Lot n° 69

Charles BAUDELAIRE (1821-1867) — L.A.S. « Charles ». [Bruxelles] Samedi 17 février 1866, à sa mère Caroline Aupick

Estimation : 2500 - 3000 €
Adjudication : 5 250 €
Description
3 pages et demie in-8, remplies d’une écriture serrée. Rien n’est fait encore avec les frères Garnier... « L’écrivain m’a dit de bien recommander à Ancelle de ne pas trop insister auprès des Garnier. Cela ferait mauvais effet. Je vais tâcher de travailler un peu, et puis j’irai à Paris vers le milieu de mars m’informer de toutes mes affaires. D’ici là, Ancelle aura peut-être conclu un traité pour la Belgique. L’important pour moi maintenant, c’est de dénicher quelques acomptes pour faire patienter mon hôtelière. »
Mais Baudelaire ne veut pas vendre la propriété de ses œuvres. « Aliéner pour 3000 ou 4 000 fr. comptant des valeurs littéraires qui peuvent, avec le temps, me rapporter 10 fois 600 fr. ou 10 fois 800 fr., je ne le ferai jamais. Plus tard, mon nom ayant augmenté de valeur, étant plus près de la mort, et n’ayant pas d’héritiers, je ferai peut-être de ces marchés-là, qui seront d’ailleurs plus faciles alors. Mais le moment n’est pas venu. À moins de rapporter immédiatement une somme assez forte pour être placée, et augmenter le revenu, ce sont des marchés de dupe. »
À propos de ses pilules, Baudelaire avoue qu’il a été opiomane : « Celles composées d’opium, de valériane, de digitale et de Belladone, je les prenais en Décembre, contre les névralgies. Veux-tu insinuer que les vertiges si affreux et les vomissements de Janvier résultent de ce traitement ? Mais d’abord la Belladone n’entrait évidemment qu’en très petite quantité dans ces pillules, et quant à l’opium, tu sais bien que j’en ai eu l’habitude pendant plusieurs années, jusqu’à en prendre 150 gouttes sans aucun danger. Les pillules prises depuis lors, c’est-à-dire celles composées contre les vertiges suivis de vomissements, contiennent de la valériane, de l’assa fœtida, un oxyde de zinc quelconque, et puis je ne sais plus quoi. Elles sont purement antispasmodiques »...
Il indique le régime qui lui a été conseillé : « Viandes froides rôties le matin ; comme boisson, du thé sans thé vert. Le soir, viande rôtie, avec un peu de vin. Douches froides, et promenades quand c’est possible. » Il ne sait quand il retrouvera « l’activité d’esprit et le plaisir de vivre »…
Correspondance (Pléiade), t. II, p. 602. Ancienne collection Armand Godoy (23 novembre 1982, n° 208).
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