Lot n° 56

[STEVENS (John)]. — Examen du Gouvernement d'Angleterre, comparé aux Constitutions des États-Unis [...] par un cultivateur de New-Jersey. — À Londres ; et se trouve à Paris, chez Froullé, 1789. — In-8, viii-291 pp., basane écaille, dos...

Estimation : 500 - 600 €
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Description
lisse cloisonné orné de lyres et petits fers dorés avec pièce de titre grenat, triple filet doré encadrant les plats, tranches marbrées ; reliure un peu frottée avec coins usagés (reliure de 'époque).
PREMIERE EDITION DE LA TRADUCTION FRANÇAISE par l'avocat, futur magistrat et homme politique Louis-Joseph Faure, de ce texte originellement par à New York en 1787, également sous le voile de l'anonymat. Il fut longtemps attribué à tort (notamment dans la bibliographie de Joseph Sabin, n° 41646) à l'avocat, polémiste et homme politique américain William Livingston (1723-1790), signataire de la Constitution fédérale de 1787, républicain et soutien inconditionnel de George Washington.

IMPORTANTE CONTRIBUTION A LA REFLEXION POLITIQUE SUR LE FEDERALISME. John Stevens était hostile à une représentation institutionnelle différenciée des ordres de la société, et favorable à un régime où une Constitution ferait de chaque individu un citoyen à part égale, sans égard à sa classe sociale. Il publia le présent Examen pour faire pièce aux idées fédéralistes du futur président John Adams qui, dans son Apologie des Constitutions des États-Unis d'Amérique (Philadelphie, 1787), approuvait les principes du système politique anglais, défendait l'idée d'un État centralisé avec contrepouvoirs, fondé sur le bicamérisme pour équilibrer la représentation nationale. John Stevens répondait également au Genevois Jean-Louis de Lolme qui, dans sa Constitution d'Angleterre (Amsterdam, 1771), s'attachait à démontrer les qualités et la pérennité de la constitution libérale de ce pays et critiquait l'inanité de la souveraineté du peuple en République.

OFFICIER MILITAIRE ET HAUT FONCTIONNAIRE DU NEW JERSEY, JOHN STEVENS (1749-1838) était le fils d'un propriétaire terrien et homme politique. Il exerça le métier d'avocat avant de participer à la guerre d'Indépendance qu'il acheva avec le titre de colonel de l'armée américaine. Un temps trésorier du New-Jersey (1777-1783), il rentra ensuite dans la vie privée : il se consacra à la gestion du vaste terrain qu'il possédait au bord de l'Hudson (aujourd'hui plus ou moins Hoboken) et au développement de la locomotion à vapeur pour les navires et les trains.

ÉDITION ENRICHIE D'IMPORTANTES NOTES PAR NICOLAS DE CONDORCET, PIERRE-SAMUEL DUPONT DE NEMOURS, et Jean-Antoine Gauvin-Gallois et d'autres dont sans doute Filippo Mazzei, sur le despotisme et sur la Constitution fédérale de 1787 (pp. 67 à 287). Ces penseurs reprochent à Jean-Louis de Lolme d'avoir excessivement vanté les mérites du système constitutionnel anglais, et à John Adams son penchant pour un régime aristocratique et monarchiste.

UN OUVRAGE QUI EXERÇA UNE GRANDE INFLUENCE SUR LA REFLEXION POLITIQUE EN FRANCE DANS LES PREMIERS TEMPS DE LA REVOLUTION. Rencontrant un véritable succès, il connut de nombreuses rééditions, et l'abbé Sieyès en vanta les mérites dans la troisième édition (1789) de son libelle Qu'est-ce que le Tiers État ?

EN APPENDICE, UNE TRADUCTION FRANÇAISE DE LA CONSTITUTION FEDERALE DES ÉTATS-UNIS D'AMERIQUE (1787), alors seulement en cours de ratification par les États.
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