Lot n° 26
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NAPOLEON BONAPARTE. - Code civil des Français. adition originale et seule officielle. Paris, Imprimerie de la République, 1804. In-4 (reliure : 21 x 27 x 7,3 cm ; feuille : 20 x 25,8 x 5,5 cm), faux-titre, titre, 579 pp. [pp. 1-558 :...

Estimation : 100 000, - 200 000, €
Adjudication : 310 000 €
Description

2281 articles ; pp. 559-562 : Loi sur la réunion des lois civiles ; pp. 563-779 : Table], maroquin à  long grain rouge, roulette de palmes en encadrement, disque rayonnant aux angles, grand ornement central portant le chiffre NB, dos lisse orné d'une alternance d'urnes à  l'antique et ovales dentelés, avec de petits éventails dans les angles, frise de grecques sur les coupes et dans l'encadrement intérieur, tranches dorées (Rel. de l'époque). adition originale du Code civil au format in-4 et sur grand papier vélin.

Exemplaire personnel de Napoléon Bonaparte Premier Consul, relié à  son chiffre NB. Le Code civil, le grand œuvre de Napoléon : La rédaction du Code civil a pleinement conduite par Napoléon. Les premiers projets ont amorcés en 1793 par Cambacérès, pour une classification, uniformisation et codification de toutes les lois civiles françaises. Mais lorsque Bonaparte arrive au pouvoir en tant que Premier consul en novembre 1799, c'est lui qui, au sein du Conseil d'état, anime activement cette importante réforme. Cet œuvre est un enjeu majeur pour Napoléon Bonaparte, un outil de pouvoir et de prestige, qu'il souhaite le reflet de la modernisation de son gouvernement. En 1800, Bonaparte nomme aux caractères du deuxième consul Cambacérès une commission de quatre grands juristes : Tronchet, Bigot de Préameneu, Maleville et Portalis. Il participe lui même aux débats, et dirige plus de la moitié des 102 séances. Le travail de rédaction est rapidement achevé : le projet définitif est examiné dans 1801, mais il faut encore du temps pour répondre aux critiques contre certaines dispositions législatives. Le 30 ventôse an XII (21 mars 1804), le Code civil des Français - immense recueil de 36 lois réunissant 2281 articles - est enfin promulgué. Seulement deux mois après, le 28 floréal an XII (18 mai 1804), l'Empire est proclamé. Le Code civil fait alors très vite l'objet d'un véritable culte, devenant le Code Napoléon pour la deuxième édition, parue en 1807 (3 ans après l'avènement du régime impérial). Puis lorsque la troisième édition officielle est publiée après l'ordonnance du 30 août 1816, l'Å“uvre reprend le titre de Code civil. Rare tirage sur grand papier vélin : L'édition originale in-4 du Code civil en grand papier est rare. Eugène Dramard, dans sa Bibliographie raisonnée du droit civil (1879), ne décrit pas de tirages de luxe, mais cite quatre éditions simultanées, en petits tirages (in-4, in-8 et in-32). Un autre exemplaire en grand papier vélin est mentionné dans le catalogue de La Malmaison (1829, n° 284), mais il n'est pas spécifié s'il est au chiffre de Napoléon.

