Lot n° 198
Sélection Bibliorare

Françoise d’Aubigné, marquise de MAINTENON (1635-1719) épouse morganatique de Louis XIV, fondatrice de la Maison de Saint-Cyr pour les jeunes filles.Lettre autographe signée de son paraphe, Saint-Germain 5 avril [1681], au marquis de...

Estimation : 8 000 / 10 000
Adjudication : 8 000 €
Description
Villette ; 13 pages in-4 (légères piqures au premier feuillet).Longue et remarquable lettre sur ses efforts pour obtenir la conversion de sa famille protestante, et l’éducation de ses neveux et nièces ; elle soutient l’action de Louis XIV pour éradiquer le protestantisme.Elle ne se plaint pas du ton des lettres de son cousin, car elle connaît sa tendresse et sa raison. « Vous estes trop juste pour doutter du motif qui m’a fait agir celuy qui regarde Dieu est le premier mais sil eust esté seul dautres ames estoient aussy pretieuses pour luy que celle de vos enfans et jen aurois pu convertir qui m’auroient moins cousté. C’est donc lamitié que jay toute ma vie eüe pour vous qui m’a fait desirer avec ardeur de pouvoir faire quelque chose pour ce qui vous est le plus cher je me suis servie de vostre absence comme du seul temps ou jen pouvois venir a bout jay fait enlever vostre fille par limpatience de lavoir et de leslever a mon gré et jay trompé et affligé Madame vostre femme pour quelle ne fust jamais soupçonnée par vous comme elle lauroit esté si je mestois servie de tout autre moyen pour lui demender ma niepce. Voilà mon cher cousin mes intentions qui sont bonnes et droittes »... Elle l’exhorte à lui rendre justice et à accepter cette preuve de sa tendresse, « puisque je fasche celuy que jayme et que jestime pour servir des enfans que je ne puis jamais tant aymer que luy »...La lettre que Villette a écrite à son fils a fait pleurer tous les gens d’honneur et de sens à qui elle l’a montrée. Elle propose : « ne traittons jamais de controverse et gouvernons vos enfans de concert »... Son fils a « de lesprit et du sens il est doux bien né plein de bonnes intentions ambitieux hardy et en un mot je nay rien veü de mauvais en luy quune grande presomption trop remply de son merite tousjours occupé de luy jamais des autres questionnant tousjours trop grand parleur inquiet naymant pas la lecture et enfin tous les deffauts dun homme qui a esté admiré » ; mais il s’est vite corrigé. « Je croyois laffliger en luy proposant lacademie et quil auroit de la peine a devenir escollier apres avoir esté officier sur sa bonne foy et depuis homme de cour cependant cest ou je vis son bon sens il en fut ravy et il sy conduit de façon que Bernardy me fait dire tous les jours quil na jamais eu de jeune homme si doux si sage et si apliqué que luy. [...] jexigeay quil ne sortist que pour venir a la cour. Je say la rigueur de cet ordre la mais je say aussy que rien ne luy seroit meilleur pour ce pays icy et quil ne peut estre trop sage sil veut plaire au Roy » ; il y vient toutes les semaines : « cela luy est bon et plus utile que destre avec un prince du sang »...La sœur du jeune homme a les mêmes défauts, elle n’est pas belle, mais Mme de Maintenon pense en faire une personne de mérite : « je pretens la traitter comme si elle estoit ma fille. Elle sera aupres de moy dans les lieux de sejour et jemployeray ce temps la a luy donner de lesprit de la raison et de la bonne grace. Elle sera dans un couvent pendant les voyages et elle aprendra a lire a escrire a prier Dieu a travailler et en un mot ce que je ne puis luy montrer ». Elle l’a mise aux Ursulines de Pontoise « pour que lon linstruisist a faire sa premiere confession »... Elle ne veut point lui rendre sa fille : « juges vous mesme si je dois vous la rendre et si ayant fait une violence pour lavoir je feray encore la sottise de la rendre. Donnes moy plustost les autres par amitié pour eux puisquaussy bien si Dieu conserve le Roy il ny aura pas un huguenot dans vingt ans. Je me chargeray de tout volontiers et ne croy pas pouvoir rien faire qui marque plus la tendresse que j’avois pour ma tante qu’en faisant a ses petits enfans le traittement que jay receu delle je ne vous ay point rendu de mauvais offices aupres du Roy et pleust a dieu que vous neussiez pas pour le servir une exclusion insurmontable »... Elle donne des nouvelles des enfants, mais elle voudrait « leur oster cette maniere de se tutoyer que je voy establie dans vostre famille et qui nest point noble du tout ».Elle s’est réjouie de la promotion du maréchal d’Estrées : « il me dit beaucoup de biens de vous mais je luy dis que je le connoissois et quil me feroit plus de plaisir den dire au Roy. Je ne comprens point pourquoy vous n’avez pas apris par moy la conversion de Mr de Mursay je vous la manday le jour quil fit son abjuration a Versailles »...Publ. Lettres de Madame de Maintenon (Honoré Champion, 2009), vol. I, p. 360, n° 225.Ancienne collection Alfred Morrison (t. IV, p. 21).
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