Lot n° 207

LESNAUDERIE ; MONTAUBAN ; VALENTIN et ORSON 3 ouvrages en 1 vol.

Estimation : 4 000 - 5 000
Adjudication : 17 840 €
Description
Lyon, par Estiêne Baland Imprimeur de ladicte cite demourant en la grand Rue du Puis Pelu ou lieu, dit Paradis, pour maistre Jan Lemaire, mai 1511. In-4, maroquin brun, plats ornés d’un grand décor formé de multiples encadrements dorés et à froid avec filets et roulettes, fleurs de lys et hermines, au centre des plats bandeau vertical à froid orné de quatre petits portraits en médaillon dans des couronnes de laurier, dos muet à 5 doubles nerfs, gardes de soie brochée rose à motif floral, tranches dorées ( Gruel ).

Baudrier, XI-9 // Bechtel, 435/L-194 // Brunet, III-961 // Gültlingen, II, p. 86, n° 30 // Tchemerzine-Scheler, IV-124 // USTC, 11027.

(42f.) / a-i4, k6 / 48 longues lignes, car. goth. / 175 × 250 mm.

Édition originale.
Poète de cour et de circonstance, Jean Lemaire de Belges (1473-1524) fut l’un des grands rhétoriqueurs de son temps, dans la tradition des Chastelain et Molinet dont il fut d’ailleurs respectivement le secrétaire et le neveu. Le Traité de la différence des schismes est une œuvre de commande s’inscrivant dans le conflit opposant Louis XII au pape Jules II et visant à légitimer les ambitions italiennes du roi de France. Ce dernier souhaitait la réunion d’un concile sur le sujet et l’ouvrage tend à prouver que les schismes ont de tous temps été provoqués par les papes, quand les conciles œuvrent à rapprocher les chrétiens. Lemaire de Belges attaque ici le pouvoir temporel de Rome et, pour rendre plus plaisant son traité, y ajoute des textes destinés à piquer la curiosité du lecteur (Bechtel) : l’histoire du prince Syach, roi de Perse, ainsi que deux prophéties en latin sur la ruine des Vénitiens, précédés par un Blason des armes des Vénitiens , poème de 28 vers à la gloire de Louis XII vainqueur des Vénitiens : La ou on voit desmaintenant / que le porc Espic trespuissant / Est plusfort que ung Lyon bryant / Plus redoubte que ung elephant …
Le Traité de la différence des schismes connut un grand succès et fut
de nombreuses fois réédité, notamment pour être ajouté aux éditions des Illustrations de Gaule dont il forme la quatrième partie. Tchemerzine décrit une édition en 38 feuillets portant la même date, le même titre, le même colophon et les mêmes gravures, qu’il est le seul à mentionner, et que Bechtel met en doute. L’édition décrite par Bechtel est conforme à la nôtre, à la différence d’un colophon daté 1512. Il est probable qu’il y ait une confusion entre les deux éditions et qu’il n’en existe en réalité qu’une seule. L’édition est ornée d’une petite lettrine grotesque sur le titre et de trois grands bois à pleine page: armes de France et de Bretagne (f. a1v), bois attribué par Baudrier au Maître au nombril, identifié comme Guillaume II Leroy, armes de Lyon (f. a4v) et blason de Jean Lemaire avec sa devise De peu assez (verso du dernier feuillet). Marque d’Étienne Baland au colophon. Superbe exemplaire dans une très séduisante reliure de Gruel. L’exemplaire a été lavé avec certains feuillets très pâlis, dont 6 portent des annotations ou soulignements anciens à l’encre (ff. a4r, b3v, b4r, c3v, c4r,
i3r).
Cahiers c et d intervertis, restauration atteignant le texte à un feuillet (e4) et traversant un autre feuillet (k5), petit manque marginal au feuillet f3 ; 6 feuillets légèrement plus courts dans la marge supérieure (a2, a3, b1, b4, k2 et k5).
Louange de mariage : titre en rouge et noir et marque de Pierre Sergent (Renouard, n° 1034) au verso du dernier feuillet. Nombreuses lettrines xylographiques de différents alphabets.
Quatre fils Aymon : titre en rouge et noir orné d’un grand bois représentant quatre hommes montés sur le même cheval sortant d’un château et 7 bois dans le texte (en réalité 6 bois différents dont un répété). Lettrines xylographiques.
Valentin et Orson : titre en rouge et noir orné d’un grand bois représentant un chevalier en armure armé d’une lance de tournoi devant la foule, deux bois à pleine page, 24 gravures dans le texte (11 bois différents dont 6 répétés) et marque de Pierre Sergent (Renouard, n° 1034). L’un des bois à pleine page, un homme à cheval à la tête de ses troupes, a été copié sur un bois utilisé par Michel Le Noir pour illustrer ses éditions de Beufves Dantonne (1502, cf. vente Jean Bourdel, I, n° 9) et Gyron le Courtoys (1519, cf. le n° 192 du présent catalogue).
Il est difficile d’identifier l’édition de L’hystoire des quatre filz Aymon , qui ne porte aucune mention d’éditeur ou de date, et à laquelle il manque le dernier feuillet, peut-être porteur d’une marque ou d’un colophon. On peut la rapprocher de l’édition donnée par Nicolas Chrestien vers 1550 (Bechtel R-149), dont la collation est la même. La comparaison avec l’exemplaire de la British Library (1073.i.7) révèle pourtant d’importantes différences de composition.
La grande proximité avec l’édition du Valentin et Orson reliée dans le même volume et publiée pour Pierre Sergent (composition du titre, caractères, titre courant en abrégé au premier feuillet de chaque cahier) nous conduit à penser, sans pouvoir l’affirmer, que les Quatre filz Aymon sortent du même atelier.
On peut enfin dater le Valentin et Orson de Pierre Sergent, inconnu à Bechtel et Brunet, grâce à l'adresse de l'imprimeur Jean Réal rue traversine pres le chãpt gaillart a lêseigne du cheval blãc . Réal utilisa en effet cette adresse entre 1542 et 1548 et Pierre Sergent ayant exercé jusqu’en 1547, on peut en déduire que le volume fut imprimé entre 1542 et 1547.
On ne peut qu’insister sur la rareté des trois éditions réunies ici, parmi lesquelles deux ne semblent pas avoir été décrites par les bibliographes. Elles ont été réunies et reliées ensemble peu de temps après leur publication.
Reliure un peu tachée avec les ornements en partie effacés, dos écaillé, 4 trous de vers aux mors, gardes renouvelées. Manque le dernier feuillet des Quatre filz Aymon .
Exemplaire court dans la marge supérieure, avec parfois de légères atteintes à la première ligne du Livre des quatre filz Aymon , quelques cahiers brunis, manque marginal au dernier cahier de Valentin et Orson , une tache noire en tête d’un cahier de La Louange de mariage (cahier Q).

Provenance :
Ex-libris ancien Friderii (?) à Brecht à l’encre raturé sur le titre et cachet ovale en partie effacé sur le titre.
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