On connait 4 exemplaires sur peau de vélin de cette adition originale in-4. Le premier (conservé à la BnF, Vélins-993) ne porte aucun signe d'appartenance ; il peut être attribué à  Napoléon Bonaparte grace à un feuillet sur peau de velin, glissé dans le volume, imprimé en lettres d'or au nom du directeur de l'Imprimerie de La République, Jean-Joseph Marcel (1776-1854), qui offre cet exemplaire à l'Empereur le 21 mai 1806 ; soit deux ans aprés l'impression du Code civil mais la même année que le Code de procédure civile. Celui du Deuxiéme Consul Cambacérès (conservé à  la BnF, RES 4-Z ADLER-53) porte le chiffre C dans un médaillon, au centre des plats. Celui du Troisiéme Consul, Charles-François Lebrun, futur Duc de Plaisance, porte le chiffre L ; c'est le seul cité par Brunet et Dramard ; il fit partie de la Bibliothèque Sir Robert Abdy (1975, n°70-71) et passa en vente publique en 2004 (n° 18 du 24 nov. 2004, Christie's), puis en 2019 (n° 1530 du 5 avril 2019, Vente 21 Aristophile) ; on a depuis perdu sa trace. L'exemplaire de Lebrun est lui-même composé d'une paire, le Code civil de 1804 et le Code de procédure civile de 1806. Le quatrième exemplaire sur peau de vélin est celui du Grand Juge (ministre de la Justice) Claude Ambroise Régnier, duc de Massa (conservé à Fontainebleau, F2022.11.1). Ces 4 exemplaires de grand luxe sur peau de vélin portent une reliure pratiquement identique : un maroquin à long grain bleu nuit, orné d'une roulette de palmes en encadrement et au dos, urne antique et médaillon ovale. La reliure qui habille notre exemplaire est elle aussi très similaire, ce qui permet de se rapprocher de cette illustre origine ; le nôtre se distingue par sa couleur de maroquin rouge. Exemplaire de Napoléon Bonaparte Premier Consul : Plusieurs éléments - outre la similitude de cette reliure avec celles des exemplaires sur peau de vélin des trois consuls - permettent d'authentifier cette prestigieuse provenance. Sobre, ce chiffre NB est rare ; il a été par deux fois attribué à Napoléon Bonaparte Premier consul : il est ainsi décrit sur un Code Civil, édition 1804 in-8, frappé au-dessus de la mention "Fontainebleau" (conservé à Fontainebleau, FB.37376) ; il est également signalé dans Olivier-Hermal-Roton, Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, pl. 2652, fer n°5, sur l'ouvrage de Prony sur les eaux courantes, 1804. Concernant le fer ornemental supportant ce chiffre NB, rare également, on l'a retrouvé sur une reliure au chiffre de Lucien Bonaparte (Fénelon. Les Aventures de Télémaque, 1790 - Aristophile ventes Napoléoniennes, n° 1553, 5 avril 2019 ; reliure signée Pertuisot). Enfin, sur le premier feuillet de texte et le dernier feuillet de table, a été apposé un cachet ovale de cire rouge, fort rare, authentifiant l'appartenance au Ier Consul, avec la mention "Bonaparte Ier Consul de la Rep." Sous le Consulat puis l'Empire, Bonaparte investit les résidences royales et constitue de riches bibliothèques personnelles, qu'il souhaite homogènes, grâce à son premier bibliothécaire, Louis-Madeleine Ripault - qui s'acquitte de cette tâche jusqu'en 1807 -, puis avec Antoine-Alexandre Barbier (qui avait constitué la bibliothèque du Directoire, puis du Conseil d'État). Le Code civil est l'un des titres les plus importants des bibliothèques particulières de l'Empereur ; ce dernier demande à avoir un exemplaire dans chacun de ses cabinets de travail, dans toutes ses résidences, jusque sur l'ÃŽle d'Elbe. Et pourtant, l'historien et bibliophile Gustave Mouravit s'interroge : "Comment ne retrouvons-nous pas dans les bibliothèques privées de Napoléon ce monument typographique ?"(Napoléon bibliophile. 1905, p. 95). Ainsi, cet exemplaire de luxe de l'édition originale du Code civil, en grand papier et au chiffre du Premier Consul, est particulièrement exceptionnel et précieux. Provenance : Depuis toujours dans la même famille : Étienne Charvet, puis son fils Jean-Pierre Charvet ; et jusqu'à aujourd'hui, conservé par leurs descendants. Concierge-régisseur de la Malmaison en 1798, puis régisseur du Palais de Saint-Cloud de 1802 à 1814, Étienne Charvet est un homme de confiance de Napoléon et un maillon essentiel du quotidien de la Cour : "Étienne Charvet, ancien concierge de Malmaison puis de Saint-Cloud, à qui Napoléon avait fait cadeau de 10.000 francs en quittant Fontainebleau, rejoignit à son tour l'île d'Elbe en juin." (Vial, Napoléon et les bibliothèques, p. 252). Il remet en 1815 à son fils