Lot n° 193

[François HABERT] Le Passe Temps et le songe du Triste

Estimation : 3 000 - 4 000
Adjudication : 5 097 €
Description
Lyon, Claude Veycellier, demourant en la rue merciere a lenseigne sainct Jehan baptiste, Lã de trois croix cinq croissant ung trepier, s.d. (1530).
Petit in-4, maroquin janséniste rouge, dos à 5 nerfs, doublure bord à bord du même maroquin, tranches dorées, étui (P.-L. Martin).
Baudrier, XII-428 // Bechtel, 360/H-3 // Brunet, IV-420 // Gültlingen, VI,
p. 107, n° 6 // USTC, 79965.
(68f., le dernier blanc) / A-R4 / 31 lignes, car. goth. / 113 × 168 mm.
Rare seconde édition.
François Habert (1508-1561), poète français né à Issoudun, mena une vie dissipée d’étudiant à Paris avant que ses frasques ne conduisent son père à l’envoyer étudier le droit à Toulouse. La mort de son père le laissa sans ressources et le conduisit à devenir secrétaire du comte de Nevers, qui le présenta à la Cour où Henri II lui accorda une pension qui fut aléatoirement payée. Ses déboires financiers et probablement personnels conduisirent le poète malheureux à prendre le surnom évocateur du Banni de liesse. C’est de ce surnom que l’on tire l’attribution à Habert du Songe du Triste : le poème, anonyme, contient en effet ces deux vers : Et que je suis de lyesse banny / Mocque damours et dheur bon forbanny (f. D3v).
Ce recueil de poèmes en décasyllabes conte la peine d’un amant malheureux :
En ce traicte plaisant ク delectable Est contenu sans mensonge ne fable
Le mal, labbuz, ク travail sans honneur
Dung povre amant trop hault entrepreneur…
Le recueil se clôt en effet par la mort vertueuse de la belle, Ung parragon de chaste loyaulte / Qui en ses meurs fut tant noble et illustre / Quelle effacoit des sabynes le lustre.
Le poème du Passe Temps parut d’abord à Paris chez Longis en 1529. Cette édition lyonnaise donnée par Claude Veycellier ne porte pas de millésime, mais on la date de 1530 d’après le curieux quatrain du colophon :
Lã de trois croix cinq croissant ung trepier Vindrêt despaigne noz seigneurs filz de France Et a Bayonne de Juillet le premier
De leur ostage fust faicte delivrance.
Si on peut aisément traduire les trois croix, les cinq croissants et le trépied par la date romaine inversée de XXXCCCCCM (1530), il se trouve également que les enfants de François Ier, otages en Espagne en garantie du traité de Madrid, furent rendus à la France le 1er juillet 1530.
La page de titre, imprimée en rouge et noir, est illustrée de trois bois accolés représentant un arbre, Lamãt triste songeant et une église.
L’édition est très rare et l’USTC n’en recense aucun exemplaire dans les collections publiques.
Très bel exemplaire en reliure doublée de Martin.
Exemplaire portant un fantôme d’ex-libris ancien sur le titre. Restauration marginale au feuillet D3 et feuillet G2 plus court de 3 mm dans la marge latérale.
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