Édition originale extrêmement rare.
Publié après la réception de Mérimée à l'Académie française, Carmen met en scène une anecdote contée quinze ans plus tôt à l'auteur par la comtesse de Montijo, rencontrée lors d'un voyage en Espagne.
L'œuvre ne rencontra pas immédiatement le même succès que Colomba, et il fallut attendre le retentissement de l'opéra de Georges Bizet, créé en 1875, pour faire de Carmen, femme fatale emportée par sa passion et sa férocité, un véritable mythe.
Exemplaire à toutes marges dans une luxueuse reliure doublée et mosaïquée de Marius Michel.
La couverture est datée de 1847, comme toujours. Papier très légèrement jauni.
De la bibliothèque Claude Jolly-Bavoillot (1896, n°702), avec ex-libris.
Le volume est enrichi d’une importante lettre autographe signée de Mérimée à Cavé, chef de la division des Beaux-arts, datée de Tours le 26 décembre [1834], 3 pp. in-8. Un petit plan est croqué au crayon sous l’adresse, p. 4. Petite déchirure avec manque sans atteinte au texte, due au décachetage.
Mérimée, devenu en 1834 inspecteur général des monuments historiques, évoque dans cette lettre le Couronnement de la Vierge et la Pietà de Villeneuve-lès-Avignon, deux œuvres essentielles de l'art primitif français, attribuées désormais à Enguerrand Quarton (v. 1411-v. 1466) et conservées aujourd'hui respectivement au Musée Pierre-de-Luxembourg et au Louvre. Il les a découvertes dans la Collégiale N.-D. de Villeneuve et souhaite les faire acheter par son ministère, ou échanger contre des œuvres modernes, ce qu'il ne parvint pas à obtenir. Ses Notes d’un voyage dans le midi de la France contiennent une description du Couronnement de la Vierge, qu'il attribue à Dürer et décrit comme un Jugement dernier.
« Cher ami, votre tombeau de Richard cœur de lion est une véritable fosse qui ne valait pas la peine qu’un pauvre diable s’y enrhumât. […] Je reviens à regret car il y a beaucoup à voir dans l’arrondissement de Saumur. Mais il fait un froid de chien et un brouillard de couleur et de consistance de moutarde.
J’ai oublié dans la note que j’ai donnée à votre cabinet de vous parler d’une chose importante. C’est du tableau attribué au Roi René qui est à l’Hôpital de Villeneuve lez-Avignon. Vous devriez écrire à Mr de Montalivet qu’il pourrait l’acheter pour peu de chose ou même l’échanger contre une croûte moderne. Ce tableau est magnifique. Il est peut-être d'Albert Durer, et il a cela de curieux que dans le paradis un uniforme de saints pour tous les amis du roi René et ses amis en enfer.
Dans le même hôpital est un portrait de la fameuse marquise de Ganges par Mignard. Je suis sûr que pour 200 fr. le Musée de Paris pourrait en faire l’acquisition. [Note en regard : Item dans l’église de Villeneuve d’Avignon une magnifique descente de croix de Bellini (je crois). Aussi à acheter ou à échanger pour rien].
Adieu cher ami, tenez vous le ventre libre et les pieds chauds, ce qui m’est impossible car il fait plus chaud dans la lanterne du panthéon que dans une chambre d’auberge. N’oubliez pas mes frais de poste !!!
Tout à vous,
Pr M.
Tours 26 Xbre. »