Lot n° 394

Louis-Ferdinand CÉLINE. 11 L.A.S. « LF » ou « LFC », [Korsør et Copenhague mai-juin 1950], à son ami l’éditeur Jean-Gabriel Daragnès ; 24 pages in-fol.{CR}Sur la maladie, l’hospitalisation et l’opération de sa femme. [Le 16...

Estimation : 4000 - 5000
Adjudication : Invendu
Description
mai, Lucette est hospitalisée à Copenhague ; elle sera opérée d’un fibrome le 19 mai, puis le 8 juin.]{CR}Le 5 [mai]. « Voici brusquement que je suis tout à fait alarmé avec la santé de Lucette. Elle si saine, si vivante, si athlétique je lui vois du côté de la gynécologie un petit symptôme qui, en médecin, m’alarme vivement. Si dans trois jours tout n’est pas apaisé je l’enverrai par le train à Paris » pour se faire examiner par un chirurgien ami, le Dr Tailhefer. « Je veux être fixé. Tu as idée comme je suis inquiet. […] Cela me tombe comme la foudre – comme toutes les saloperies ! »…{CR}Le 6. « Nous renonçons pour le moment à Paris. Lucette a trop peur de me laisser seule ici. Elle ira donc à Copenhague lundi se faire examiner. Je la rejoindrai si une gravité se confirme »…{CR}Le 8. Lucette a un kyste à l’ovaire ; Céline habitera à Copenhague chez Mikkelsen tant qu’elle sera hospitalisée.{CR}Le 9. « On est en train de devenir recordmans de malheurs ! Ça deviendrait drôle si c’était pas Lucette ! Pauvre chose ! Enfin je vais pas la quitter d’une seconde »…{CR}Le 10. « Lucette entrera le 17 à l’Hôpital Genthof Syehus de Copenhague pour y être opérée. Nous serons en ville le 16. Je demeurerai chez Mik […] Oh tu sais on a une telle habitude de l’Horreur que c’est un acte de plus. Mais il est moche parce que c’est Lucette. J’aimerais mieux moi »…{CR}Le 11. « J’ai renoncé à la faire opérer à Paris. Tu me vois à Fresnes et elle en chirurgie. C’était folie »…{CR}Samedi [20]. « Tout va bien. Lucette a été opérée hier matin. Kyste fibreux pédiculé […] Sans gravité, pronostic très favorable. Elle sera comme avant mieux qu’avant, rien à redouter. La première bonne nouvelle que nous avons depuis 10 ans ! Quelle miraculeuse chance ! »…{CR}Le 21. « Je t’écris de l’Hôpital c’est-à-dire de la chambre de Lucette. Dieu qu’elle souffre !! Ils ont inventé à présent le système du lever post-opératoire précoce c’est-à-dire tout de suite le lendemain de l’opération. Elle parcourt déjà 100 mètres à pied avec l’infirmière. Tu sais comme elle est vaillante et peu plaignante mais Dieu c’est atroce […] Je suis un médecin de cette espèce qui endormirait bien volontiers tous les nourrissons par horreur de la souffrance qui les attend. […] Nous avons tous les trois Bébert Lucette et moi formé une sorte de “cellule” de Montmartre qui persiste, à travers horreurs sans nombre et douleurs infinies, et si variées ! »…{CR}1er juin. « Lucette va mieux. Cet avatar d’abcès sur suture créé par le lever précoce etc. a l’air d’évoluer bien. Pas de fièvre ». Il demande un peignoir de bain pour Lucette…{CR}Dimanche 11. « Ma pauvre Lucette va un peu mieux ce matin. […] Monnier est un brave ami sur lequel on peut compter je pense. Il fait merveille en somme, avec ces éléments misérables ! Quant à Frémanger c’est un sale petit coquin qui réussira bien sûr. C’est toujours facile de dépouiller les malades, d’achever les mourants. […] Oui si on s’en sort on rentrera en France ! Oh plus d’exil ! On peut plus. Vive le Père-Lachaise ! »…{CR}Vendredi [23]. « Lucette va nettement mieux. Mais ce n’est pas encore la course à pied il s’en faut. Enfin le cauchemar s’éloigne un peu. Elle sortira de l’hôpital dans une huitaine. […] Nous retournerons à Korsør dans une dizaine de jours. […] Tu parles de migraines ah la la ! Voilà 20 ans que je les cultive ! (comme ma mère). Pas grand chose à faire – sinon le repos du cerveau et fuir les assemblées bruyantes, les foules etc. les conversations nerveuses. Précisément moi c’est mon furieux tapin qui me fout de migraines atroces. Je n’avance qu’à coups de migraines. Alors tu comprends que j’aille au boulot comme une bourrique triquée – mais il le faut. Je vais m’y refoutre dès Korsør retrouvé c’est-à-dire dans une huitaine. Oh je ne suis pas prêt à livrer rien au public avant un an, et encore avec énormément de forcerie ! Je ne suis pas styliste tu sais – c’est ingrat et peu payant. À ce propos, j’ai peur avec Féerie de sauter vachement à la corde avec les mille et une oppositions amendes jugement qui m’écrasent… On verra mais je ne donnerai certainement rien sans une très forte avance. Ma vanité littéraire est absolument nulle voir mon nom dans un cancan est un supplice – alors cash ou balpeau ! »… Suivent des conseils médicaux…
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