Lot n° 190
Sélection Bibliorare

Nicolas-Edme RÉTIF DE LA BRETONNE (1734-1806) — L.A.S., [Paris] 6 germinal VI (28 mars 1798), au citoyen Fontaine, négociant à Grenoble

Estimation : 2000 - 2500 €
Adjudication : Invendu
Description
3 pages in-4, adresse (petites déchirures par bris du cachet de cire rouge sans manque de texte, encre pâle par endroits). Belle lettre aux époux Fontaine sur ses ouvrages.
Il se lamente sur son sort : « voila 3 nuits que je ne dors pas ; une Furie domestique me tourmente, quoique je n’aye plus de Femme & que je demeure seul […] Infirme, pauvre & sujet à mille besoins j’ai pensé toute la nuit si je ne ferais pas mieux de laisser finir mon existance. Malheureusement j’ai à finir un ouvrage intitulé Les Mille & une métamorphoses ». Mais sans repos, cela lui semble impossible et il ne veut pas publier trop tôt Le Cœur humain dévoilé [Monsieur Nicolas]. « Sans le repos, la vie n’est qu’un supplice », et il n’a personne pour lui porter secours : « Ainsi, me voilà seul, au désespoir. J’en étais justement ce matin, à cette horrible sentiment, ce matin dans mon ouvrage je l’ai peint d’après ce que je sentais, & mes larmes ont coulé. Jai mis un 2d titre après celui des M & I Métamorphoses, c’est ou les M & I dévelopemens. En effet ce sont les dévelopemens de l’être humain, au fysiq & au moral. Je n’espère plus rien imprimer : je ne le pourrai pas faute de fonds. Mon ennemie m’a pillé tout ce qu’elle a pu […] Je ne dois pas avoir une année à vivre, de toutes manières. Je laisserai trois ouvrages : L’Enclos des Oiseaux ; les Lettres du Tombeau ou Lettres posthumes, et les M. & 1 Dévelopemens. Je ne parle pas d’une autre Bagatelle [L’Anti-Justine] que je supprimerai en tout état. » Ses forces l’abandonnent, il n’a plus la force de lutter ; il remercie Fontaine pur l’envoi des deux écus, et le prie de lui écrire Au Café Robert-Manouri, coin de la place de l’Ecole, au bout de la rue de l’Arbre Sec »… [ Rétif fut sauvé par sa nomination dans la Police secrète, le 1er avril 1798.]
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