Lot n° 455

Paul LÉAUTAUD (1872-1956). L.A.S., 11 juillet 1949, à Maurice Martin du Gard ; 2 pages et demie in-8 remplies d’une écriture serrée.{CR}Longue et intéressante lettre sur l’épuration. {CR}Martin du Gard fait partie des rares personnes qui,...

Estimation : 800 - 1000
Adjudication : Invendu
Description
aux yeux de Léautaud, « ont su vivre cette étonnante époque de guerre, et cette répugnante et méprisable autre époque de la libération, en gardant toute leur raison, la raison étant pour moi bien supérieure à tout enthousiasme, et à tout zèle, et à tout sacrifice qu’on dénomme civiques, lesquels je tiens pour les résultantes d’une formidable bêtise. La guerre, selon moi, regarde les gouvernements, les militaires et les soldats. Les guerriers clandestins ne m’inspirent aucun intérêt »... Léautaud parle de Robert Brasillach qui, à son procès, « s’est conduit fort bravement, ne reniant rien de sa conduite de journaliste. Il avait 33 ans. Condamné à mort, à cet âge, pour des articles de journaux. Évidemment, c’est un peu énorme ». Mais Léautaud se souvient de certains articles de Brasillach : « Quand on réclame ainsi la mort pour ses adversaires, il faut s’attendre que si ce sont eux qui l’emportent, ils vous rendront la pareille ». Léautaud rapporte ses propos à un membre éminent du Parti Communiste : « les résistants, les maquisards, les miliciens, je mets tout dans le même sac, et le sac à l’égout ». Il juge que « nous sommes colonisés par les Américains », et il a déclaré à Florence Gould : « Espérons qu’il y aura un jour une nouvelle Jeanne d’Arc pour vous mettre dehors ». Il a rencontré François Mauriac qui a été « d’une amabilité, d’une cordialité et en des termes qui me faisaient ne savoir où me mettre [...] il ne vous a rien dit de la réciproque que je lui ai rendue, en lui disant que je ne peux oublier l’attitude qu’il a eue au début de la libération, que je n’aime pas les justiciers, et que j’ai rompu toutes relations avec Duhamel pour cette seule et unique raison »... Léautaud va se remettre à travailler, « ce que j’ai joliment négligé tous ces derniers temps, les passant à lire, à rêvasser, à me promener dans Paris, tout cela comme un vrai vieux monsieur que je suis devenu, qui n’a plus qu’un 1/4 de la vue normale, et qui s’est laissé empoisonner l’esprit par les infamies de la prétendue justice et les dévergondages démagogiques de ce présent temps »...
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