[MANUSCRIT]. [BIBLE]. Ancien Testament ; Nouveau Testament ; Interprétation des noms hébraïques. En latin, manuscrit décoré sur parchemin. Espagne, Royaume de Castille (Séville ?), vers 1250-1275. 375 ff., avec les quatre premiers feuillets blancs et réglés différemment du reste du manuscrit, première page écrite (fol. 5v), parchemin très fin et préparé avec soin (préparation du parchemin du type de celle pratiquée en Europe du Sud), manuscrit complet (collation impraticable, reliure ancienne serrée, quelques réclames par exemple ff. 341v, 357v signalant une composition en cahiers de 14 et de 16 ff.), écriture gothique très abrégée (plusieurs mains d’un même atelier) à l’encre brune, une main distincte pour l’Interprétation des noms hébraïques (ff. 328-374v), manuscrit à grandes marges, texte copié en deux colonnes (jusque 58 lignes par colonne), réglure à la pointe sèche, rubriques en rouge, titres courants en rouge et bleu dans la marge supérieure, chapitres bibliques signalés en chiffres romains et reportés dans les marges, certaines majuscules rehaussées de rouge dans le texte (ces majuscules sont parfois manquantes dans le texte, signe que le rubricateur n’a pas terminé son travail, par exemple colonne de gauche, fol. 254), nombreuses initiales peintes (2 à 4 lignes de hauteur) en bleu ou en rouge avec décor filigrané en rouge ou en bleu clair introduisant les changements de chapitres bibliques reportés dans les marges extérieures des feuillets (et non pas inclus dans la justification du texte), plus grandes initiales peintes en rouge ou en bleu avec décor filigrané de couleur opposée plus développé se prolongeant dans les marges (5 à 15 lignes de hauteur) introduisant les grandes divisions textuelles (prologues et changement de livres bibliques), on notera que la grande initiale peinte en rouge du « Frater Ambrosius » (fol. 6) se prolonge sur 36 lignes de texte, aussi la grande initiale peinte en bleu du « In principio creavit deus… » (début du livre de la Genèse) avec décor filigrané rouge et rehauts aquarellés verts (fol. 8) se prolonge sur 45 lignes de texte, grande initiale ‘L’ peinte en rouge avec décors ornementaux ajourés et décor filigrané bleu clair introduisant le commencement de l’Evangile selon saint Mathieu (fol. 260), initiale un peu différente pour introduire l’Interprétation des noms hébraïques (fol. 328) de type ‘puzzle’ en rouge et bleu avec décor filigrané rouge et bleu (le bleu plus foncé, différent du reste des décors filigranés en bleu pâle). Reliure gothique de la fin du XIVe ou XVe siècle, veau estampé à froid, veau havane sur ais de bois, dos à 6 nerfs ponctué de fleurons et filets à froid, décor aux petits fers répétés (fer avec pélican mystique et les lettres LIDA, répété dans l’encadrement extérieur ; fer au lapin ou lièvre ; fer à l’animal hybride ou griffon), encadrements et panneaux multiples séparés par des filets multiples à froid, tranches dorées, inscription à l’encre sur la tranche : “Biblia manuscripta.” Cette reliure peut être rapprochée d’une reliure renfermant également une Bible du XIIIe siècle et conservée à Milan, Bibliotheca Braidense, AD.XII. 45, dite de facture française. Quelques restaurations à la reliure, quelques épidermures, bel état intérieur (quelques initiales faiblement maculées, par exemple fol. 73v), quelques plis au parchemin (un peu plus prononcés aux ff. 115-132 dans les coins supérieurs), quelques traces de galeries de vers mais sans gravité. Boite de conservation moderne. Dimensions des feuillets : 175 x 115 mm ; dimensions de la reliure : 182 x 120 mm Rare témoin d’une Bible portative réalisée à l’époque du règne d’AlphonseX le Sage (Alfonso el Sabio) (1221-1284) qui accède au trône en 1252. Ce manuscrit présente le type de décor filigrané vermiculé (voir Avril et alia, 1982) à mettre en relation avec les manuscrits bibliques réalisés sous le règne ou dans l’entourage d’AlphonseX le Sage dans la seconde moitié du XIVe siècle. Les petites Bibles portables contenant le texte complet de l’Ancien et du Nouveau Testament constituent l’une des grandes innovations du XIIIe siècle, développées dans les milieux des prédicateurs dominicains et franciscains. Les premières Bibles portatives (en anglais, « pocket Bibles ») ont peut-être été copiées à Paris à la fin des années 1220 ou au début des années 1230 (voir les travaux de Laura Light et Chiara Ruzzier). Des exemples espagnols de ce type de Bible apparaissent assez tôt (Paris, BnF, n.a.l. 836 est daté de 1240), mais à ce jour il n’existe aucune étude complète consacrée aux Bibles latines du XIIIe siècle en Espagne. Dans une étude récente de Chiara Ruzzier sur les Bibles portatives du XIIIe siècle, basée sur un échantillon très complet de manuscrits survivants, seulement 3 % des Bible