Lot n° 200

Françoise d’Aubigné, marquise de MAINTENON (1635-1719) épouse morganatique de Louis XIV, fondatrice de la Maison de Saint-Cyr pour les jeunes filles.Lettre en partie autographe signée de son paraphe, 13 septembre 1709, à Mgr Godet des Marais...

Estimation : 2 000 / 2 500
Adjudication : Invendu
Description
[évêque de Chartres, directeur de Saint-Cyr] ; 7 pages in-8 (lettre dictée à Mlle d’Aumale, les pages 6 et 7 autographes).Belle lettre au lendemain de la bataille de Malplaquet, faisant le récit de ce combat mené dans les Pays-Bas espagnols par les troupes françaises, commandées par le maréchal de Villars, face aux troupes anglo-prussiennes. Bien que l’armée française fît retraite, elle infligea à ses ennemis des pertes considérablement plus importantes que les siennes, et empêcha l’invasion du pays.« Après bien de fausses nouvelles que nous receusmes hier des courriers des particuliers qui venoient aprendre la blessure ou la mort de leur maitre et qui nous assuroient que toute larmée etoit deffaite par une deroute generale, nous avons enfin apris ce matin par le courier de Mr le Mal de Boufflers qu’il y a eu une terrible action le 11 de ce mois, quelle a duré sept ou huit heures, se reprenant continuellement les postes les uns sur les autres, Mr le Mal de Villars y a esté blessé dès le commencement, et que lui Mr le Mal de Boufflers ayant pris le commandement de larmée a esté temoin d’une valeur dans nos troupes qui leur a donné lavantage plusieurs fois, mais qu’enfin il a falu ceder au plus grand nombre, nostre armée sest retirée en tres bon ordre sous le Quesnoy. Pas un soldat ne s’est debandé, ils n’ont point fait de prisonniers, nous avons plus de leurs canons et de leurs drapeaux qu’ils n’en ont des nostres, et ils n’ont pour eux que le champ de bataille qui leur est demeuré, et nostre retraite qu’ils n’ont osé troubler, on peut croire ce que dit Mr le Mal de Boufflers comme sy on lavoit vû soy même ».Elle énumère ensuite les blessures et pertes à déplorer : le maréchal de Villars a été gravement blessé au genou, le duc de Guiche à la jambe, le fils de M. de Dangeau et le marquis de Coëtquen ont chacun perdu une jambe, le comte Palaviccini a été tué, le duc de Saint-Aignan a été blessé à la tête. Elle ne sait rien du comte d’Aubigné. « Il se trouvera bien des morts et des blessez dont Mr le Mal de Boufflers ne pouvoit pas encore avoir de connoissance. On ne sauroit comprendre ce que cestoit que la nouvelle que nous avions receüe de Mr l’Electeur de Bavière qui nous mandoit que les generaux ennemis, et les nostres etoient en conference pour une suspention d’armes, le tems nous eclaircira de tout. Le Marquis de Gondrin est blessé et on ne trouve point Mr de Lambesc petit fils de Mr le Grand. Tous nos blessés sont au Quesnoi. Le Roy d’Angleterre etoit a laction avec la fièvre et a fait des merveilles. Tous nos officiers generaux ont parfaitement bien fait, et Mr d’Artaignan a eu trois chevaux tuez sous luy. Quelques uns disent que le prince Eugène est blessé, cela est incertain ».Elle a appris aussi « que le duc de Noailles a fait quelque chose dheureux en Catalogne »... Mme de Maintenon prend alors la plume, pour annoncer l’envoi d’une lettre sur ce qui s’est passé en Flandres. Son amie Mme de Dangeau est partie cette nuit en poste, sans argent ; M. Voisin lui en a prêté, et elle-même s’interroge : « Quoy que jaye peu dargent, et que jen aurai encore moins si les choses continuent comme elles sont, je nen suis pourtant pas a vingt pistolles près, devrois je en pareil cas prester de largent a une amie jen ai fait scrupule jusques icy ne voulant rien oster aux pauvres, quoy que je comprenne bien lhoneur que de tels procedes me feroient, car tout est tousjours sceu. Mais il est vrai que jay reduit toutes mes depenses et tous mes plaisirs a donner a de pauvres familles et surtout aux nobles. Mes proches en murmurant, faut il changer ma conduitte. Mon cœur est bien serré, le Roy est très resigné. Priez pour moi lun et lautre. Ma santé est très bonne. Je crois que Dieu la soutient pour me faire souffrir. »Noël Charavay, 1919.
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