Lot n° 131

LISZT Franz (1811-1886). — L.A.S. « F. Liszt », Avignon 6 mai 1845, à « Mon bon José » [Joseph d'ORTIGUE] ; 4 pages in-8 sur papier bleuté.

Estimation : 1200 - 1500
Adjudication : 3 250 €
Description
Belle lettre sur l'amitié et sur Lamennais.

Il est sensible au souvenir de José. « Je sais que c'est ma nature d'être parfois brusque, voire même désagréable, il ne m'est pas donné d'oublier l'amitié. Je suis à cet égard d'un entêtement de constance, d'une logique de sentiment incroyable ; lors même que les circonstances m'ont forcé de garder vis-à-vis de certains de mes amis une sorte de froide réserve, je n'en demeure pas moins au fond de mon coeur, la bête la plus reconnaissante et j'avais hâte de le leur témoigner à la première occasion ».Il reproche à José d'avoir repoussé la proposition de Liszt : « de cette manière ton livre paraissait immédiatement dans les conditions les plus favorables. Il ne faut pas le dissimuler ; la littérature musicale n'existe pas encore sous le rapport commercial. En te brouillant avec les Escudiers tu te prives de la meilleure affiche et de la plus étourdissante blague qu'il se puisse imaginer. Schlesinger n'est qu'une rosière à côté de ces Messieurs »... Liszt espère que l'affaire pourra s'arranger, grâce à Belloni, et conseille en attendant à José de « jouer le mieux qu'il se pourra le rôle de Cloporte, comme dirait notre ami Berlioz ».
Liszt vient d'écrire à LAMENNAIS « pour le prier de me faire la faveur de 3 textes de Choeurs en prose. Les Forgerons, que j'ai écrit à Lisbonne m'ont assez passablement réussi, ce me semble, et j'attacherai un grand prix à la série complète ». Et il suggère à
José de demander à Lamennais de publier séparément le chapitre sur l'Art du 3e volume de son Esquisse d'une philosophie : « ce serait un grand service qu'il rendrait à la masse des artistes qui ne sont guère à même de suivre cet enchaînement admirable de déductions d'un principe posé ». Et Liszt pourrait traduire ce volume en allemand. Il charge enfin José d'assurer Lamennais « de mon profond respect et de ma mon reconnaissant dévouement ».
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