Lot n° 96

LOUŸS (Pierre) — Manuscrits et notes autographes relatifs à l'affaire Corneille-Molière. [1919-1921].

Estimation : 8000 - 10000 €
Adjudication : 12 625 €
Description
438 ff. sur papier fort généralement oblongs (16 x 21 cm), avec 7 enveloppes titrées de la main de Louÿs : Proses écrites par Molière tout seul - Éducation de Corneille - Les Manifestes de Corneille - Cinna - Sertorius - Scudéry - Rhythme. Très important ensemble de notes de travail de Pierre Louÿs, en partie inédites, relatives à la thèse iconoclaste qu’il fut le premier à défendre, faisant de Pierre Corneille l’auteur de plusieurs pièces attribuées à Molière.
Cette conviction, qui occupa et obséda Pierre Louÿs durant des années, est ici amplement argumentée et détaillée, citations et faits chronologiques à l’appui, à travers ces nombreux feuillets recouverts de la grande écriture de la fin de sa vie.
En août 1919, Louÿs fit paraître un article dans L’Intermédiaire des chercheurs et des curieux intitulé « Corneille est-il l’auteur d’Amphitryon ? », provoquant une polémique qui enfièvre encore certains chercheurs. Durant les mois qui suivirent, il tenta par plusieurs articles de persuader le public et les critiques du sérieux de ses affirmations. Finissant par y renoncer, il poursuivit ses recherches en solitaire et confiait à Thierry Sandre, au printemps 1921, que son ouvrage sur Corneille était prêt à être publié. Si ce travail ne parut jamais sous sa forme achevée, il en reste d’importantes traces, certaines encore à exploiter, comme en témoigne cet inestimable ensemble de manuscrits, témoin de la force de travail et de l’érudition de Pierre Louÿs.
Certaines de ces notes ont notamment été publiées par Frédéric Lachèvre dans les Nouvelles glanes bibliographiques et littéraires, en 1933, puis au gré d’autres ouvrages qui reprirent cette inépuisable controverse, d’Henry Poulaille à Dominique Labbé.
Un tiers de ces notes concernent la querelle littéraire déchaînée par Louÿs en 1919 lorsqu’il affirma qu'Amphitryon ou encore Les Femmes savantes et Le Tartuffe appartenaient à Corneille : brouillons de ses réponses et de ses lettres ouvertes, variations de ses arguments, attaques contre la mauvaise foi des moliéristes, défaillances des historiens et anthologistes tels Paul Lacroix, Roger Le Brun, Eugène Rigal, Emile Faguet ou Paul Desjardins. (Cf. l'ouvrage de J.-P. Goujon et J.-J. Lefrère, Ôte-moi d’un doute. L’énigme Corneille-Molière, Fayard, 2006).
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