Lot n° 20

MATTHIEU (Pierre) — Esther, tragedie.

Estimation : 3000 - 4000 €
Adjudication : 3 750 €
Description
Lyon, Jean Stratius, 1585. In-12, maroquin bleu nuit, triple filet doré, dos orné aux petits fers, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet).Édition originale excessivement rare.
La tragédie d'Esther est le premier ouvrage publié du poète et dramaturge comtois Pierre Matthieu (1563-1621). Né à Pesmes, en Franche-Comté, il enseignait dès l'âge de dix-neuf ans au collège de Vercel, où il fit jouer la pièce par ses élèves. D'abord ligueur, Pierre Matthieu se rallia à Henri IV ; fait historiographe de France, il se reconvertit en chantre de la monarchie et du roi, avec lequel il s'entretenait assez familièrement.
Esther est dédiée à deux nobles dames, Mme de La Villeneuve et Mme d'Achey, issues des maisons de Granvelle et du Peloux. Selon l'usage du temps, la pièce est précédée et suivie de pièces en vers adressées à l'auteur par ses amis, ses élèves et même son père. On dit que, malgré son succès, l'auteur se repentit de l'avoir publiée et en détruisit les exemplaires autant qu'il put, ce qui a rendu ce livre extrêmement rare.
Molière a loué les quatrains de Matthieu – « les doctes tablettes / du conseiller Mathieu, ouvrage de valeur, / et plein de beaux dictons à réciter par cœur... » (Sganarelle, sc. 1). Et – comme le rappelle une note laissée dans cet exemplaire par le comte de Lignerolles – cette tragédie « d'une rareté extrême » était connue de Racine : « on en retrouve le souvenir dans son Esther », composée en 1689 à la demande de Mme de Maintenon.
Superbe exemplaire très finement relié par Trautz-Bauzonnet.
C'est le seul exemplaire de ce livre cité par Brunet (excepté celui de Soleinne, qui est incomplet des 18 pp. finales), provenant des bibliothèques Auguste Veinant (1856, n°547), du comte de Lignerolles (1894, II, n°1547) et Henri Monod (1920, I, n°231), avec ex-libris.
Infime fissure à un mors.
Brunet, III, 1530 (exemplaire cité) – Baudrier, II, 400.
Partager