Lot n° 57

Alfred MARCHE (1844-1898), naturaliste et explorateur, il organisa plusieurs expéditions en …

Estimation : 4 000 - 6 000 EUR
Description
Alfred MARCHE (1844-1898), naturaliste et explorateur, il organisa plusieurs expéditions en Afrique, aux Philippines et aux îles Mariannes. Manuscrit autographe (brouillon avec nombreuses corrections et passages biffés), 33 pp. in-8 oblong. [1881]. Récit de son premier voyage d'exploration à Singapour et aux Philippines, de 1879 à 1881. Il est intitulé : « Exposé général du voyage de Mr Alfred Marche à la presqu'île de Malacca et aux îles Philippines ». De cette mission, il rapporta de nombreux spécimens ethnologiques et zoologiques qui seront donnés au Muséum National d'Histoire Naturelle ; il publiera, en 1882, un « Rapport Général sur une mission à la presqu'île de Malacca et aux Philippines », publié l'année suivante dans le tome 13 des « Archives des Missions Scientifiques et Littéraires ». « […] Débarqué à Singapoore [sic] le 22 août, je quittais cette ville le 28 pour me rendre à Poulo-Pinang, dont la population autochtone se compose de Malais et de Siamois anciens possesseurs du sol […]. Les mines d'étain de Malacca sont certainement les plus riches du monde ; elles contiennent toujours de l'argent et quelquefois de l'or en quantité suffisante pour payer l'exploitation et laisser l'étain comme bénéfice net. Le minerai est obtenu par le lavage des sables qui est fait généralement d'une façon fort primitive par des Malais, hommes, femmes et enfants. Les laveurs sont dans l'eau jusqu'à la ceinture et font mouvoir en tous sens une grande corbeille plate qu'ils remuent jusqu'à ce qu'il ne reste que le minerai […]. Afin de visiter les peuplades aborigènes de la province que je voulais étudier au point de vue anthropologique, je remontai la rivière Lardot jusqu'à Matay et de là à Thaé Pin, où le résident anglais mit à ma disposition deux éléphants pour aller explorer les montagnes de l'intérieur. En me rendant de Thaé Pin à Kuala-Kangsa, je rencontrai sur ma route et isolé au milieu de la plaine une montagne d'une hauteur de 800 pieds, creuse à l'intérieur et habitée par des légions de chauve-souris. Il est impossible d'ailleurs d'y pénétrer à cause de la forte odeur ammoniacale que dégagent les dépôts de guano qui y sont accumulés. Je visitai ensuite en compagnie de Mr Lot, Résident de la province, les montagnes qui sont à l'ouest de la rivière de Perak, et où les Chinois continuent leur œuvre de dévastation en détruisant toutes les forêts. De retour à Kuala-Kangsa, je descendis ensuite la rivière de Perak jusqu'au village de Blandjak et de là l'exploration continua à dos d'éléphant […] ». Il décrit ainsi en détail son voyage à travers ces contrées peu connues. « Du 24 au 31 [janvier] nous ne pûmes quitter Binangonan, le vent et la pluie n'ayant pas cessé, vu l'état de la mer, il nous a été impossible d'aller à Pollilo. J'ai pu grâce au commandant Seco faire quelques études anthropologiques. Quelques negritos appelés par lui se décidèrent à se laisser mesurer et je pus prendre les mesures de dix d'entre eux, hommes et femmes. Les sujets de race pure sont peu poilus. Ils sont plutôt petits : ils ont généralement les cheveux crépus non laineux. Les femmes se font une espèce de chignon en ajoutant de faux cheveux. Les Indiens de ces contrées sont tous Tagals, mais le type pur est très rare. Ils se sont généralement mêlés à des Chinois et à des Malais […] ». Il raconte l'ascension d'un volcan, le tremblement de terre qui ravagea toute la région, la visite des villages et des dévastations, décrit les pays montagneux et des peuplades qui y vivent, etc. « […] À cette hauteur, les montagnes sont couronnées par des bouquets de conifères auxquels se mêlent de splendides fougères arborescentes, le lichen se rencontre vers 300 pieds et ne s'étend guère plus haut qu'à 3200. Avant d'arriver à cette altitude, vers 1800 à 2000 pieds, on rencontre des chênes. Le pays est habité par les tribus insoumises et fétichistes des Igorrotes. Bien qu'ils accusent des types très variés ils sont cependant de la même race que ceux qui habitent les bords de la mer […]. Les Igorrotes ramassent de l'or qu'ils fondent et mélangent avec du cuivre avant de le vendre ; ils travaillent fort bien le minerai de cuivre et en font des pipes très curieuses, des ornements, et des petites marmites qu'ils battent au sortir du moule afin d'amincir le métal […] ». Au fil de ses pérégrinations, Alfred marche consigne ses impressions, évoque la culture du tabac et du café, rapporte (avec des anecdotes) les ravages considérables causés par les tremblements de terre ; il effectue également un prélèvement de plantes pour le Jardin botanique de Saïgon, se procure « six squelettes de negritos ou negritas presqu'entiers », visite des grottes où se trouvent des squelettes humains, des eaux sulfureuses, etc. « Dans ces différents endroits, je récoltais une ample moisson d'objets ethnographiq
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