Lot n° 382

Louis-Ferdinand CÉLINE. 4 L.A.S. « LFC », « LouisF » et « Louis », [Copenhague mars-avril 1948], à son ami l’éditeur Jean-Gabriel Daragnès ; 5 pages in-4, et 4, 6 et3 pages in-fol.{CR}Sur ses éditeurs, notamment sa haine contre...

Estimation : 1800 - 2000
Adjudication : Invendu
Description
Mme Voilier (Denoël), et au sujet du pamphlet contre Sartre, À l’agité du bocal.{CR}Le 22 [mars]. Daragnès doit venir voir Céline au Danemark. Quant à l’éditeur Sorlot, « il payera aussi peu et aussi tard que possible... peut-être pas du tout – mais ça ne fait rien – c’est excellent quand même – ça encouragera les éditeurs sérieux ». Céline ne veut pas corriger les épreuves, et laisse ce soin à Marie Canavaggia. Quant au contrat, « c’est une rigolade [...] Je n’ai plus de personnalité civile en France. On peut me faucher tout ce qu’on veut ! La preuve ! milles preuves ! Et les contributions m’attendent avec 600.000 francs de saisies dues à Pétain ! ». Il faudrait téléphoner à Fasquelle, qui avait proposé de l’argent en Suisse : « mais j’ai très dignement refusé. Je ne veux toucher d’argent que s’il tire mes ours. Pas de pourliches. En principe il devait me monter une maison fictive en Suisse à mon nom. La mère Voiliers m’aurait fait des procès là-bas ! Il n’y a plus de Denoël c’est un gang – et sans doute d’assassins ». Puis Céline parle de son ami Dedichen et de son avocat Mikkelsen. Il quittera bientôt Copenhague pour la campagne : « Tu sais combien je l’adore ! Enfin n’est-ce pas tout est mieux que Fresnes et son équivalent danois ! » Il évoque enfin ses anciens amis montmartrois « Popol » [Gen Paul] et « Antonio » [Zuloaga] : « il n’ecrit plus un mot [...] Il faudrait retirer à 200 000 pour qu’il se réveille. Ah chers snobs ! »{CR}Mercredi [fin mars]. Pour Sorlot, qui « doit être en train de se faire épurer », il faut attendre : « S’il a le flouze le 15 », Geoffroy le transformera en objet. Que Daragnès apporte du thé : « Lucette a été si malade que j’ai dû lui supprimer le café. La pauvre petite traîne à présent, ne reprend pas son entrain, sa gaieté – cela m’afflige. L’épreuve a été trop longue, trop dure, trop de tristesse, trop d’angoisse, trop d’horreur. […] Surtout son petit monde de la danse qui lui manque. Cette vie de chiens pourris cette perpétuelle humiliation userait du granit. Moi encore j’ai la haine, mais elle en est bien incapable ». Après une allusion au scandale qui frappe le père de l’ambassadeur Charbonnières, il parle du pamphlet À l’agité du bocal : « La lettre pour Sartre à ne pas publier – privée. Je suis toujours prisonnier sur parole. Je ne peux me payer le luxe de provoquer l’éminent patriote Sartre. Il y aurait scandale, indignation, bascule. – Tant que j’aurai le mandat au cul, toute révolte me retomberait en menottes… c’est le mandat qu’il faut faire lever »..{CR}Le 18 [avril]. Après la visite de Daragnès, il évoque le projet d’édition de ses œuvres par Maurice d’Arquian : « certes j’aimerais 1000 fois mieux m’arranger avec D’Arquian qu’avec Voiliers – vieille pétasse menteuse bluffeuse idiote au fond, qui n’a rien compris du tout. Quant à la solliciter, maquerelle morpionne comme elle est… elle y verra tout de suite une occasion de me morpionner davantage. J’ai rompu avec sa turne –c’est tout. Je ne sais de quel bidet elle me tombe ! Contrat ? La belle histoire ! le beau brelet ! Elle peut s’en bien torcher ! Il est nul – et rompu au surplus pour cent raisons […] Voiliers ne tient que par sursis. Sa boîte en jugement est évaporée – ipso facto. Ses dites actions de perlimpinpin, ses contrats de papier chiot. Au surplus ils se sont tenus ignoblement à mon égard. J’ai fait cette turne. Cette grognasse m’écœure. Lâche, fourbe, bête, et maquerelle sans finesse et pire que tout ! fauchée. Un éditeur d’abord, primo, avant tout c’est un banquier. […] Elle comptait sur mon contrat, mon commerce, pour me vendre à une autre maison. […] Elle était pas née la souris que j’avais déjà des gagneuses et tant et plus ! Poëte je dis ! J’aime mieux traiter avec un homme comme d’Arquian qu’avec une fausse maxi paumée conne pareille. J’aime mieux crever pour tout te dire que d’être fait par une damoiselle, même à gode ! » Quant à la lettre à Sartre [À l’agité du bocal], « tant pis qu’elle circule ! Tant mieux. Il ne me fera pas extrader, ni Charbonnières. Ils ont rêvé, tant pis. Ils l’ont dans le cul comme Voiliers »...{CR}Le 29 [avril]. Il donne l’adresse d’Arletty au Plaza Athénée. Tout irait avec d’Arquian, s’il n’y avait pas la Voilier : « elle compte précisément payer son amende avec le retirage du Voyage ! Cette bonne blague ! Et moi je saute à la corde. […] Alors foutre je voudrais lui interdire de tirer. Tout net. […] Qu’elle se trouve au moins forcée de me faire un autre contrat avec flouze d’abord »…
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