Lot n° 37

Louise-Élisabeth VIGÉE-LEBRUN (1756-1842) — Manuscrit autographe

Estimation : 1500 - 2000 €
Adjudication : 3 250 €
Description
1 page in-fol. et 2 pages in-12 (portrait gravé joint). Brouillon pour ses Mémoires, à propos de Madame du Barry.
Ce manuscrit de premier jet, avec ratures et corrections, présente des variantes avec le texte publié : Souvenirs de Madame Vigée Le Brun (Charpentier, 1869, tome I, lettre X, p. 108-114).
Mme Vigée-Lebrun fait le récit de ses séjours à Louveciennes chez la comtesse en exil, dont elle fit trois portraits. « Avant la Révolution j’avais été à Lucienne peindre Mme du Barry. J’étais bien curieuse de voir cette femme dont j’avais tant entendu parler, elle pouvait avoir 45 ans environ, son visage était encore charmant, ses traits réguliers et gracieux ; son regard était celui d’une coquette, car ses yeux un peu allongés presque pas ouverts, lui donnaient l’air d’une fille ; son teint seulement commençait à se gâter. Ses cheveux étaient cendré clair comme ceux d’une enfant, ils se bouclaient de même. Elle était d’un bel embonpoint, une gorge un peu forte, mais belle encore, elle était grande sans l’être trop. Elle me reçut avec grace ; je lui trouvait plus de naturel dans son esprit que dans ses manières ». Elle se souvient que le soir, seules au coin du feu, elle lui parlait de Louis XV et de sa Cour avec respect et ménagement : « elle n’était nullement méchante ny dans ses actions ny dans ses paroles ». Elle s’occupait beaucoup des indigents, et Mme Vigée se souvient de la fureur de la comtesse devant le dénuement d’une pauvre accouchée pour laquelle ses gens n’avaient pas suivi ses ordres : elle lui fit porter sur le champ des linges et du bouillon, très en colère… Elle portait en toutes saisons un peignoir de batiste… Après dîner, elles prenaient le café au son des musiciens dans le fastueux pavillon, où elle dînait jadis avec le Roi, et dont Vigée-Lebrun décrit le goût exquis des ornements, la vue magnifique, la richesse de l’ameublement, elles y laissaient M. de Brissac qui y faisait ensuite la sieste : « il me paraissait être l’ami seulement de Mme du Barri, rien entre eux ne me donnait à penser autre chose »… Elle y retourna pour la peindre encore vers le milieu de septembre 1789 : « nous entendions la canonnade à l’infini. La Révolution cheminait fortement ! elle me disait, si Louis XV vivait surement tout cela n’aurait pas été », etc. Alors qu’elle n’avait peint que la tête et tracé la silhouette, Mme Vigée dut faire une course à Paris, où « je vis tant de choses effrayantes que je ne retournais pas à Lucienne, ji laissa ce portrait que jai chez moi à présent et dont je vais finir l’habillement. Le premier portrait de Mme du Barry le l’ai peint en peignoir, avec un chapeau de paille. Le 2e portrait était pour le duc de Brissac elle est peinte en satin blanc le bras appuyé sur un pied d’estale »…
Partager