Lot n° 3
Sélection Bibliorare

DIEU DE SAINT-JEAN (Jean). — [Mode de France]. — [Paris : Jean Dieu de Saint-Jean, 1678-1696]. — In-folio, 390 x 250 : 71 planches.

Estimation : 48000 - 60000
Adjudication : Invendu
Description
Maroquin rouge, triple filet doré en encadrement sur les plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, doublures et gardes de papier à la colle, tranches dorées, étui moderne (reliure de l’époque). Colas, Bibliographie générale du costume et de la mode, n° 2629. - Maxime Préaud, « Femme de qualité en steinkerque et falbala », Revue de la BnF, 2013, n° 43, pp. 64-73. Rarissime et somptueux recueil de 71 planches de costumes, dont trois doubles. Elles sont toutes coloriées à la main et pour certaines rehaussées d’or ou d’argent. Ces belles gravures représentent la famille royale (Louis XIV, la reine, le dauphin et la dauphine, Monsieur et Madame), un grand nombre d’hommes et de femmes « de qualité » en habits à la mode de France, mais aussi un chevalier de Malte, un paysan et une paysanne des environs de Paris, un couple habillé « incognito » pour traverser la ville, mesdemoiselles Loison, un homme de qualité jouant de la basse de viole, etc. Les planches ont été montées sur onglets et numérotées à la plume dans l’angle inférieur gauche. Bien que les premières ne soient pas datées, elles semblent avoir été reliées suivant l’ordre chronologique de leur exécution. Elles portent toutes le nom de l’artiste imprimé, Jean Dieu de Saint-Jean. Le nom du graveur n’apparaît que sur quelques planches : Nicolas Bazin, Franz Ertinger, Galand et Scotin. Trois sont datées de 1678, 13 de 1683, 4 de 1684, 2 de 1685, 4 de 1686, 2 de 1687, 3 de 1688, 4 de 1689, 1 de 1690, 1 de 1692, 5 de 1693, 6 de 1694, 1 de 1696 et 22 ne sont pas datées. Colas note que « les planches de modes gravées par cet artiste se rencontrent presque toujours réunies au recueil de Bonnart […]. On attribue à ce graveur [Saint-Jean] une centaine d’estampes datées de 1678 à 1695 ; le Cabinet des estampes en possède 72, représentant principalement des hommes ou des femmes de qualité dans leurs divers habillements. Outre les planches de format in-4 qui peuvent se joindre au recueil de Bonnart, il en existe certaines de format in-folio portant l’adresse du quai Pelletier et la signature J. D. De St Jean. » Jean Dieu de Saint-Jean, l’inventeur d’un nouveau genre de gravure de mode. On sait peu de choses de la vie de Jean Dieu de Saint-Jean. Fils d’un peintre nommé Jean Dieu, il serait né vers 1654 et aurait été reçu à l’Académie royale de peinture et sculpture en 1671, à dix-sept ans seulement. Le 20 février 1683, il se maria avec Catherine Danin, fille d’un « maître affineur et departeur d’or et d’argent » parisien. Il mourut en 1695 et fut inhumé à Saint-Gervais. — Donneau de Visé fit plusieurs fois l’éloge de son talent dans le Mercure Galant, en mettant l’accent sur le style novateur de ses gravures de mode. « Si l’on se fie au Mercure galant, l’invention d’un nouveau genre de gravure de mode revient donc à Jean Dieu de Saint-Jean, avec une suite d’estampes publiées un an ou deux avant mars 1678, c’est-à-dire bien avant la série de petites gravures exécutées d’après Jean Berain, le grand ordonnateur des fêtes et spectacles royaux, maître du décor et des costumes, par la pointe spirituelle de Jean Lepautre, avec laquelle on fait en général commencer véritablement l’histoire de la gravure de mode en France » (Maxime Préaud).

UNIQUE EXEMPLAIRE CONNU EN COLORIS D’ÉPOQUE.
Il est possible que ce soit l’épouse de l’artiste qui, après sa mort, ait réuni ses gravures de mode pour les vendre en recueil. L’adresse des deux dernières planches, respectivement datées de 1695 et 1696, indique « chez la veuve st Jean ». Catherine Danin semble également avoir joué un rôle dans la coloration des planches, si l’on en croit quelques épreuves conservées à la bibliothèque de l’Arsenal : sur trois d’entre elles, on lit en effet, à la suite du titre, l’inscription à la plume « enluminée par la femme de S.t Jean ». Un exemplaire en noir et relié en veau est conservé à l’université de Princeton. Il comprend 74 planches, dont trois qui font ici défaut : les planches 2 (« Femme de qualité en déshabillé reposant sur un lit d’ange », double), 56 (« Homme de qualité en habit garny de rubans ») et 62 (« Dame de la plus haute qualité »). Exceptionnel exemplaire colorié et relié en maroquin rouge à l’époque. Habiles restaurations et reteintes à la reliure, rares travaux de vers. Quelques déchirures restaurées aux planches, quelques rousseurs et traces de manipulation.
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