ADER Nordmann. Paris. COLLECTION BRIGITTE ET ROLAND BROCA : LETTRES AUTOGRAPHES & MANUSCRITS PARTIE 2 – MARDI 18 JUIN 2024 à 14h00. Vente Salle des ventes Favart, 3, rue Favart 75002 Paris. Vous pouvez enchérir via la plateforme DROUOT LIVE (+1,8 % HT) Avec INSCRIPTION avant MARDI 18 JUIN à 12h00. Contact pour renseignement : Responsable de la vente à l’étude téléphone : Marc GUYOT – Tel : 33 (0) 1 78 91 10 11 – E-Mail : marc.guyot@ader-paris.fr

Mardi 18 juin 2024

Lot Précédent
Lot n° 396
Lot Suivant
Sélection Bibliorare

Louis-Ferdinand CÉLINE. 7 L.AS., [Korsør 1950-1951], à Janine Daragnès ; 18 pages et demie in-fol. (une lettre déchirée avec manque).{CR}Mort de Daragnès. [Daragnès meurt le 25 juillet 1950, des suites d’une opération.]{CR}Le 30...

Estimation : 2500 - 3000
Adjudication : Invendu
Description
[juillet 1950]. « Nous sommes Lucette et moi abasourdis par le coup terrible […] Oh nous avions le pressentiment d’une atroce nouvelle. Votre douleur doit être telle que mes misérables témoignages de chagrin ne peuvent que vous faire encore plus de chagrin… Cette absence abominable tout d’un coup, cette sorte de crime, impardonnable, quand il s’agit d’un être aussi extraordinairement brave et bon et doué… Son départ Madame nous rend bien plus malheureux encore. Il était dans notre abominable condition l’un des rares espoirs, notre dernière confiance »…{CR}Le 15 [août]. Visite du pasteur Löchen. Céline prie Mme Daragnès de verser sur le compte de Löchen, qui le lui remettra, le montant des sommes touchées pour lui par Daragnès. « Je suis, nous sommes couverts de dettes ! »…{CR}Le 22 [août]. Le pasteur Löchen s’est embrouillé dans ses comptes. « Total : je n’ai encore rien touché ! […] On pense à Daragnès tout le temps, à chaque heure presque. On n’arrive pas à se convaincre qu’il n’est plus… ou que nous on est là encore. […] Moi vous savez je suis l’homme des souvenirs. Je vis pas beaucoup dans le présent, surtout à présent ! »…{CR}Le 29 [août]. « J’ai toujours peur de devoir de l’argent ! C’est instinctif ! » Löchen a donc 330.000 francs ; Céline pourra ainsi effacer ses dettes. « Monnier a la copie de Scandale [aux Abysses]. Ça va. Il se débrouille à le faire imprimer en vitesse. Il faut réaliser ! avant les Événements ! Si possible ! Il fera illustrer tant bien que mal cette petite drôlerie. Daragnès n’est plus là – Alors qu’importe à présent ! Le principal est d’aller vite ! – Oh les Bourbons, qu’ils restent où ils sont ! Du diable si je vais me mêler aux Princes ! » Il n’a rien de prêt à imprimer : « Rien absolument rien et probablement jamais plus rien. Céline est finish, finibus. Il en a marre. Il est mort »...{CR}12 novembre. « Vous savez qu’on parle d’amnistie – pour bien proclamer qu’on n’en veut pas du tout ! Naud ne me donne plus aucun signe de vie. Il doit attendre l’amnistie générale (vers 1955) ou 60 ! » Visite de la jeune et charmante Gaby Paul [femme de Gen Paul]…{CR}Le 6 [février 1951 ?]. « Je vous lis et je crois vous entendre en même temps que notre Gab. Vous savez l’exil fabrique des êtres qui n’oublient plus rien, au contraire. Ils restent 20 ans facilement, cela s’est souvent observé, au même point de chagrin. Ils ne bougent plus : ce sont des photos – prises, fixées – alors pensez si notre souvenir ne quitte pas Gab ! Nous en parlons chaque jour »… Sa fille Colette [Turpin] vient d’être opérée. « Monnier fait tout son possible et très bien très adroitement et très honnêtement – finalement. Mais il faudrait que je sorte un nouveau livre. Je réfléchis… le labeur énorme d’abord… et puis réveiller tant de haines vigilantes… toute cette faribole cabotine me dégoûte tellement ! Je voudrais tellement qu’on me laisse vieillir et périr comme tout le monde ! en petit médecin de banlieue que je n’ai jamais cessé d’être »…{CR}Le 6 mai [1951]. « Votre lettre si affectueuse réveille ou plutôt avive encore le chagrin d’avoir perdu celui que vous pleurez, que nous pleurons. Dieu sait si je suis mal disposé aux phrases, moi qui suis artisan, mais je peux bien dire qu’il est présent auprès de nous toujours. C’est en grande part, très grande part, grâce à lui que ce miracle s’est accompli, hélas, lui passé… Cher Daragnès quel souci, quelle infiniment délicate et sensible œuvre il avait accompli autour de mon misérable cas. […] Nous sommes tout abasourdis encore par cette sortie cette émergence d’un cauchemar de 7 années, titubants. Et nous voilà devant un monde épileptique il semble de haines et d’autres persécutions ! »…{CR}On joint une L.A.S. à Daragnès, 20 [juillet 1950], s’inquiétant avant l’opération de son ami (3/4 page in-fol.).
Partager