Description
[mal chiffrées 38]-(1) + (4 dont celles aux versos blanches)-259-(une blanche)-(4 dont celles aux versos blanches)-292 + (4 dont celles aux versos blanches)-366 pp., veau brun marbré, dos à nerfs cloisonné et fleuronné avec pièces de titre grenat, tranches marbrées ; cahier C du premier tome relié en double ; dos refaits avec façades en partie conservées, restaurations aux coupes, un volume avec mors fendus, quelques feuillets avec mouillures en marges intérieures (reliure de l'époque).
ÉDITION ORIGINALE, EN FRANÇAIS, dans la traduction établie par l'avocat, futur magistrat et homme politique Louis-Joseph Faure, supervisée par le marquis de Condorcet et par son épouse Sophie de Grouchy.
UN ESSAI CONSACRE AUX ÉTATS-UNIS, MAIS TRAITANT PLUS LARGEMENT DES PRINCIPES DEMOCRATIQUES. Il fut composé en partie à la demande de Thomas Jefferson, alors ambassadeur des États-Unis en France, pour répondre aux critiques formulées par l'abbé de Mably dans ses Observations sur le Gouvernement et les loix des États-Unis d'Amérique (1784) et par l'abbé Raynal dans son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes (édition augmentée en 1780). Thomas Jefferson souhaitait également que l'ouvrage permette, en donnant une image plus exacte des États-Unis, rassurer les financiers et inciter à l'intensification des relations économiques entre les deux pays. D'une grande hauteur de vue, les Recherches de Filippo Mazzei exposaient déjà pour la démocratie américaine, toutes les problématiques politiques qui seraient en débat en France en 1789. L'ouvrage fut bien accueilli, mais essuya néanmoins les critiques de l'avocat, publiciste et futur homme politique Jacques-Pierre Brissot, et du comte de Mirabeau, l'économiste physiocrate père de l'homme politique révolutionnaire.
À LA SUITE DE CET IMPORTANT ESSAI DE FILIPPO MAZZEI SONT ICI IMPRIMES DEUX TEXTES DE CONDORCET ET DE TURGOT, EN EDITIONS ORIGINALES : les « Lettres d'un bourgeois de New Haven sur l'unité de la législation », du marquis de Condorcet, avec commentaires de Filippo Mazzei (t. I, pp. 267-381), et, en publication posthume d'Anne-Robert-Jacques Turgot, des « Réflexions rédigées à l'occasion du Mémoire sur la manière dont la France et l'Espagne doivent envisager les suites de la querelle entre la Grande-Bretagne et ses colonies », écrit en 1776, (t. III, pp. 217-282). Turgot donne ici son avis sur un mémoire que le ministre des Affaires étrangères, le comte de Vergennes, avait écrit à la demande de Louis XVI concernant la Révolution américaine, et prédit entre autres qu'un succès des États-Unis entraînerait l'indépendance d'autres colonies européennes en Amérique.
HAUTE FIGURE DES LUMIERE ET PROPAGANDISTE ACTIF DE LA CAUSE AMERICAINE, FILIPPO MAZZEI (1730-1816) était originaire de Toscane, et fut d'abord chirurgien à Smyrne puis marchand de vin à Londres. Émigré en Amérique avec un groupe de cultivateurs de sa région, il se fixa en 1773 en Virginie, près de Monticello où, grâce à Thomas Jefferson, il acquit un domaine agricole qu'il baptisa Colle (« collines », en italien). Malgré un caractère parfois difficile, il devint un intime du futur président, avec qui il échangeait sur des questions de politique : Thomas Jefferson soumit par exemple à son examen le projet de Déclaration d'indépendance, et s'appuya en partie sur un texte de lui pour son propre projet de Constitution pour l'État de Virginie. Filippo Mazzei s'engagea dans l'armée américaine quand le corps expéditionnaire britannique débarqua, puis se vit confier par Thomas Jefferson une double mission en Europe, c'est-à-dire de négocier un emprunt pour l'État de Virginie auprès du grand-duc de Toscane, et de récolter des informations politiques et militaires. Il accompagna ensuite Thomas Jefferson à Paris en 1785, demeurant également en lien étroit avec James Madison ou James Monroe. Il fut alors admis comme membre correspondant de la Société des amis des noirs, et publia les présentes Recherches dont le succès le fit entrer, après le départ de Thomas Jefferson, au service du roi Stanislas II de Pologne, monarque éclairé et réformateur. En Italie à partir de 1792, il s'y fit le propagandiste actif de la cause des États-Unis, oeuvra pour faciliter l'accès des ports italiens aux navires américains, traduisit en italien des lettres et discours de Thomas Jefferson, et se mit à la demande de celui-ci en quête de sculpteurs italiens pour collaborer à l'ornementation du Capitole.
C'EST UNE AMITIE DE QUARANTE ANS QUI LIA FILIPPO MAZZEI ET THOMAS JEFFERSON, LEQUEL LOUA « HIS EARLY & ZEALOUS COOPERATION IN THE ESTABLISHMENT OF OUR INDEPENDENCE ».