Lot n° 186

Marcel PROUST (1871-1922) — L.A.S. « Marcel », [15 août 1902], à sa mère

Estimation : 1500 - 2000 €
Adjudication : 5 250 €
Description
4 pages in-8. Fénelon et Brancovan l’ayant lâché, Proust est allé « dîner tout seul chez Larue. Tout seul c’est le cas de le dire, car je suis le seul client et peut’être soixante lampes électriques brûlent pour moi (je n’ai pas de scrupules car elles brûlent aussi quand il n’y a personne). Ce qui malheureusement est venu au rendez-vous c’est une crise d’asthme, qui d’ailleurs ne fait que commencer. Je ne sais s’il faut incriminer l’absence de lit ou le manque de lavements. Quoi qu’il en soit c’est embêtant, sans être terrible ! Le dîner Fénelon Brancovan ne m’a pas distrait par lui-même puisqu’il n’a pas eu lieu, mais parce que j’ai cru qu’il aurait lieu et les préparatifs etc. Vaquez m’a recommandé de ne me laisser aller ni à la morphine (il n’a pas besoin d’avoir peur !) ni à l’alcool qu’il juge également funeste, sous toutes ses formes. Il se demande comment les malades n’ont pas assez de leur maladie et vont encore se fabriquer des maladies, en se rendant malheureux pour des êtres qui n’en valent pas la peine. J’ai admiré ce philosophe, que je crois d’ailleurs collé. Si tu me faisais mille serments-tombeau, je t’écrirais quelque chose de passionnant. Mais puis-je avoir une confiance absolue, plus que pour le réveil matin. Je suis infiniment moins triste. Vous continuez à ne pas me manquer »...
Correspondance, t. III, n° 47.
Partager