Jean-Pierre ce volume, telle une précieuse relique. Toute la famille Charvet est proche de l'Empereur. Jean-Pierre Charvet dresse l'inventaire du Château de Saint-Cloud en 1814-1815. Il épouse en 1816 à Elbeuf la fille d'un important drapier et développe une fabrique de tissus réputée pour ses nouveautés de pantalons et manteaux pour dames (médaille d'argent en 1834). Sa sÅ“ur Louise, lingère impériale à Saint-Cloud, avait épousé le valet de Napoléon, Constant Wairy ; le couple rejoint l'entreprise de Jean-Pierre à Elbeuf. L'univers familial étant lié à la mode et du textile, signalons également que le frère d'Étienne Charvet (qui porte le même nom que son neveu, Jean-Pierre Charvet) est le conservateur de la Garde-Robe de l'Empereur ; et c'est son fils Christofle Charvet (1806-1870) qui fonde en 1838 la maison de confection aujourd'hui célèbre, Charvet Place Vendôme. Remarques sur cet exemplaire : Corrections manuscrites au crayon p. 5, p. 13 et 14 ("Procureur impérial" remplace "le commissaire du Gouvernement"). Cahiers Mm et Nn inversés. Le volume souffrit de l'humidité. Reliure restaurée, éraflures sur les plats ; gardes de papier marbré et gardes blanches modernes ; certains feuillets fragilisés : marges effritées, ou légèrement plus courtes ; faux-titre et titre remontés sur onglets ; feuillet A réenmargé, ainsi que les deux derniers feuillets, qui sont également tachés (avec mouillures) ; feuillets du cahier B prêts à se détacher. Sources bibliographiques : - MOURAVIT (Gustave). Napoléon bibliophile. Paris, A. Blaizot, 1905, p. 95 : La "fleur de la collection" des livres de la Malmaison constitue en un ensemble de 11 ouvrages reliés en maroquin rouge, "les grands élus", parmi lesquels "le Code civil des Français, édition originale de 1804, en grand papier vélin, in-4° ; - J'ai le devoir d'ajouter qu'aux Tuileries, il y avait un Code Napoléon "imprimé sur peau de vélin" (Barbier oublie de nous dire de quelle édition) ; c'est un exemple unique de ce genre de luxe dans les collections napoléoniennes". - DRAMARD (Eugène). Bibliographie raisonnée du droit civil. 1879, n° 18 : "in-4, papier fin, 12 à 15 frcs (75 émiss.) / in-4, papier ordin., 8 à 11 frcs (75 émiss.) / in-8, papier ordin., 4 à 5 frcs (50 émiss.) / in-32, papier ordin., 1,80 à 2 frcs (45 émiss.)" - BRUNET, II, 118 : "il a été tiré sur [peau de] VÉLIN trois exemplaires de cette édition originale". - CATALOGUE de La Malmaison, n° 284, Notice des livres composant la bibliothèque de La Malmaison, 1829 : "pap. vélin, maroquin rouge, dor. sur tranche". - OLIVIER-HERMAL-ROTON. Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, pl. 2652. - DELAROCHE. Trésor de numismatique et de glyptique, ou Recueil général de médailles, 1831-1850, tome 14 sur Napoléon ; ne répertorie pas le cachet. - VIAL (Charles-Éloi). Napoléon et les bibliothèques. Perrin, 2021, p. 70 : "Dès les premières années de l'Empire, la distinction fut ainsi faite entre les "bibliothèques particulières" réservées au souverain et les "grandes bibliothèques" destinées à l'usage de la cour et du gouvernement, qui furent aménagées à Fontainebleau et à Compiègne (...). Aux Tuileries et à Saint-Cloud, Napoléon jugea qu'il était probablement inutile de dépenser de l'argent, la plupart de ses proches disposant eux-mêmes de leurs propres bibliothèques et ses collaborateurs pouvant facilement solliciter les fonds des administrations ou des ministères." - CHARVET (Jean-Pierre). Inventaire du Château de Saint-Cloud, 1814-1815. Manuscrit conservé au Musée des Avelines à Saint-Cloud, "inv : 621" ; aucun détail du contenu de la bibliothèque (p. 13, "cette bibliothèque contient des cartes, plans, et livres d'histoire."), ni du cabinet de travail.
NAPOLÉON BONAPARTE.
- Code civil des Français. Édition originale et seule officielle. Paris, Imprimerie de la République, 1804.
In-4 (reliure : 21 x 27 x 7,3 cm ; feuille : 20 x 25,8 x 5,5 cm), faux-titre, titre, 579 pp. [pp. 1-558 : 2281 articles ; pp. 559-562 : Loi sur la réunion des lois civiles ; pp. 563-779 : Table], maroquin à long grain rouge, roulette de palmes en encadrement, disque rayonnant aux angles, grand ornement central portant le chiffre NB, dos lisse orné d'une alternance d'urnes à l'antique et ovales dentelés, avec de petits éventails dans les angles, frise de grecques sur les coupes et dans l'encadrement intérieur, tranches dorées (Rel. de l'époque).
Édition originale du Code civil au format in-4 et sur grand papier vélin.

