Lot n° 381

Louis-Ferdinand CÉLINE. 3 L.A.S. « LFerd », « LF » et « Louis », [Copenhague] février [1948], à son ami l’éditeur Jean-Gabriel Daragnès ; 5 et 4 pages in-fol., et 4 pages in-4.{CR}Sur les accusations portées contre lui, son...

Estimation : 1200 - 1500
Adjudication : 1 560 €
Description
défenseur américain Milton Hindus, ses éditeurs…{CR}6 février. « Il paraît que Sorlot est passé par l’Épuration ? Et les Denoël ? Canavaggia ne me tient plus au courant de rien. Elle déconne. Il lui faudrait la bite au cul […] le but c’est que Sorlot refile le pèze de mes droits s’il y en a à Geoffroy […] un très brave ami ». Puis il parle de Milton Hindus « mon juif pote professeur de Chicago [qui] me défend à fond aux USA, en conférences, articles etc. » On va protester, exhiber son « Dossier », où il n’y a que deux accusations : « 1° En 1943, j’ai demandé à être naturalisé allemand ! Cette naturalisation m’a été refusée ! (Pourquoi mon dieu ?) 2° J’ai remplacé Menetrel comme médecin auprès de Pétain. Inutile de te dire que je n’ai jamais remplacé Menetrel (qui était d’ailleurs agent de l’Int. Service) et que je n’ai jamais vu Pétain ni à Sigmaringen ni ailleurs. Il vivait en reclus, complètement isolé de nous, dans un étage du château – nous on vivait en ville dans des chiots. Et puis j’aurais soigné Pétain ? Quel crime ? Suis-je médecin ou astronome ? Enfin tu vois on se caille pas pour me trouver des crimes ! On y va gaillardement ! N’importe quoi »… Il promet un grand scandale : « En a-t-on assez parlé du Bordereau Dreyfus – de l’Innocence Dreyfus ! Des faux en écriture et patata… Alors ! Ça recommence »… Il promet un grand scandale en Amérique…{CR}17 février. Il se plaint des éditeurs, des faux amis… « Je vais passer un bout de Casse-Pipe aux Cahiers de la Pléiade chez Paulhan. Je lui en fais don […] Pas de nouvelles de Naud = 0. Y a pour 20 ans d’épuration. Je ne crois pas qu’il faille encore et de loin songer à la publication de ma défense ! Toute cette défense rabâche toutes les mêmes choses ou à peu près. Je ne suis pas coupable etc. c’est que l’on s’en fout bien ! Cela n’intéresse plus personne ! […] Je crois tant qu’à faire qu’il faut plutôt jouer les clowns… tachez de faire rire, laisser le cannibale tranquille »… La lettre est cosignée par Lucette.{CR}21 février. Son ami le bijoutier Georges Geoffroy « réalise en ce moment avec mon oncle Louis tout ce qu’on peut réaliser de bribes de mon maigre héritage. Mon plan est de lui faire acheter avec la somme deux montres qu’il me portera ici », et de convertir aussi ce qu’il touchera de Sorlot pour l’édition de Foudres et Flèches. Ces montres seront faciles à négocier « aux rivages où nous porteront de nouvelles tempêtes. Tu as raison il faut tâter l’opinion, le poil des chacals… ça rit des chacals… c’est ma seule chance ! […] Sorlot à surveiller – qu’il douille au plus tôt – et puis qu’il évite les tracasseries de la Voilier – qui va fumer tu penses ! Mais elle est incapable de m’éditer alors ?? »
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