Lot n° 287

Sophie-Jeanne-Armande-Élisabeth-Septimanie de Vignerot du Plessis de Richelieu, comtesse d’Egmont (1740-1773) dite « la jeune et jolie », fille du maréchal de Richelieu, mariée (1756) au comte Casimir d’Egmont marquis de Pignatelli...

Estimation : 400 / 500
Adjudication : Invendu
Description
(1727-1801) ; son brillant salon était fréquenté par les diplomates, les littérateurs et les artistes.Lettre autographe, Paris et Braine 2 mai (?)-12 septembre 1768, à sa sœur la comtesse de Roncherolles en son château de Daubeuf près les Andelys ; 20 pages petit in-4, enveloppe.Longue lettre à propos du mariage de sa belle-fille. [Fille aînée du premier mariage du comte d’Egmont, Alphonsine Julie Louise Félicité d’Egmont (1751-1786) se marie le 28 juillet 1768 avec Luis Antonio Pignatelli Aragon, fils de l’ambassadeur d’Espagne en France don Joachim Pignatelli, comte de Fuentes, et frère du marquis de Mora.]Elle retrace les divers arrangements qui ont précédé l’union de sa fille : « Melle Degmont nest point marié ma chere sœur mais je regarde son mariage comme certin avec le second fils de lambassadeur despagne qui est Pigniatelli comme Mr Degmont il promet dêtre un exélent sujet depuis 3 ans quil est en France nous lavons suivi il a 20 ans ; son père a beaucoup de credit et de considération en France et en Espagne ; le mariage ma donné des peines infini toujours je desiré celuy dun Pigniatelli »… Elle raconte un premier arrangement avec un Pignatelli d’une autre branche, qui a finalement été rompu… « dans la posibilité que j’aie des anfants nous voulon que le roi despagne crée une grandesse pour son mari et ces enfants a jamais : afin quil soit titré des cette instent comme son frere énné et son père le sont ; cest une grande grace mais nous espairon que le credit de lembassadeur lemportera, jusques a la reponce despagne je crindré toujour cependent, mais une foi cecy fait tout mes veux seront rempli puisque j’aurai réparé par mes soins, ce que je leur autais par nature et que j’aurais acqui un fils par lequelle je jouirai de linteres et de la consideration que les enfants donne, dans lage ou lon ne joui encore que des plaisirs »… Elle reprend sa lettre en son château de Braine (Braine-sur-Vesle, Aisne), le 12 septembre, interrompue par une négociation traitée à 300 lieues de chez elle. Elle annonce que le roi d’Espagne a bien créé la grandesse pour M. de Pignatelli… Le mariage a eu lieu le 28 juillet à Saint-Roch, en présence des ambassadeurs et ministres, dans une ambiance très solennelle. Elle détaille le faste et la somptuosité de la cérémonie : « Ce jour la Mr Degmont ma donné en present de noce le model en marbre de la statue de mon père [le maréchal de Richelieu …] elle fut placé dans mon jardin et le jour du mariage chacun lala voir vous jugés si mon cœur aitoit content ; tout ceux qui avoit voulu me faire le plus de méchanceté aitois a cette noce abatu confondu et forcé davoir lair daprouvé, je suis trop heureuse pour ne leur pas pardonné de tout mon cœur. Notre desser représentait le pacte de famille lunion de la France et de lespagne […] ; les present de son mari on été dune magnificence de roman, absolument inconnue dans le pays », collier, diamants, etc. « Mme Degmont a donné la toilette et le trousseau lun et lautre tres beau ; maman na voulu rien donné partant il a falû que je fasse de même ». Cependant elle loge et nourrit le couple… « Après le mariage nous avons été au 3 spectacle puis faire toutes les visites de noce cest une cruel corvée car imaginée que nous avons fait quatre cent visites ; cest moy qui en ai été chargée maman aient dit quil aitoit temps a son age de ce reposé »… La jeune mariée « maime comme vous maimé chere sœur jose espairé que ces tout dire, elle a un caractère parfait une sureté et une discretion inouï a son age, elle a 17 ans, une douceur tel que je ne luy ai pas encore vue […] elle est fort laide mais elle est grande et a lair noble, elle na pas un esprit brillient mais solide […] son mari est laid si un homme peut être laid […] il a beaucoup desprit singulierement de connoissence pour son age car il ecrie et parle 5 langues […] il sai tres bien la musique […] sa femme laime beaucoup déjà et il ce conduit tres bien avec elle et en tout avec nous tous ; il paroit tres sensible et me marque une extreme reconnoissence […] mes propres anfants ne me marquerais pas plus de déférence et damitié »… La présentation au roi a eu lieu à Compiègne le 15 août ; des choses très flatteuses on été dites sur le mariage et « sur mon éttat de chaperon »… Elle a regagné son château le 20, où les Fuentes sont venus passer dix jours, « ce qui est inouï pour un ambassadeur despagne qui a des afaire continuel »… Une fête a été donnée en leur honneur… La suite de sa lettre évoque certaines de ses relations, parmi lesquelles Mme d’Aiguillon, Mme de Chevreuse… Elle termine en priant son amie de la tenir au courant de ses couches, « dont je suis bien tendrement occupée »…Librairie Marc Loliée, 1957.
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