Lot n° 186

Jean-Henri FABRE (1823-1915). — 33 L.A.S. et une lettre dictée, Avignon, Orange et Sérignan 1861-1884, à Théodore Delacour (une à Bernard Verlot) ; 76pages in-8, enveloppes (petites fentes à quelques lettres).

Estimation : 4000 - 5000
Adjudication : 6 240 €
Description
Importante correspondance amicale et scientifique au botaniste Delacour.

[Théodore Delacour (1831-1920), d’origine avignonnaise, associé de la maison Vilmorin-Andrieux, était un botaniste réputé il constitua un important herbier (Muséum), pour lequel Fabre lui fournit plusieurs spécimens ; et Delacour fut un des collecteurs pour l’herbier de Fabre, à qui il fournit plantes et graines pour l’Harmas ; ils firent ensemble plusieurs excursions botaniques et naturalistes au Mont Ventoux, dont une, en août 1865, avec Bernard Verlot, relatée par Fabre dans ses Souvenirs entomologiques.] Nous ne pouvons donner ici qu’un trop rapide aperçu de cette intéressante correspondance, les pages étant remplies de la minuscule écriture de Fabre.

Avignon 4 avril 1861. Dans cette première lettre, Fabre dit sa profonde estime et son affection pour Delacour et le remercie de l’envoi de «divers objets d’histoire naturelle» ; il l’interroge sur ses études de médecine, qu’il aurait abandonnées pour se consacrer à la botanique et à la floriculture chez Mme Vilmorin ; il demande, pour ses nièces, des conseils pour la culture du patchouly ; il évoque leurs courses du Ventoux. Il se livre à des «recherches de chimie industrielle»…

– 27 janvier 1862. Envoi de son livre sur la chimie agricole, pour «vulgariser dans les écoles rurales les applications les plus élémentaires de la chimie aux travaux des champs»…

– 24 juillet 1867, au sujet de leur prochaine course au Ventoux.

– 12 mars 1868, à propos d’un envoi de fleurs de poirier pour Bernard Verlot au Muséum. «J’écrivasse toujours» : un cours de physique et un cours de chimie. L’hiver sibérien en Avignon a ravagé ses plantes, dont il demande plusieurs.
– 2 août 1868. Vifs remerciements pour l’envoi d’une boîte d’insectes, «source d’ excellents renseignements ne serait-ce que pour vérifier mes déterminations antérieures»…

Orange 29 juillet 1871, sur la botanique et ses «croûtes vauclusiennes» : «J’ai tous les jours lieu de me convaincre combien il est facile de commettre des bévues avec ces végétaux si polymorphes»… Questions et discussion sur les lichens et les cryptogames… – 11 septembre 1872, au retour d’une expédition botanique au plateau de Saint-Amans.
– 29 mai 1876, préparation d’une course au Ventoux .
– 13 août, au sujet d’un cricri mécanique.
– 28 août. Demande de plantes ; chasse aux mauviettes…
– 25 septembre, remerciements pour l’envoi de plantes ; il va rédiger ses «observations sur la flore du littoral de la mer falunienne dans nos régions».
– 5 juin 1877. Sur la maladie de son fils Jules, qu’il aimerait emmener se fortifier à Rochefort-Samson (Drôme), pays montagneux dont il énumère la riche flore…
– 14 septembre : son «enfant chéri» Jules est à la dernière extrémité [il meurt le jour même].
– 23 janvier 1878. Il s’est plongé dans des ouvrages mycologiques, et a passé en revue au microscope ses collections, «la seule distraction possible dans le malheur qui m’a frappé». Démarches pour faire imprimer la Flore générale du Vaucluse.
– 5 décembre, lettre dictée à sa fille Antonia de son lit de malade.
– 14 mars 1879. Une flexion de poitrine l’a mis à deux doigts de sa fin ; il occupe sa convalescence à la cryptogamie…
– 28 mars, remerciant pour un envoi de crustacés (crabe et homard), ornements du cabinet d’histoire naturelle que le plâtrier termine à Sérignan…

