Lot n° 51

Antoine-François de LAVAL (1664-1728), astronome, naturaliste, voyageur et jésuite ; en 1720, …

Estimation : 2 500 - 3 000 EUR
Description
Antoine-François de LAVAL (1664-1728), astronome, naturaliste, voyageur et jésuite ; en 1720, sur ordre du roi, il entreprit une exploration scientifique de la Louisiane et du golfe du Mexique. Lettre autographe signée [au naturaliste François-Xavier Bon de Saint-Hilaire (1678-1761), auteur d'un mémoire sur la soie des araignées et son utilisation comme fibre textile]. 3 pp. in-4. Marseille, 21 février 1710. Rare et superbe lettre scientifique sur la soie des araignées et l'observation d'une éclipse. « J'ay receu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire du 28 janvier avec le beau mémoire sur la soye des araignées et des coques, soye filée et cardée d'araignées [Dissertation sur l'araignée contenant la vertu & les propriétés de cet insecte, avec la qualité & l'usage de la soie qu'il produit & des gouttes qu'on en tire pour la guérison de l'apoplexie, de la léthargie et de toutes les maladies soporeuses, 1710]. […]. Rien de si beau, monsieur, que cette découverte que vous venez de faire ; je vous en félicite très sincèrement de tout mon cieur. Tirer d'un insecte aussi vil, méprisable, haï, de la soye aussi belle et forte que celle que vous m'avez envoyé, en faire des bas, etc. trouver dans cette soye un excellent remède, ce sont des choses originales qui feront passer votre nom à la postérité la plus reculée. Le discours que vous avez fait sur ce sujet est beau, brillant, incidieux et doit exciter l'envie des curieux riches pour pousser plus loin cette heureuse découverte. Personne n'est pourtant plus propre que vous de la pousser aussi loin qu'il est à souhaiter, les vues que vous donnez, les épreuves que vous avez fait ; tout ce que vous détaillez si bien sur ce sujet en sont des preuves bien certaines ; je vous exhorte de tout mon cœur, riche comme vous l'êtes, vous êtes en état d'en faire la dépense, et si vous pouvez exécuter les moyens que vous proposez, d'élever des araignées, comme je le crois, vous serez cause que cette soye deviendra bientôt aussi commune qu'utile, puisqu'il en faut moins de beaucoup que la soye ordinaire pour faire les mêmes ouvrages, et qu'elle prend si bien toute sorte de teinture. Il reste à éprouver de quel usage elle est, et si les ouvrages qu'on en fera durent autant que ceux des vers à soye ». Il évoque ensuite l'observation d'une éclipse. « J'ay observé l'éclipse de lune du 13 de ce mois, et j'espère l'envoyer bientôt à Mgr l'évêque de Montpellier pour vous être remise ; les nuages déliés m'ont empesché d'examiner avec évidence les diverses couleurs de l'ombre qu'éclipsoit la lune, ce qui me fâche par rapport à la très ingénieuse méthode que Mr de Clappiez décrit si bien dans le mémoire que vous m'avez envoyé, que je trouve fort bon ; il est beau à vous autres messieurs de trouver des choses originales auxquelles les savants n'ont pas pensé ; je vous en félicite tous deux. C'est ainsi qu'on perfectionne les sciences […] ». Il adresse ses respects à MM. de Plantade et de Clappiez. [Cette même année 1710, l'Académie des sciences charge Réaumur, de faire un rapport sur la découverte du marquis de Saint-Hilaire sur la soie d'araignée. Réaumur réussit à nourrir et à élever des araignées dans son jardin. Il juge leurs fils très résistants mais il estime que le tissu est de moins belle facture que celui issu des vers à soie. Enfin, il détermine qu'il faut 55 296 araignées pour que leurs glandes séricigènes produisent 500 grammes de soie, alors que 2 500 vers à soie suffisent, concluant que l'exploitation de la soie d'araignées est non rentable. Il publia le fruit de ses expériences la même année : Examen de la soie des araignées, publication qui sera reprise dans l'Encyclopédie].
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