Lot n° 53
Sélection Bibliorare

RECUEIL DES LOIX CONSTITUTIVES DES COLONIES ANGLOISES, CONFEDEREES SOUS LA DENOMINATION D'ÉTATS-UNIS de l'Amérique-septentrionale. — Auquel on a joint les actes d'indépendance, de confédération & autres actes du Congrès général. — À...

Estimation : 600 - 800 €
Description
Philadelphie, et se vend à Paris, chez Cellot & Jombert fils jeune, 1778. — In-12, (12)-370 pp. ; demi-veau cloisonné et fleuronné, tranches rouges ; dos usagé avec fentes et restaurations (reliure de l'époque).
PREMIERE EDITION, RARE, DE LA TRADUCTION FRANÇAISE de ce recueil qui comprend les Constitutions des six premières colonies à s'en être dotées, en 1776 : soit la Pennsylvanie, le New-Jersey, le Delaware, le Maryland, la Virginie et la Caroline-du-Sud. À quoi s'ajoutent différents textes émis par le Congrès (dont la Déclaration d'Indépendance), par des États, des villes, etc.

UN PLAGIAT DEVENU PUBLICATION QUASI-OFFICIELLE PAR L'AVEU DE BENJAMIN FRANKLIN. Ces versions françaises sont dues au duc Louis-Alexandre de La Rochefoucauld d'Enville, aristocrate acquis aux idées nouvelles, ardent partisan de la cause américaine et ami de Benjamin Franklin, et qui les avait établies en lien étroit avec ce dernier. Elles avaient d'abord paru séparément en diverses publications : la Constitution de Pennsylvanie, par exemple, avait été livrée au public en 1777 dans La Science du bonhomme Richard de Benjamin Franklin, tandis que les cinq autres avaient été insérées dans les Affaires de l'Angleterre et de l'Amérique, périodique publié de 1776 à 1779 par Benjamin Franklin et John Adams sous contrôle du ministère des Affaires étrangères français - Benjamin Franklin en fut le principal fournisseur de textes, et le duc de la Rochefoucauld d'Enville y collabora régulièrement.
Ces six traductions furent recueillies sans autorisation par un certain Régnier, présenté parfois comme ancien directeur des hôpitaux militaires, parfois comme le futur ministre de Napoléon Ier, Claude-Ambroise Régnier. Il décida de faire précéder son recueil d'une épître dédicatoire, signée de son nom, à Benjamin Franklin, dans laquelle il se montre laudateur : « Les Loix que j'ai rassemblées m'ont paru un des plus beaux monumens de la sagesse humaine ; elles constituent la Démocratie la plus pure qui ait encore existé ; elles semblent déjà faire le bonheur des Peuples qui s'y sont soumis. »
Embarrassé par cette initiative indélicate, Benjamin Franklin décida finalement de s'y associer, pour ne pas nuire à la cause américaine par un incident, et au contraire pour contribuer à nourrir un mouvement de sympathie naissant. En acceptant la dédicace et en apportant ainsi le poids de sa réputation à ce recueil, il en fit un véritable outil de propagande, qu'il contribua d'ailleurs à modeler à son idée : il y fit ajouter la déclaration d'Indépendance et des actes des congrès continentaux pour suggérer l'idée efficace (mais alors prématurée) que les États-Unis étaient déjà une République fonctionnelle.

Benjamin Franklin publierait officiellement en 1783 les traductions par le duc de La Rochefoucauld d'Enville des Constitutions de l'ensemble des 13 États fondateurs, en y intégrant les 6 du présent Recueil des loix. Cf. ci-dessus le n° 20.
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