Lot n° 119

CÉLINE (Louis-Ferdinand). — Lettre autographe signée « Destouches » au consul de France à Jersey, Jean Delalande. — Saint-Malo, [juillet 1937]. 2 pp. in-folio.

Estimation : 600 - 800 €
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Description
« Mon cher consul, encore moi ! JE MEDITE DE MONTER ENCORE UNE FOIS A L'ASSAUT DE S[AIN]T-HELIER [principal bourg de Jersey] mais avec une petite amie [sa future épouse Lucette Almanzor] et deux bicyclettes. J'aborderai de S[ain]t-Malo dans le début d'août. Mais les bicyclettes ? Que faut-il faire pour ne pas payer la douane anglaise ? Dois-je vous assommer avec un tel problème ? J'ai honte. Enfin vous êtes toujours si amical que [je] prends cette audace. Dites-moi juste si c'est idiot. Je viendrai alors franchement expier. Cette petite amie est fort convenable, fort aimable, fort discrète. RIEN QUI PUISSE ALARMER LES BOURRIQUES ANGLAISES... »

CELINE ET « LES BOURRIQUES ANGLAISES » A JERSEY. Occupé à la rédaction de Bagatelles pour un massacre, littéralement obsédé par l'idée d'une menace juive et communiste à son encontre, Céline s'était rendu sur l'île de Jersey au début du mois de mai pour y étudier la possibilité d'acheter une maison qui pût lui servir de refuge au cas où il se trouverait dans la nécessité de quitter la France. Dans le contexte du Couronnement de George VI (12 mai 1937), la politique britannique était particulièrement attentive aux étrangers sur son territoire, et Céline, dont la réputation était sulfureuse, s'était vu confiner dans son hôtel et privé de son passeport le 14 mai. Le consul de France à Jersey Jean Delalande, qui avait apparemment déjà rencontré Céline en Bretagne, vint mettre un terme à cette situation. Pour le remercier, Céline il lui offrit une partie du manuscrit de Casse-pipe. Ils restèrent en excellents termes, se revirent à Saint-Malo, et Jean Delalande épousa par la suite en secondes noces une amie de Céline.
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