Lot n° 189

Lucien REBATET — L.A.S., Paris 22 février 1972, à Pierre Viansson-Ponté

Estimation : 300 - 400 €
Adjudication : Invendu
Description
2 pages in-4 à son adresse 33, rue Le Marois. Polémique avec le rédacteur du Monde à propos de la mort de Pierre Overney (1948-1972, militant de la Gauche prolétarienne, tué par un vigile de Renault).
Il ne l’appelle pas « “cher confrère” bien que j’aie 43 ans de métier. Je suis Lucien Rebatet, le fasciste “enragé”, l’auteur des Décombres. Ce qui ne m’empêche pas d’être aussi votre lecteur attentif, avec les divergences que vous imaginez sans peine ». Pour lui, comme pour Jacques de Montalais, et contrairement à ce qu’écrit Viansson-Ponté, « les vrais responsables de la mort navrante du jeune René-Pierre Overney sont Maurice Clavel et Jean-Paul Sartre. […] ce n’est évidemment pas Sartre qui a mis un revolver dans la main du surveillant Tramoni. Mais la campagne de provocations, d’excitations à la violence qu’il dirigeait depuis des mois contre la Régie Renault et sur les lieux mêmes du drame de vendredi dernier, ne pouvaient qu’aboutir à faire couler le sang. Vous déchargez donc Sartre de cette responsabilité. C’est pourtant en vertu de ce raisonnement qui vous paraît si bizarre que mon ami Robert Brasillach et moi-même avons été condamnés à mort par les cours de justice, et Brasillach fusillé. Pour l’ensemble de nos écrits sous l’occupation, considérés comme des appels à l’action directe, à la trahison. J’ai revendiqué très haut cette forme de responsabilité, reconnaissant que par exemple j’avais poussé maints jeunes gens à s’engager dans la L.V.F., à entrer dans la milice. J’ai souvent fait la différence entre les condamnations de policiers agissant sur ordres, qui me paraissaient iniques, et les nôtres, que j’estimais normales en période révolutionnaire. […] C’est notre honneur à nous, écrivains, journalistes, intellectuels, que d’assumer entièrement les conséquences souvent graves des idées que nous mettions en marche, des sentiments que nous faisons naître. Pour épargner à Sartre la prison qu’il mérite cent fois plus que les petits casseurs maoïstes, vous le privez de cet honneur »… Etc.
On joint la L.S. de réponse de Pierre Viansson-Ponté, 2 mars 1972 (2 p. in-4 dactyl. à en-tête Le Monde).
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