Exemplaire personnel de Napoléon Bonaparte Premier Consul, relié à son chiffre NB.

Le Code civil, le grand œuvre de Napoléon :
La rédaction du Code civil a été pleinement conduite par Napoléon.
Les premiers projets ont été amorcés en 1793 par Cambacérès, pour une classification, uniformisation et codification de toutes les lois civiles françaises. Mais lorsque Bonaparte arrive au pouvoir en tant que Premier consul en novembre 1799, c'est lui qui, au sein du Conseil d'État, anime activement cette importante réforme.
Cet œuvre est un enjeu majeur pour Napoléon Bonaparte, un outil de pouvoir et de prestige, qu'il souhaite le reflet de la modernisation de son gouvernement.
En 1800, Bonaparte nomme aux côtés du deuxième consul Cambacérès une commission de quatre grands juristes : Tronchet, Bigot de Préameneu, Maleville et Portalis. Il participe lui-même aux débats, et dirige plus de la moitié des 102 séances. Le travail de rédaction est rapidement achevé : le projet définitif est examiné dès 1801, mais il faut encore du temps pour répondre aux critiques contre certaines dispositions législatives.
Le 30 ventôse an XII (21 mars 1804), le Code civil des Français - immense recueil de 36 lois réunissant 2281 articles - est enfin promulgué.
Seulement deux mois après, le 28 floréal an XII (18 mai 1804), l'Empire est proclamé.
Le Code civil fait alors très vite l'objet d'un véritable culte, devenant le Code Napoléon pour la deuxième édition, parue en 1807 (3 ans après l'avènement du régime impérial). Puis lorsque la troisième édition officielle est publiée après l'ordonnance du 30 août 1816, l'œuvre reprend le titre de Code civil.

Rare tirage sur grand papier vélin :
L'édition originale in-4 du Code civil en grand papier est rare. Eugène Dramard, dans sa Bibliographie raisonnée du droit civil (1879), ne décrit pas de tirages de luxe, mais cite quatre éditions simultanées, en petits tirages (in-4, in-8 et in-32).

Un autre exemplaire en grand papier vélin est mentionné dans le catalogue de La Malmaison (1829, n° 284), mais il n'est pas spécifié s'il est au chiffre de Napoléon.
On connaît 4 exemplaires sur peau de vélin de cette édition originale in-4. Le premier (conservé à la BnF, Vélins-993) ne porte aucun signe d'appartenance ; il peut être attribué à Napoléon Bonaparte grâce à un feuillet sur peau de vélin, glissé dans le volume, imprimé en lettres d'or au nom du directeur de l'Imprimerie de La République, Jean-Joseph Marcel (1776-1854), qui offre cet exemplaire à l'Empereur le 21 mai 1806 ; soit deux ans après l'impression du Code civil mais la même année que le Code de procédure civile.
Celui du Deuxième Consul Cambacérès (conservé à la BnF, RES 4-Z ADLER-53) porte le chiffre C dans un médaillon, au centre des plats.
Celui du Troisième Consul, Charles-François Lebrun, futur Duc de Plaisance, porte le chiffre L ; c'est le seul cité par Brunet et Dramard ; il fit partie de la Bibliothèque Sir Robert Abdy (1975, n°70-71) et passa en vente publique en 2004 (n° 18 du 24 nov. 2004, Christie's), puis en 2019 (n° 1530 du 5 avril 2019, Vente 21 Aristophile) ; on a depuis perdu sa trace. L'exemplaire de Lebrun est lui-même composé d'une paire, le Code civil de 1804 et le Code de procédure civile de 1806.
Le quatrième exemplaire sur peau de vélin est celui du Grand Juge (ministre de la Justice) Claude Ambroise Régnier, duc de Massa (conservé à Fontainebleau, F2022.11.1).
Ces 4 exemplaires de grand luxe sur peau de vélin portent une reliure pratiquement identique : un maroquin à long grain bleu nuit, orné d'une roulette de palmes en encadrement et au dos, urne antique et médaillon ovale.
La reliure qui habille notre exemplaire est elle aussi très similaire, ce qui permet de se rapprocher de cette illustre origine ; le nôtre se distingue par sa couleur de maroquin rouge.

