Description
nerfs et muet, caissons ornés, roulette dorée aux coupes, tranches marbrées (défauts dont coiffe de tête découverte, coins usés, 1 f. déch. sans mq.).
Exceptionnel journal autographe et inédit, témoignant des aspects de la vie d'un jeune abbé, et de ses activités, durant toute l'année 1683.
[1] f. (portant le titre d'une autre main), [2] f. (itinéraire des Sables d'Olonne au Mont Saint-Michel par Nantes et Vitré), [1] f. blanc, [80] f. non chiffrés, écrits au r° et v° (journal proprement dit), [3] f. blancs, [9] f. (autres itinéraires), [8] f. blancs.
Ecriture irrégulière avec corrections et ratures mais lisible.
L'on sait peu de choses de cet abbé Harcoüet, semble-t-il dit « De Longeville », titulaire à l'époque du prieuré bénédictin de Longeville, à Talmont, au diocèse de Luçon, proche des Sables d'Olonne. L'examen du texte de ce précieux document devrait en dévoiler davantage : par exemple, il note à la date du 3 décembre « ce jour je suis né à Paris rue du Four à 6 heures du matin jay 22 ans à ce jour ». L'on connaît de lui deux publications : la première, parue en 1706, « Description des grandes cascades de la maison royale de Saint Cloud », dédiée au Duc d'Orléans ; la seconde est un curieux ouvrage publié en 1715 : « Histoire des personnes qui ont vécu plusieurs siècles et qui ont rajeuni, avec le secret du rajeunissement tiré d'Arnauld de Villeneuve ».
De janvier à mars, Harcoüet séjourne à Paris. Ce journal ne contient quasiment aucune mention religieuse (à l'exception de quelques pages à propos des jésuites en Vendée), mais reflète les journées de ce que l'on pourrait considérer comme un « abbé de Cour ». Il assite à la messe chaque jour (aux Théâtins, aux Jacobins, à la Charité, aux Cordeliers…), mentionne les personnalités remarquables présentes, puis fréquente des salons, des maisons où il déjeune, dîne, et où il joue… les nombreux noms cités illustrent l'ampleur de ses relations (marquis de Cerfeuil, Mme de Villeneuve, de Bullion, marquise d'Alègre, Ms de Poupilière, comte de Barnage… ; le 2 mars « allé à la foire avec Rouillé le fils du Conseiller d'estat », etc.). Le 26 mars, il va au Louvre et décrit le nouveau décor de la chambre du roi. Il assite à des bals, dont un bal masqué où il rencontre une charmante demoiselle « Denrichemont », « elle est de belle taille, danse aisémant, elle a infiniment d'esprit […] Je la ramenay à son carosse l'assurant de la revoir dans peu ».
Il voyage ensuite vers Jard et les Sables-d'Olonne, où il séjourne, quelquefois chez sa mère, jusqu'en décembre. La vie est ici un peu moins prestigieuse qu'à Paris, mais il ne cesse de se déplacer, fréquenter des gens titrés de la région ; il y fait notamment la connaissance d'une Mlle de Bulière (ou Buhière) qui deviendra sa « belle maîtresse »…
Sept cachets de cire rouge figurent au contreplat supérieur du volume, et un autre à la fin, armorié, avec ce commentaire manuscrit : « Sceau de la haute justice du prieuré de Longeville a Mr labbé Du Harcoüet 1680 ».