Lot n° 368

Louis-Ferdinand CÉLINE. Manuscrit autographe signé « LF Céline », [Acte de foi, février 1941] ; 19 feuillets in-4.{CR}Manuscrit de travail de cette lettre ouverte à Alphonse de Châteaubriant, parue sous forme d’article dans...

Estimation : 4000 - 5000
Adjudication : Invendu
Description
l’hebdomadaire collaborationniste La Gerbe.{CR}En janvier 1941, Céline avait reçu la visite d’Eitel Friedrich Moellhausen, diplomate allemand, qui lui demande un article pour La Gerbe ; Céline refuse d’abord, puis accepte d’écrire une lettre ouverte à Alphonse de Châteaubriant (1877-1951), fervent apôtre, avant-guerre, du rapprochement franco-allemand, puis de la collaboration, fondateur et rédacteur de La Gerbe, dont il sera peu après écarté par Moellhausen. Or la lettre de Céline fut publiée sous forme d’article, avec un titre « Acte de foi » (certes tiré du texte), et quelques modifications (dont édulcoration des grossièretés, suppression de certains noms propres), ce qui provoqua la colère de Céline, qui renvoya à Moellhausen son chèque, avec une lettre d’injure. Toujours antisémite, Céline se montre ici fort critique à l’égard de la Révolution nationale et des acrobates de la Collaboration.{CR}Le manuscrit de cette lettre ouverte est abondamment raturé et corrigé. Il est paginé de 1 à 13, mais avec 5 feuillets bis ajoutés (1, 2, 3, 7, 11). D’importants passages ont été biffés, et 8 feuillets portent au dos une première rédaction biffée. Le texte est bien rédigé comme une lettre, avec une formule d’adresse au destinataire en tête et en fin. {CR}« Mon cher Chateaubriant. / L’article n’est point mon fort. La Politique non plus d’ailleurs. Il y faut un tour que je ne possède pas »…{CR}Céline évoque une petite fille qui faisait des songes « après » des faits déjà survenus : elle « ne se trompait jamais de songes. Ce qui est drôle chez une petite fille de sept ans est encore plus drôle chez un auteur de quarante ans, seulement d’une autre façon. Je me réfère à tous ces livres, à tous ces articles, plaidoyers, mouvements, témoignages et leurs auteurs, qui paraissent, s’agitent, en nos zones [accablées biffé] sub-maudites, depuis juin. L’œuvre des “songeurs-après”. » {CR}Et Céline de railler le livre Après la défaite [de Bertrand de Jouvenel] : « Les œuvres des “songeurs après” sont toutes strictement réversibles. Elles ont ce caractère commun, et puis ne parlent jamais des juifs. Elles réservent l’avenir. […] Cent mille fois hurlés “Vive Pétain” ne valent pas un petit [“mort aux juifs” biffé 2 fois] “vive les youtres !” dans la pratique. Un peu de courage bordel Dieu ! […] Rapetisser, édulcorer les cyclones à la mesure “[petit biffé] menu-jean-foutre”, mesure française, c’est le but sournois. Voyez cher Chateaubriant, que nous sommes vraiment loin de compte. […] Il y a de tout dans vos journaux ! et re-de-tout pour ainsi dire ! Crypto, para, microni youtres ! On ne sait jamais avec ça qui va bien vous écrire dans le dos ! […] Et qu’est-ce que nouveau parti ? supernational, poustouflant ? Pantoufles ? […] C’est ça votre Révolution ? Mordons la nous ! Aux fous ! […] Qui se touche, ne se finit pas, s’énerve aux jeux insipides, fait bientôt sous lui… Nous y sommes. / Ah ! quand je vois ces gros Soviets comme ils ont bien vite “rapproché” de la gentille Lithuanie. Ah ! que ça n’a pas traîné, pas fait un pli ! pas un ouf ! Ah ! je demeure tout ébaubi, pensif, ravi, aterré. […] Il est un décret de nature que les fourmis toujours, toujours, mangeront les [limaces chenilles biffé] larves. / Charles Dieudonné, suisse parfait teint, délivre à M. Guitry des très hauts brevets de francisme. Il nous semonce de battre coulpe ! […] Je voudrais que M. Guitry nous dise un peu tout ce qu’il pense de la question juive ! et nous serons heureux ! jubilants ! »…{CR}Et Céline de conclure : « Compromettons-nous ! En toute liberté bien sûr, spontanément, au pied du mur. Sans aucune pression. Et l’on saurait à qui l’on cause, enfin ! Acte de baptême n’est point tout ! Acte de foi, net, par écrit. / Les juifs sont-ils responsables de la guerre ou non ? Répondez-nous donc noir sur blanc, chers écrivains acrobates. Ne vous touchez plus ! Qui vive ? Qui vive ? / Bien amicalement cher ami, et tout désolé, vraiment sur cette terre où rien ne pousse, décidément [, pas même un petit oui bien ferme biffé]. / LF Céline ».{CR}On joint un exemplaire du numéro de La Gerbe, où a paru l’article.{CR}Lettres (Pléiade), 41-6 (texte de l’article).
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