Lot n° 122
Sélection Bibliorare

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869). — Manuscrit autographe signé, Contre la Peine de mort, [1830] ; 7pages in-fol. (38 x 24,5 cm, petites fentes aux plis), monté sur onglets et relié à la suite de l’édition originale, plaquette in-8, maroquin...

Estimation : 3000 - 4000
Adjudication : 3 900 €
Description
noir grain long noir, décor d’encadrement doré et à froid sur les plats, dentelle int., étui (Semet & Plumelle).
Important poème contre la peine de mort.

Ce poème a été composé au début de novembre 1830, à la suite des émeutes des 17, 18 et 19 octobre, où le peuple réclamait la mort des ministres de Charles X emprisonnés à Vincennes, alors qu’une adresse de la Chambre avait demandé à Louis-Philippe, le 27 septembre, l’abolition de la peine de mort. Cette ode politique parut vers le 15 décembre 1830 en plaquette chez Gosselin, et fut recueillie dès 1832 dans les Œuvres du poète. Dans un discours à la Chambre, le 17 mars 1838, Lamartine a plaidé à nouveau, avec éloquence, pour l’abolition de la peine de mort.

Le poème porte le sous-titre : «Au Peuple du 19 octobre».
Il compte 22 dizains. Le manuscrit, soigneusement mis au net, présente cependant quelques ratures et corrections, notamment à la 7e strophe, et quelques variantes avec le texte édité. À la fin de son manuscrit, Lamartine a donné une variante des trois derniers vers de la seconde strophe, en indiquant : «Mais je préfère la strophe telle qu’elle existe». Ce manuscrit a probablement été confié par Lamartine à Louis-Aimé Martin pour se charger de l’édition.

Citons la première et la dernière strophe, dans la version du manuscrit :
Vains efforts! Périlleuse audace!
Me disent des amis au geste menaçant,
Le Lion même fait-il grâce
Quand sa langue a léché du sang?
Taisez-vous, ou chantez comme rugit la foule! Attendez pour passer que le torrent s’écoule
De fougue et de lie écumant!
On peut braver Néron, cette hyène de Rome
Les brutes ont un cœur, le tyran est un homme
Mais un peuple est un élément!
Mais le jour où le long des fleuves
Tu reviendrais, les yeux baissés sur tes chemins,
Suivi, maudit par quatre veuves
Et par des groupes d’orphelins,
De ton morne triomphe en vain cherchant la fête
Les passants se diront en détournant la tête :
Marchons! ce n’est rien de nouveau!
C’est, après la Victoire, un peuple qui se venge!
Le siècle en a menti ; jamais l’homme ne change
Toujours, ou victime ou bourreau!

La plaquette, de 16 pages, est reliée sur brochure, avec sa couverture de papier jaune.
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