Lot n° 403

Louis-Ferdinand CÉLINE. 6 L.A.S., signées aussi par Lucette, [Neuilly août-septembre 1951], à son ami Paul Marteau à Cannes ; 32 pages in-4, enveloppes.{CR}Lettres inédites sur son retour en France, son séjour à Neuilly et son installation...

Estimation : 4000 - 5000
Adjudication : Invendu
Description
à Meudon [les Destouches ont été accueillis et logés chez Paul Marteau, dans son hôtel particulier de Neuilly, avant de s’installer à Meudon, alors que les Marteau étaient en vacances dans leur villa de Cannes].{CR}Samedi [11 août]. Céline est affolé par les prix… « on est joliment bien dans votre Palais-férie ! Quelles nuits ! Si je n’étais pas obligé de sortir je serais parfaitement heureux ! […] Ici tout est parfait la ménagerie est calme. Tout le monde est couché à 21 heures – levé à 8 – et jamais de visites ! »…{CR}Le Lundi [13 août]. « Quelle honte ce téléphone ! Il crépite pire qu’en 1900 ! et on aurait Sydney limpide ! C’est ça la vie moderne. Pas de crapauds dans la rivière ? C’est qu’ils sont remontés à Paris ! Ils savent vivre ! Comme nous ici dans l’enchantement, chez vous. L’horreur c’est de sortir ». Il est allé avec Lucette voir « une vieille copine russe danseuse. Cette brave hystérique en vingt minutes de convulsions m’a éreinté pour huit jours – et avenue du Bois ! Elle dervichait sur le trottoir, me baisait les mains ! Raspoutine je lui faisais l’effet. Je me suis sauvé dans un taxi ! »…{CR}15 août. « On pense bien à vous et tout pénétrés de gratitude on jouit énormément de votre admirable domicile on se régale énormément à la cuisine de Madame Thérèse, délicate, variée, revigorante, que Lucette s’en porte à ravir […] c’est une félicité terrifiante – car quels lendemains tout cela nous prépare ! On a l’habitude nous de sauter aux Abimes ! […] On va finir par un petit pavillon de banlieue, pas cher mais trop cher vu laideur mais avec le jardin – qu’il faut, absolument »…{CR}Le dimanche [16 septembre]. Débuts de l’installation à Meudon… « on a été dans la cave jouer les “épurateurs”… si on va en emporter ! ». Mais il a renversé le vinaigrier au passage… « On ira demain tantôt porter tout ça à Meudon […] Demain matin Lundi vos gens vont faire les charençons. Moi qui ai la clef je suis sur la manœuvre. À peine c’est fini j’enfourne le dur – comme convenu – et le soufflant braqué j’attends les brigands ! Dormez tranquille– c’est Bessy [chienne] la traître qui ira leur filer des patins comme ça ! Y a que Bébert [chat] et moi comme durs »…{CR}Le Jeudi [20 septembre]. Sur l’installation à la “Douloureuse” (Meudon) : problèmes de citerne, de plomberie ; mais le jardinier Poncet est formidable : « Il aurait défriché Angkor en 8 jours […] je vais me trouver bon pour 30 sacs sur mon coteau […] On a fait un déménagement en camionette qui valait son pesant. J’étais dans la bouzine enfermé avec Bessy  »… Puis il parle du procès en diffamation contre Ernst Jünger, « qui se dégonfle fiasque ignoble comme tous ses pareils, mais comme j’ai été sali ça se passera pas si bénignement » ; au retour de Tixier, « y aura du sport »… Il va aller aux Domaines, « où y a parait-il les raisons qu’on m’a tout volé »…{CR}Le Samedi [22 septembre]. « Sans félonie, sans joie non plus, sans illumination, nous avons capitulé, le bidet a gagné ! » Défilé de plombiers, pour découvrir des fuites très graves… « Quant à la “Douloureuse” elle-même c’est pas à vous faire entrevoir la beauté qu’elle est parvenue, ça se raconte pas – beauté intérieure qui est à deviner du dehors – peinture, luisant, jeunesse, tout dedans ! Les peintres (3) parvenus à cette perfection sont partis. – L’électricien a fait des choses aussi »… Il rentre bredouille des Domaines : « ils disent que je suis qu’un vieux sale c. pas intéressant – que je leur dois quand même encore de l’argent – bien qu’ils m’ont déjà tout pris. Voilà comment on traite les héros. […] Oh mais je me laisse pas faire – je les menace de me réengager dans l’armée Européenne, avec ma médaille reconquise par le droit ! »…
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