Exemplaire de Napoléon Bonaparte Premier Consul :
Plusieurs éléments - outre la similitude de cette reliure avec celles des exemplaires sur peau de vélin des trois consuls - permettent d'authentifier cette prestigieuse provenance.
Sobre, ce chiffre NB est rare ; il a été par deux fois attribué à Napoléon Bonaparte Premier consul : il est ainsi décrit sur un Code Civil, édition 1804 in-8, frappé au-dessus de la mention "Fontainebleau" (conservé à Fontainebleau, FB.37376) ; il est également signalé dans Olivier-Hermal-Roton, Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, pl. 2652, fer n°5, sur l'ouvrage de Prony sur les eaux courantes, 1804.
Concernant le fer ornemental supportant ce chiffre NB, rare également, on l'a retrouvé sur une reliure au chiffre de Lucien Bonaparte (Fénelon. Les Aventures de Télémaque, 1790 - Aristophile ventes Napoléoniennes, n° 1553, 5 avril 2019 ; reliure signée Pertuisot).
Enfin, sur le premier feuillet de texte et le dernier feuillet de table, a été apposé un cachet ovale de cire rouge, fort rare, authentifiant l'appartenance au Ier Consul, avec la mention "Bonaparte Ier Consul de la Rep."

Sous le Consulat puis l'Empire, Bonaparte investit les résidences royales et constitue de riches bibliothèques personnelles, qu'il souhaite homogènes, grâce à son premier bibliothécaire, Louis-Madeleine Ripault - qui s'acquitte de cette tâche jusqu'en 1807 -, puis avec Antoine-Alexandre Barbier (qui avait constitué la bibliothèque du Directoire, puis du Conseil d'État).
Le Code civil est l'un des titres les plus importants des bibliothèques particulières de l'Empereur ; ce dernier demande à avoir un exemplaire dans chacun de ses cabinets de travail, dans toutes ses résidences, jusque sur l'Île d'Elbe.
Et pourtant, l'historien et bibliophile Gustave Mouravit s'interroge : "Comment ne retrouvons-nous pas dans les bibliothèques privées de Napoléon ce monument typographique ?"(Napoléon bibliophile. 1905, p. 95).
Ainsi, cet exemplaire de luxe de l'édition originale du Code civil, en grand papier et au chiffre du Premier Consul, est particulièrement exceptionnel et précieux.

Provenance :
Depuis toujours dans la même famille : Étienne Charvet, puis son fils Jean-Pierre Charvet ; et jusqu'à aujourd'hui, conservé par leurs descendants.
Concierge-régisseur de la Malmaison en 1798, puis régisseur du Palais de Saint-Cloud de 1802 à 1814, Étienne Charvet est un homme de confiance de Napoléon et un maillon essentiel du quotidien de la Cour : "Étienne Charvet, ancien concierge de Malmaison puis de Saint-Cloud, à qui Napoléon avait fait cadeau de 10.000 francs en quittant Fontainebleau, rejoignit à son tour l'île d'Elbe en juin." (Vial, Napoléon et les bibliothèques, p. 252). Il remet en 1815 à son fils Jean-Pierre ce volume, telle une précieuse relique.
Toute la famille Charvet est proche de l'Empereur. Jean-Pierre Charvet dresse l'inventaire du Château de Saint-Cloud en 1814-1815. Il épouse en 1816 à Elbeuf la fille d'un important drapier et développe une fabrique de tissus réputée pour ses nouveautés de pantalons et manteaux pour dames (médaille d'argent en 1834). Sa sœur Louise, lingère impériale à Saint-Cloud, avait épousé le valet de Napoléon, Constant Wairy ; le couple rejoint l'entreprise de Jean-Pierre à Elbeuf.
L'univers familial étant lié à la mode et du textile, signalons également que le frère d'Étienne Charvet (qui porte le même nom que son neveu, Jean-Pierre Charvet) est le conservateur de la Garde-Robe de l'Empereur ; et c'est son fils Christofle Charvet (1806-1870) qui fonde en 1838 la maison de confection aujourd'hui célèbre, Charvet Place Vendôme.

