Lot n° 189

Jeanne-Marie Bouvier de La Motte, Madame Guyon (1648-1717) célèbre mystique ; elle fut au centre de la querelle du Quiétisme entre Bossuet et Fénelon.Manuscrit autographe signé « Delamotte », [couvent de Sainte-Marie-de-Meaux] 6 avril...

Estimation : 4 000 / 5 000
Adjudication : 6 200 €
Description
1695 ; 5 pages in-4.Précieux manuscrit, véritable profession de foi de la célèbre mystique. Cet important document est rédigé peu après la conclusion des Conférences d’Issy au sujet du quiétisme et des écrits de Mme Guyon, et la signature, le 10 mars 1695, par Bossuet, Fénelon, Louis-Antoine de Noailles et Louis Tronson, du texte condamnant 34 propositions doctrinales quiétistes, tout en affirmant les principes de la perfection mystique atteinte par quelques grands saints. Dans ce texte en quatre parties numérotées, destiné à Bossuet (qui y a porté de nombreuses soulignures), Mme Guyon réfute certaines erreurs qui lui sont reprochées, notamment sur la question des « États d’oraison ».1. « Je ne croy pas ni je n’ay jamais cru un seul instant qu’une ame doraison en tout estat ne deut pas conserver lexercice de la foy de lesperance et de la charité puisque sans cette exercice qui fait la base et le fondement de loraison il ni a point d’oraison et c’est par loraison que ses vertus sexercent admirablement puisque la foy est la lumiere qui esclere lame a loraison, que la charité est ce qui la nourit, soutient et fait vivre. L’ame sent même quelquefois ce que ressentoient les disciples d’Emaus […] que lamour est ce qui locupe a loraison ; elle y pratique lesperance puisqu’elle espere que Dieu acomplira en elle sa volonté et ainsi l’ame ne peut point estre a loraison quelle nexerce ses trois vertus […] je n’ay jamais doubté un moment de ses verités ». 2. « Je n’ay jamais douté un instant quil ne fallut avoir la foy explicite en Dieu tout puissant et en ses autres atribus et ma foy en luy est plus estandües même que les atribus puisque je le croy infiniment au dessus de se qu’on luy atribüe et je n’ay jamais esté un moment sans le croire. Le livre meme du Moyen court le prouve clairement car quel est le motif qui nous porte a nous abandonner a Dieu […] si ce n’est la foy lesperance et lamour. Labandon est lacte le plus eminent de la foy, l’on comence a croire puis l’on se confie a celuy auquel on croit qui est une foy plus parfaite ensuitte lextreme confiance et logmentation de la foy fait qu’on sabandonne a Dieu. Celuy qui sabandonne a Dieu fait un acte eminent despérance […] ; il fait un acte de tres grand amour […] il reconnait la puissance et la bonté de Dieu puisquil sabandonne entre ses mains »…3. « Je croy et je n’ay jamais douté un seul instant quil ne fallut croire en Dieu père fils et St esprit d’une maniere explicite. Je ne me suis jamais trouvée un seul moment en toute ma vie que je n’aye esté prette de donner ma vie pour ses veritez et je ne comprands pas qu’en voullant atribuer aux ames doraison les ygnorances que les enfans de 7 ans non point apresant, cela seul est suffisant pour rendre l’oraison si fort hodieuse que personne ne veullent si donner […] Loraison est un acte damour de respect daneantissement devant la majesté de Dieu &c […] cet ce qui la tient en oraison que cette opperation de la Ste Trinité et la foy et lamour de cette même Trinité ».4. « Il est impossible daller a Dieu que par J.C. et quoy que l’on ne pance pas toujours a J.C. dans lactuelle oraison il est sertain pourtant que cest alors quil est la vie de lame et qui luy imprime toutes ses inclinations et une connessance de ses estats tres particuliers cest ce qui fait quon ayme la croix qu’on ne voit que la volonté de Dieu qu’on est sacrifié en toute ocasion a cette divine volonté […] et portant sans cesse dans son cœur toutes les inclinations de J.C. qui sont lamour de la pauvreté de la petitesse des souffrances et surtout cette amour de la volonté de Dieu et cette soumission parfaitte a tout ce quil veut et ordonne de nous. J’ay donc cru toute ma vie toutes ces choses et je suis prette de mourir pour ces veritez. Je nen puis escrire davantage a cause lestat ou je suis mais si je meurs je professe ne m’estre jamais escartée un moment de la foy de la Ste Esglise ma mere par laquelle je suis prette de mourir, que je n’ay point dit ni fait les choses qu’on minputte et que je suis prette a jurer sur le St Esvangile en mourant que les letres qui courent de Mr de Grenoble [cardinal Étienne Le Camus] ne peuvent estre vraye puisque je ne lay jamais veu avec le prieur de St Robert [Dom de Richebrac], et je jure devant Dieu que je ne leurs ay jamais parlé ensemble et que je ne les ay jamais veu dans un même lieu ».Anciennes collections Benjamin Fillon (1878, n° 1022), puis Alfred Morrison (t. II, p. 223).
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