne me sens nul gout pour rien de [ce] qui ne doit plaire qu’à l’esprit. M. de Mora est parti, cela me fait un grand vide »... Elle ajoute que Turgot « est dans une grande privation depuis votre depart. Il est audessus de mes forces de mocuper de ce qui ne me fait rien du tout ».Ancienne collection Jean Prouvost (24-25 juin 1963, n° 150).
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