Lot n° 130

FOUCHÉ Joseph. (1759-1820). MANUSCRIT autographe, Extrait d'une lettre de commerce, Paris 1er …

Estimation : 600 - 800 EUR
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Description
FOUCHÉ Joseph. (1759-1820). MANUSCRIT autographe, Extrait d'une lettre de commerce, Paris 1er août 1814 ; 4 pages in-4 avec ratures et corrections (mouillures et petite déchirure). Remarquable analyse politique de la Restauration, sous forme de lettre d'un commerçant allant de Londres à Marseille puis à Paris : «depuis six mois j'ai déjà parcouru une grande partie de l'Europe. [...] partout, on me parlait bien d'affaires, mais des affaires de l'Europe» ; c'est une «passion», une «contagion» en attendant l'ouverture du Congrès à Vienne. Il est passé devant l'île d'Elbe, «prison de l'homme qui ne soulevera plus les tempêtes du continent mais qui observe de près ces tempêtes qui ne sont pas encore calmées»... C'est des Bourbons et de Napoléon qu'on se soucie : «La restauration des Bourbons est-elle garantie par l'amour de la France ? L'expulsion de Napoléon est elle irrévocable ?»... Fouché examine ce mot de Restauration dont se servent les Bourbons, et qu'il trouve impropre pour une idée conçue par «dix à douze Bourboniens», à laquelle les armées étrangères ont prêté la main. Depuis la séance royale du 4 juin, le mécontentement a éclaté : les Français, prudents, ne sont pas pressés de briser le joug. «Qu'on l'appelle comme on voudra, ordonnance de reformation ou charte constitutionnelle, cette charte n'est pas pour la France la constitution qu'il lui falloit, et qu'elle vouloit, elle ne peut s'ac­comoder de la perte de ses grandeurs [...], elle se sent humiliée, à la fois, et chez elle, et dans l'Europe. Un tel état ne peut durer chez un peuple d'hommes accoutumés à la gloire, chez un peuple épris pour la liberté d'une passion qui n'en est que plus forte pour s'être modérée. Le peuple français est dans la tristesse et ses armées frémissent en regardant son deuil. Il est impossible qu'il s'etablisse en paix dans cette dégradation de son existence politique. Il faut trancher le mot : la doctrine de Bonaparte a paru celle de la France elle-même. [...] Le retour de Napoléon à son trône ne paroîtroit pas seulement possible, il paroîtroit facile»... Les hommes les plus propres à rouvrir à Napoléon les routes de l'empire qu'il a perdu, aiment surtout à défendre et à relever les hautes qualités qui l'avaient porté au rang suprême : «Ces qualités leur persuadent que Napoléon est capable de comprendre dans les jours de son infortune qu'il y a plus de grandeur encore à bien organiser les sociétés qu'à les bien gouverner, qu'un prince qui donne aux nations des lois même bonnes, est fort au-dessus de celui qui les instruit à s'en faire de bonnes elles-mêmes ; et qu'enfin eût-il conquis le monde entier, tout prince aujourd'hui qui pensera, parlera et agira autrement sera mis en même ligne cet insensé [Ferdinand VII] pour qui il eut eté aussi heureux que pour toutes les Espagnes de rester toujours à Valençay»... Etc.
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