Lot n° 388

Louis-Ferdinand CÉLINE. 7 L.A.S. « LFC » ou « LF » (une « Louis »), [Copenhague fin 1948-début 1949], à son ami l’éditeur Jean-Gabriel Daragnès ; 21 pages in-fol.{CR}Sur les réactions au Gala des vaches d’Albert...

Estimation : 2500 - 3000
Adjudication : Invendu
Description
Paraz…{CR}Lundi [fin novembre ou début décembre 1948]. Le Dr Clément Camus n’est pas si mal traité : « Paraz et vicieux, il se sert de moi pour triquer ses ennemis. C’est le jeu que tu connais bien. La craberie littéraire. Mais tu n’es pas touché. Si j’avais fait trop ton apologie je te compromettais, bêtement. Même tactique pour Scandale […] Ne pas te mouiller niaisement. […] Marie Justice est un méchant. Rien à faire. Tous ces gens sont de mauvaise foi, alors qu’espérer ? Seul un Déluge ! La clef de mon misérable sort c’est la réédition qq part… de mes livres. Monnier a l’air enthousiaste et serein. On verra. Mais j’en ai tellement vu d’enthousiastes mollir. […] Je me crève sur Féerie, mais il me faudra encore du temps, des années, si j’arrive à les vivre. Je ne tiens plus en l’air. Je suis perclu à ne pas pouvoir enfiler mon veston. […] Marie Bell menace de forcer tous les barrages et les icebergs et de venir me voir envers et contre tous mes avis »…{CR}Le 14 [décembre ?]. « Après tout peut-être que ma Défense adjointe à Foudres ne ferait pas mal. Foudres tout seul est un peu mince. […] Henri Mahé aussi est furieux, charmant planqué, antisémite fulminant (en chambre) du livre de Paraz ! »…{CR}Le 16 [décembre]. « Dr Camus a menacé Paraz d’aller le pourfendre dans son sana, et puis il y a renoncé. Comédie ! Il ne menace pas d’aller pourfendre Sartre qui me dénonce comme agent salarié de la Gestapo depuis 4 ans ! M. Lecache qui demande ma tête depuis 10 ans ni les inquisiteurs, la Liste noire, la vieille fable, éternelle hélas ! Bien rares sont ceux qui ne sont pas, rarissimes, au fond, du côté du loup ! Toi et de trois autres, en tout ! Et que de comédies, simagrées, époustoufleries, pour ne pas avouer cette vieille vérité, si simple ! Ah que Popol aurait été délivré d’un gros poids si l’on nous avait pendu, moi et Le Vigan ! »…{CR}Le 3 [janvier 1949]. Remerciements pour la soirée que Daragnès a passée avec Fritch [Hartvig Frisch], ministre danois de l’Instruction publique : « il s’agissait de séduire Fritch de l’amener à défendre ma cause ici, car social-démocrate sectaire d’un philosémite acharné (because situaaation) il était moins que chaud… » ; c’est un spécialiste de Thucydide… Quant à la lettre À l’agité du bocal, « fais la paraître – si tu l’entends ainsi. Elle est à toi. Et les ballets itou. […] Question rédiger une autre défense. J’attends la condamnation. C’est tellement chiant ces polémiques avec ses canailles. Que cela m’embête ! […] J’ai déjà tant de mal à poursuivre Féerie – m’occuper encore de ces cons ! Quelle sale corvée ! »… Il évoque la « très gentille Arletty »…{CR}Le 28 [janvier]. « Que fais-tu de Scandale ? Si Frémanger se comporte convenablement on pourrait peut-être lui passer ? Il doit déjà m’éditer Casse-Pipe mais il faut qu’il se grouille »… Il hésite à partir pour l’Espagne : « ça sent un peu le Sigmaringen outre-monts ! On n’y tend déjà beaucoup son croupion vers le prochain monarque ! »…{CR}Le 5 [février]. « Évidemment c’est canailles et Cie. Ils voleront tout. Une petite confiance à Frémanger, mais je lui indique d’avoir à passer un peu à la caisse »…{CR}Le 15 [février]. Il demande des exemplaires de Foudres et flèches « pour des ploucs d’ici ». Rien ne change en France : « Il faut que la secousse vienne du dehors. Alors c’est l’écroulement et l’échappée, la curée de toute la vermine ! »…
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