Sérignan 28 mai 1879. Il est installé à Sérignan.
– 29 octobre. Il attend Delacour à Sérignan.
– 31 juillet 1880. Sur une graminée des bois de Sérignan, la mante religieuse, l’aménagement du jardin de Sérignan. «L’Académie vient de me relancer pour le Phyll era ; il paraît que mes Souvenirs entomologiques lui ont inspiré quelque confiance. Cela me vaudra un bon microscope»…
– 23 octobre. Il attend son ami pour la Toussaint, et lui servira des oronges ; étude des sclérotes ; aménagement du jardin… «L’harmas se défriche. Ce mois de décembre, je vais le faire planter en arbres fruitiers et arbres d’ornement»… (Liste jointe de plantes données par Delacour à Fabre le 31 octobre).
– 2 mars 1881. «L’Harmas commence à se garnir, depuis le mois de novembre on y travaille. Il y a bien là déjà près de 300 arbres ou arbustes», dont un cèdre et deux séquoias qui lui arrivent à la ceinture ; il met du thym pour les bordures. «Je dévalise la montagne de ces arbustes verts, romarins, arbousiers»… Etc.
– 8 juillet. Canicule : «J’ai quelques milliers de cigales dans les deux platanes devant ma porte. Leur concert, la chaleur, la mouche acariâtre, la chasse aux virgules pour mes épreuves d’imprimerie, ma prose quotidienne pour les nouveaux programmes, le tout m’a abruti. Les lilas suent le sucre, le bassin est presque à sec, mes arbustes font triste mine, une allumette mettrait le feu à l’harmas. Je n’ose plus sortir»… Discussions botaniques…
– 22 mars 1882. Observations au microscope de Sphériacées.
– 10 juillet. Il continue à travailler sur les sphériacées.
– 20 août à Bernard Verlot, au sujet de son travail sur les sphériacées.
– 11 octobre. Sur ses occupations botaniques et crytogamiques.
– 1er février 1883, sur ses nouveaux Souvenirs entomologiques : «Vous êtes naturaliste, et comme tel vous devez prendre intérêt a faits et gestes de mes petites bêtes. D’ailleurs il s’agit de bien graves questions. Les théories Darwiniennes sont-elles fondées oui ou non sur de bases solides, voilà l’affaire. Mes petites bêtes parlent contre»…
– 16 avril : sa brochure sur les Sphériacées, un envoi d’iris…
– 23 juin, demande de graines de choix (liste) ; les anémones et les tulipes étaient splendides…
– 15 septembre. «Les petites bêtes me préoccupent beaucoup en ce moment, car c’est l’époque la plus favorable à leur industrie. C’est vous dire que les Sphériacées chôment. Mais très probablement, je reprendrai leur étude cet hiver». Sa serre n’étant pas terminée, tous ses semis sont perdus ; il demande des «oignons fleurissant l’hiver en serre». Il y a un travail à faire sur «les végétaux chasseurs d’insectes. […] La théorie des plantes carnivores trouve beaucoup de difficultés à entrer dans mon esprit». Il va «monter la garde devant les terriers d’un hyménoptère qui nourrit ses larves avec l’abeille de mes ruches»…
– 4 février 1884. Il est très pris par le travail de ses livres, à cause des programmes changeants : «je suis l’esclave de leurs vicissitudes» ; il prépare le 3e volume de ses Souvenirs entomologiques : «Avec ces merveilleuses petites bêtes, on n’a jamais fini. Plus on apprend avec elles, plus on s’aperçoit qu’il reste à apprendre. […] chaque jour mes incessantes recherches m’apportent de nouvelles idées, de nouveaux matériaux . L’entomologie périmentale me prend donc tout le temps que le classique n’absorbe pas»… Puis il parle botanique, de son jardin et de ses cultures…
– 28 juin. Il évoque son travail sur les coléoptères des environs d’Avignon : «pour ma part j’ai fait des recherches assidues sur les destructeurs des céréales et en particulier sur les petits longicornes que je voyais mentionnés dans les traités agricoles. Toutes mes recherches ont été vaines. Aucun de nous n’a mis la main sur ces ravageurs. Mon catalogue ne les mentionne pas et mes boîtes n’en contiennent aucun exemplaire. Il est donc à croire que ce longicorne n’exerce pas ses ravages dans ma région»…
– 11 juillet. Au sujet de la Coronilla scorpioides…

On joint la copie d’une lettre de Fabre à Ed. Bonnet (10 juillet 1881) concernant les cigales ; et une l.a.s. de Louis Charrasse (Beaumont d’Orange 4 février 1924) avc relation de la visite-hommage à Fabre des « cursionnistes Marseillais?» le 16 mai 1911, et de celle d’une délégation de l’École Normale d’Avignon le 5 juillet 1914.
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