Lot n° 140
Sélection Bibliorare

RIVAROL (Antoine, Comte de). — Discours préliminaire du Nouveau dictionnaire de la langue française. — De l'universalité de la langue française. — Sujet proposé par l'Académie de Berlin, en 1783. — Paris, Cocheris, An cinquième de la...

Estimation : 1 000 - 1 500 €
Adjudication : Invendu
Description
République [1797]. — 2 ouvrages en un volume in-4, demi-maroquin rouge, dos orné de caissons fleuronnés, chiffre doré en queue, tête dorée (Reliure de la seconde moitié du XIXe siècle).
Antoine de Rivarol (1753-1801), l'un des plus brillants esprits de son temps et grande figure de la contre-révolution, reçut le prix de Berlin en 1783 grâce à son essai sur l'Universalité de la langue française, composé "tout entier à la gloire de la France et de la langue française" (En français dans le texte, n°177) et qui fut imprimé l'année suivante.

Le Discours préliminaire au nouveau Dictionnaire de la langue française est ici à la date de l'originale, publiée à Hambourg chez Fauche ; il fut interdit de vente en France car il contenait de féroces critiques contre la période révolutionnaire : Quel est ce char mystérieux, immense, dont les roues innombrables vont en tout sens, chargé d'échafauds, de têtes coupées et de sceptres brisés ? C'est le char de la révolution... Et ce peuple hideux et couvert de haillons, aux yeux hagards, aux bras ensanglantés, qui se presse autour du char ? C'est le peuple de la révolution (pp. 232-233).

Intéressant exemplaire ayant appartenu à Hippolyte Cocheris (1829-1882), conservateur à la Mazarine et descendant de l'imprimeur et éditeur Cocheris ; relié à son chiffre et portant son ex-libris gravé, l'exemplaire est enrichi de 4 documents, montés en tête sur onglets :

- un billet autographe signé de Rivarol à Cocheris : Je n'ai encore rien terminé avec les libraires, & je suis persécuté de la bonne manière, je n'ai de repos ni le jour ni la nuit...
- un exemplaire du n°1829 du périodique Le Républicain français (8 janvier 1798) dans lequel on lit : Le citoyen Cocheris, libraire, cloître Saint-Benoît, a été arrêté il y a quelques jours. On lui reproche d'avoir reçu de ses correspondants l'ouvrage de Rivarol intitulé : Discours sur les langues en général [...]. Rivarol y a intercalé quelques pages probablement très-violentes contre la révolution française. L'arrestation de Cocheris en a été la suite...
- un exemplaire du n°930 du périodique La Sentinelle (21 nivôse an VI), dans lequel on apprend que le libraire Cocheris est en état d'arrestation, pour avoir publié un discours de Rivarol, sur les langues, où cet émigré s'abandonne à toute son aigreur contre la révolution française...
- un exemplaire du n°980 du périodique La Sentinelle (13 ventôse an VI), donnant la suite de cette affaire : Le libraire Cocheris [...] vient d'être acquitté et mis sur le champ en liberté [...] il a resté deux mois en prison ; pendant sa détention, sa femme est morte d'inquiétude, et sans le secours de ses amis, sa nombreuse famille eût expiré de misère.

Travail de vers supprimant quelques mots et réparations aux deux numéros de La Sentinelle.
Manque à l'angle inférieur des quatre derniers feuillets.
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