Lot n° 172

Charles BAUDELAIRE (1821-1867). L.A.S. « Charles », 7 novembre 1837, à sa mère Mme Aupick ; 2 pages in-8, adresse.{CR}Lettre de jeunesse à sa mère. [Baudelaire est alors pensionnaire au collège Louis-le-Grand.]{CR}« Maman, Je t’ai...

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : 2 730 €
Description
écrit hier au soir des merveilles. Eh bien tout a changé. Ce matin on m’a empêché de me lever avant que le chirurgien fût venu. Enfin il est venu ; j’espérais que ce serait pour me délivrer ; pas du tout. Le médecin et lui ont trouvé qu’il avait été absurde de me laisser revenir au collège ; que j’étais dans un état pitoyable, qu’il fallait me défendre d’aller en classe et de travailler. Tout ce que j’ai pu obtenir a été de composer aujourd’hui ; mais me voila au lit, et dieu sait jusques à quand. Ces deux vieux imbécilles ont trouvé que j’avais au genou une hydropisie aqueuse, et pour cela, il s’agit de compresses humectées d’eau minérale ; que sais-je, moi ! me voilà de nouveau au lit, emprisonné, à la merci de deux bourreaux que je voudrais étrangler. De ma cellule, je vois un beau ciel, des rayons de soleil. Eh bien, tout cela, on me l’a ôté, il faut encore s’ennuyer, languir, perdre son temps ; et tout cela, parce qu’on voit une hydropisie, que je n’ai probablement pas. M. Choquet ne l’a pas vue cette hydropisie. En vérité, la faculté est bien d’accord avec elle-même. Je t’en prie, viens me voir, à quelqu’heure que tu voudras ; mais évite midi ½ pour n’être pas obligée de traverser la cour pendant la récréation, tu risquerais d’être renversée. Tu viendrais me trouver à l’infirmerie, car je suis dans mon lit. Figure-toi que je viens d’apprendre que malgré ma prétendue hydropisie, on n’a commandé pour moi aucun traitement : j’en guérirai peut-être mieux ; adieu aies pitié de moi ».{CR}Correspondance (Pléiade), t. I, p. 46.
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