Lot n° 581

Michel BULTEAU (1949), poète, essayiste et cinéaste expérimental. 6 lettres autographes …

Estimation : 600 - 800 EUR
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Description
Michel BULTEAU (1949), poète, essayiste et cinéaste expérimental. 6 lettres autographes signées « Michel » (dont 4 écrites sur cartes postales), à André Fraigneau. 2 pp. in-4 et 4 pp. in-12. Labessette, Pontacq et Cintra (Portugal), 1986-1990. Magnifique correspondance, toute poétique. « Sous les tilleuls, je relis Mérimée. J'écris quelques pages et songe à Madrid que j'aimerai revoir. L'après-midi, je fais une promenade, et au retour, je bois du thé, enfoncé dans le fauteuil où est morte mon arrière-grand-mère, un dimanche matin, alors qu'elle se préparait pour la messe ». « […] Je suis dans un petit salon - les lilas embaument - et je lis un tome des « Mémorables » (les anecdotes sur Larbaud) ; cet après-midi, je filerai à Pau pour lire des lettres de Toulet, à la bibliothèque. Sur le haut d'une armoire, il y a un rapace empaillé et le soleil écorne un coin de table ». « Vous devez, bien sûr, la connaître cette vieille ville un peu austère du Cantal [Salers]. Peu de chose a changé ; l'âme des pierres - enfin ce que les hommes y ont mis d'âme - est encore chaude des bouillonnements des siècles […] ». « Je suis dans ma solitude à la Maurice de Guérin. À Paris, le temps n'était plus qu'une poignée de sable fin et je n'ai pu vous voir […]. J'ai eu le temps de mettre au point le prochain numéro de la N.R.P. (n°14), à paraître en octobre, un numéro autour de la poésie, prenant prétexte du surréalisme. Ici, je toilette le manuscrit des « longues moustaches » [Le Club des longues moustaches], déjà lu et apprécié par l'éditeur. Il paraîtra début novembre. En même temps, je publierai « Minuties », un petit recueil de textes désinvoltes préfacé par Jean-Louis (c'est lui qui m'a présenté l'éditeur). Encore une bonne nouvelle : les éditions de la Différence ont accepté mon livre de poèmes (80 p., dix ans de travail). Il paraîtra début 89. Pas si mal, n'est-ce pas ? Dans ma sauvagerie, je suis tellement heureux que je sens l'épaule de la mort peser contre la mienne. Ce n'est pas une sensation nouvelle pour moi […] ». « Au soleil, je regarde le clocher de l'église, derrière le cerisier. Hier, j'ai passé deux heures, dans la forêt (où sont suspendues mes images d'enfance) allongé sur le tronc d'un sapin couvert de mousse. Refus de vieillir. Je me disais que la mort doit surgir, effaçant à peine les taches de bonheur. Je suis plus apaisé, plus sectionné des viscères de la civilisation. Chants d'oiseaux, hier une lune orangée comme un œuf de ferme, un vent exquis. Beaucoup de lectures ; dont une biographie d'Isabelle Eberhardt et le cycle de Lors Chelsea d'Abel Hermant ! Le soir, jusqu'à minuit, je travaille à mon essai sur le baron Corvo. Miroir aux alouettes. Solitude armée […] ».
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