Lot n° 16

CHASTELLUX (François-Jean de). — Voyages [...] dans l'Amérique septentrionale, dans les années 1780, 1781 & 1782. — À Paris, chez Prault, 1788-1791. — 2 volumes in-8, 8-408 + (4 dont celles aux versos blanches)-351 [erronément chiffrées 1...

Estimation : 300 - 400 €
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Description
à 320 et 221 à 251]-(une blanche) pp., basane brune marbrée et teintée, dos lisses cloisonnés et ornés de motifs dorés avec pièces de titre noires ; dos frottés, coins usagés (reliure de l'époque).
Deuxième édition de cet ouvrage originellement paru en 1786. Sans les planches. Chastellux en avait d'abord fait tirer un extrait à une vingtaine d'exemplaires en 1781, à Newport, à bord du vaisseau qui le portait sur les côtes américaines, Voyage de Newport à Philadelphie, Albany, &c. Il en avait laissé publier d'autres extraits dans un périodique de Gotha, lesquels avaient été rassemblés en 1785 dans une édition pirate à Cassel, reprise à Bruxelles en 1786.

UN RECUEIL DES JOURNAUX DE TROIS VOYAGES SUCCESSIFS : le premier voyage mena Chastellux de Newport à Providence, puis jusqu'aux camps du marquis de La Fayette et de Washington à Preakness (New-Jersey). Passé par Princeton, Chastellux traversa les postes anglais et gagna Philadelphie, remonta alors par New Windsor, Albany, Schenectady, Saratoga, Fort Edward et Lebanon. Le second voyage le conduisit en Virginie : à Williamsburg, Monticello, New London, puis en retour à Petersburg et Richmond. Le troisième le mena des environs de Boston à Portsmouth au Nord, puis jusqu'à Philadelphie au Sud.

UN TABLEAU PERSPICACE DE LA NATURE ET DES HOMMES. Chastellux peint les paysages, une nature souvent intacte, par exemple les forêts de chênes de Virginie, et, sans oublier les Indiens, évoque les colons, leur vie difficile où la solidarité joue un grand rôle, parle des quakers, des frères Morave, montre comment le commerce s'est développé, comment un réseau de petites villes s'est établi, comment sont apparues les universités... Il marque une différence nette entre le Nord et la Virginie où de riches planteurs côtoyaient des esclaves noirs et des fermiers blancs frustes et pauvres. Il ne manque pas aussi de décrire les champs de batailles de la guerre d'Indépendance qu'il a traversés, dont celui de la bataille de Brandywine.

UNE GALERIE DE PORTRAITS DES PERSONNALITES AMERICAINES ET FRANÇAISES QU'IL A RENCONTREES : George Washington, Thomas Jefferson, la fille de Benjamin Franklin, Robert Morris, le marquis de La Fayette, le marquis de Vaudreuil, l'ambassadeur de France et futur marquis de La Luzerne...
SPECULATIONS POLITIQUES ET SOCIALES. Préoccupé par les problèmes de son époque, conscient de la transition entre deux systèmes de société, Chastellux mêle à ses description de nombreuses réflexions sur la société et les formes de gouvernement. Il publie ici notamment le texte d'une importante lettre qu'il a adressée au futur président James Madison, relativement aux États-Unis sur la question de la religion, des sciences et des beaux arts, du luxe et de la morale, et où il exprime l'idée que la prospérité des États-Unis ira de pair avec les progrès des connaissances.

ARISTOCRATE ECLAIRE, ACADEMICIEN, OFFICIER DE LA GUERRE D'INDEPENDANCE DES ÉTATS-UNIS, FRANÇOIS-JEAN DE BEAUVOIR, CHEVALIER PUIS MARQUIS DE CHASTELLUX (1734-1788) était le petit-fils du célèbre chancelier d'Aguesseau, et mena une carrière militaire comme son père : colonel en 1759, il fut fait brigadier en 1769, CHEF D'ETAT-MAJOR DU COMTE DE ROCHAMBEAU EN AMERIQUE en 1781, fut promu inspecteur d'infanterie après 1783 et élevé à la dignité de maréchal de France en 1791. Chastellux cultivait les lettres et livra divers textes à la publication, sur des sujets militaires, mais aussi sur des questions d'esthétique, des pièces de théâtre ou encore un essai sur la félicité qui fut admiré de Voltaire. Il collabora à l'Encyclopédie, et entra à l'Académie française en 1775.
L'Amérique lui demeura chère : en 1786, il traduisit en français un poème patriote de David Humphreys, ancien aide de camp de Washington, et, sur un sujet proposé par l'abbé Raynal à l'Académie de Lyon, écrivit en 1787 un Discours sur les avantages ou les désavantages qui résultent pour l'Europe de la découverte de l'Amérique (ce concours n'eut pas de lauréat et aucun texte soumis ne fut imprimé).
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