Remarques sur cet exemplaire :
Corrections manuscrites au crayon p. 5, p. 13 et 14 ("Procureur impérial" remplace "le commissaire du Gouvernement").
Cahiers Mm et Nn inversés.
Le volume souffrit de l'humidité. Reliure restaurée, éraflures sur les plats ; gardes de papier marbré et gardes blanches modernes ; certains feuillets fragilisés : marges effritées, ou légèrement plus courtes ; faux-titre et titre remontés sur onglets ; feuillet A réenmargé, ainsi que les deux derniers feuillets, qui sont également tachés (avec mouillures) ; feuillets du cahier B prêts à se détacher.

Sources bibliographiques :
- MOURAVIT (Gustave). Napoléon bibliophile. Paris, A. Blaizot, 1905, p. 95 : La "fleur de la collection" des livres de la Malmaison constitue en un ensemble de 11 ouvrages reliés en maroquin rouge, "les grands élus", parmi lesquels "le Code civil des Français, édition originale de 1804, en grand papier vélin, in-4° ; - J'ai le devoir d'ajouter qu'aux Tuileries, il y avait un Code Napoléon "imprimé sur peau de vélin" (Barbier oublie de nous dire de quelle édition) ; c'est un exemple unique de ce genre de luxe dans les collections napoléoniennes".
- DRAMARD (Eugène). Bibliographie raisonnée du droit civil. 1879, n° 18 : "in-4, papier fin, 12 à 15 frcs (75 émiss.) / in-4, papier ordin., 8 à 11 frcs (75 émiss.) / in-8, papier ordin., 4 à 5 frcs (50 émiss.) / in-32, papier ordin., 1,80 à 2 frcs (45 émiss.)"
- BRUNET, II, 118 : "il a été tiré sur [peau de] VÉLIN trois exemplaires de cette édition originale".
- CATALOGUE de La Malmaison, n° 284, Notice des livres composant la bibliothèque de La Malmaison, 1829 : "pap. vélin, maroquin rouge, dor. sur tranche".
- OLIVIER-HERMAL-ROTON. Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, pl. 2652.
- DELAROCHE. Trésor de numismatique et de glyptique, ou Recueil général de médailles, 1831-1850, tome 14 sur Napoléon ; ne répertorie pas le cachet.
- VIAL (Charles-Éloi). Napoléon et les bibliothèques. Perrin, 2021, p. 70 : "Dès les premières années de l'Empire, la distinction fut ainsi faite entre les "bibliothèques particulières" réservées au souverain et les "grandes bibliothèques" destinées à l'usage de la cour et du gouvernement, qui furent aménagées à Fontainebleau et à Compiègne (...). Aux Tuileries et à Saint-Cloud, Napoléon jugea qu'il était probablement inutile de dépenser de l'argent, la plupart de ses proches disposant eux-mêmes de leurs propres bibliothèques et ses collaborateurs pouvant facilement solliciter les fonds des administrations ou des ministères."
- CHARVET (Jean-Pierre). Inventaire du Château de Saint-Cloud, 1814-1815. Manuscrit conservé au Musée des Avelines à Saint-Cloud, "inv : 621" ; aucun détail du contenu de la bibliothèque (p. 13, "cette bibliothèque contient des cartes, plans, et livres d'histoire."), ni du cabinet de travail.

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