Lot n° 603

Pierre-Joseph PROUDHON (1809-1865). L.A.S., 1er juillet 1850, à une dame ; 6 pages in-8 remplies d’une petite écriture serrée.{CR}Longue lettre de conseils à une jeune femme, ancienne écuyère de l’Hippodrome, qui s’ennuie et veut changer...

Estimation : 1200 - 1500
Adjudication : 1 690 €
Description
de vie.{CR}Proudhon la rassure et fait un long développement, mettant en parallèle la santé et la vertu : « Elle est un peu partout, elle n’est entière presque nulle part […] il y a en vous de la vertu, vous dis-je ». Puis il démontre que les bêtes ne connaissent pas l’ennui, car elles n’ont pas d’âme ; les gens qu’on appelle sérieux ne le connaissent pas non plus, tant qu’ils restent occupés. Le choix qu’a fait sa correspondante de se jeter « à corps perdu dans les hasards d’une existence au jour le jour », est une « sottise » qui il l’a amenée à rejeter la servitude du travail : « Votre malheur a été de séparer par la pensée ces deux choses : Travail et Liberté, Travail et art, Travail et Amour. […] Et vous êtes devenue une femme libre, artiste, amoureuse, un être fantaisiste et passionné, poussant la fantaisie et la passion jusqu’à l’épuisement ». Mais cela ne lui a laissé « que souillure, vide, dégradation ». Pour remédier à cet état, il lui conseille (elle a 28 ans !) de renoncer à l’amour, d’apprendre à se posséder, « être affranchie, anoblie dans son corps et dans son âme ». À la Chasteté (pendant deux ans au moins), il faut ajouter la sobriété et une vie saine et laborieuse : « Rien ne vous manque et vous pouvez vous distinguer encore dans la vie sérieuse, autant et plus que vous n’avez fait jamais sur les planches ». Qu’elle supprime la lecture des romans et des vers et se tourne vers « l’histoire, les voyages, la géographie, les sciences ; allez jusqu’à la philosophie si vous voulez. En un mot, tout en restant ce que la nature vous a faite, artiste, travaillez, occupez-vous, entreprenez ». Il essaie de l’intéresser aux travaux ménagers : « Il faut bien du talent, sachez-le, à une femme pour faire de son appartement un tableau et un paysage. Et c’est pourtant là qu’elles doivent tendre : des marmites, des pots, des meubles sont-ils donc plus dégoûtants à toucher que des couleurs et des brosses ? […] puisque vous m’avez pris pour votre médecin, commencez le traitement, suivez-le avec résolution […] et quand votre guérison sera avancée, je vous dirai ce qu’il faut faire. Je vous montrerai le but supérieur de la vie, but auquel votre bonheur sera d’avoir concouru de toutes vos forces »…
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