Lot n° 622

Bertrand BARÈRE (Tarbes 1755-1841), conventionnel montagnard, membre du Comité de Salut public. …

Estimation : 1 500 - 2 000 EUR
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Description
Bertrand BARÈRE (Tarbes 1755-1841), conventionnel montagnard, membre du Comité de Salut public. Lettre autographe signée au conventionnel montagnard et président du Directoire exécutif Jean-François Reubell. 2 pp. ½ in-4. Brumaire an 4 [oct.-nov. 1795]. Déchirures aux plis avec consolidations au ruban adhésif ayant laissé des marques. Accompagné d'un Billet autographe signé de Félix Lepeletier (1767-1837) : « J'ai trouvé hier en fouillant dans un tas de papiers, cette lettre de B. à laquelle vous teniez tant. Je m'empresse de vous la restituer, en vous faisant de plus mille compliments ». Avec un portrait gravé. Magnifique lettre écrite au moment où, condamné à la déportation en Guyane, il réussit à s'évader de la prison de Saintes et se cacher à Bordeaux, et il se trouve exclu de la loi d'amnistie votée le 4 brumaire an 4 [26 octobre 1795]. Il expose sa défense, rappelle tout ce qu'il a fait pour la République, et demande à être compris dans la loi d'amnistie. « Tu m'as accordé ton amitié quand j'étais dans la prospérité : que feras-tu quand je suis dans l'infortune ? Je garde précieusement une lettre républicaine et amicale que tu m'écrivis le 15 janvier 1793 de Mayence, relativement aux discours sur le jugement du tyran Capet. Tu me félicitais de mon courage contre l'opinion contraire dominante alors en faveur de l'appel au peuple ; et cependant aujourd'hui les royalistes sont libres, et moi républicain, je suis fugitif de caverne en caverne. J'ai fait punir le tyran Capet, époque qui a fondé la République…J'ai seul opéré une vigoureuse résistance aux attentats du 31 mai et 2 juin, époque qui a fondé la tyrannie des triumvirs… J'ai fait mettre hors la loi le tyran Robespierre et la commune conspiratrice, le 9 thermidor au soir, époque qui a renversé la tyrannie… Et cependant, quand la République triomphe de ses ennemis, je suis proscrit. J'ai fait trois cents rapports, j'ai électrisé les armées et propagé la victoire en célébrant leurs exploits. J'ai dénoncé les crimes du gouvernement anglais qui me poursuit ouvertement et qui m'opprime impunément en France ; et cependant nul Républicain ne vient à mon secours ». Il donne les exemples de Vadier et Peyssard, conventionnels aujourd'hui libres. « Comment donc, serais-je le seul Républicain respirant sur le sol de la France et à l'ombre de notre sage constitution, pour qui cette constitution serait stérile, et la loi du 4 brumaire inutile ou violée ? […] J'ai applaudi comme tout bon citoyen au choix que le Corps législatif a fait de toi pour le Directoire exécutif […] ». Il lui rappelle la manière dont il l'a défendu devant la Convention après la reddition de Mayence. « Ce fut moi qui me présentai à la tribune pour te déffendre contre les ennemis. Fort de l'opinion que j'ai toujours eue de ton patriotisme, je fis alors ce que je ferai toujours, je te fis rendre justice en forçant les ennemis au silence, et en te faisant donner un nouveau moyen de la confiance de la Convention nationale. Tu partis pour la Vendée et c'est à moi qu'au milieu des défiances de cette terrible époque, tu m'écrivis confidentiellement sur cette plaie de la patrie […]. Je te crois fortement animé du désir de faire cesser les vengeances […]. J'ai pour moi ma conscience & la constitution huit mois de prison et la loi du 4 brumaire. Je te demande de maintenir ma liberté d'après cette loi […] ».
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